Naturalisé en 2008, Khassanbek Tourchaev a vu sa nationalité française lui être retirée par un décret publié ce mercredi 3 janvier au Journal officiel. Accusé d’avoir été "émir" d’un groupe djihadiste, cet Alsacien d'origine tchétchène avait été condamné à une peine de dix ans de prison en 2019.
Âgé de 53 ans, Khassanbek Tourchaev a été déchu de la nationalité ce mercredi 3 janvier 2024. Né à Grozny en Tchétchénie (Russie), l'homme avait fui la guerre en 2002 pour s'établir en France, à Lingolsheim (Bas-Rhin) près de Strasbourg et y demander l'asile. Il avait obtenu la nationalité en 2008.
Accusé d'avoir été "émir" pour un groupe djihadiste en Syrie, il avait été jugé et condamné en 2019 à une peine de 10 ans de prison assortie de la sûreté aux deux tiers, par la cour d'assises spéciale de Paris.
Au moment de son procès, Khassanbek Tourchaev avait reconnu s'être rendu durant trois mois en Syrie, entre 2013 et 2014. Il avait cependant nié tout objectif de guerre, indiquant vouloir rejoindre ses frères sur place. Il était accusé d'avoir participé à des combats et d'avoir assuré une formation sur les explosifs à d'autres combattants.
Une étape avant l'expulsion du territoire
Le décret paru dans le Journal officiel estime que tant face "à la nature et à la gravité des faits commis qu’au comportement ultérieur de M.Tourchaev, la sanction de déchéance de la nationalité française présente un caractère adapté".
La mesure prend effet jeudi 4 janvier et devrait être complétée par une obligation de quitter le territoire (OQTF). En attendant, le natif de Grozny fera l'objet d'une vigilance particulière, lui qui était sorti de prison le 21 octobre 2023.
D'après des chiffres officiels, plus d'une vingtaine de déchéances de nationalité ont été prononcées entre 2019 et 2023 pour terrorisme. Dans la plupart des cas, elle est décidée en cas d'atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation. En France, seuls les binationaux peuvent écoper de cette sentence.
Un parcours trouble entre la Syrie et la France
Lors de son procès en 2019, Khassanbek Tourchaev avait expliqué que la Syrie était "un sujet clos" pour lui et qu'il était désormais "sur la voie d'Allah"."La prison a changé beaucoup de choses en moi. Ce dont j'ai besoin, c'est ma famille", avait-il ajouté. En situation de polygamie, l'homme est père de cinq enfants vivant en Alsace. Il se décrit lui-même comme salafiste.
Dès 2005, et alors qu'il résidait sur le sol français, Khassanbek Tourchaev avait fait l'objet d'une surveillance particulière de la part des services de renseignement en raison de son extrémisme religieux. Lors d'un premier passage en Syrie en 2013, il avait reçu le surnom de "sniper de Daesh" en raison de son attrait pour les armes à feu et de sa formation de tireur d'élite.
De retour en Alsace, il est soupçonné d’inciter des volontaires au départ en zone irako-syrienne. Il y retourne quelques semaines plus tard avant de se faire arrêter en 2015 en Moldavie dans le cadre d'une enquête sur des individus en lien avec l'État islamique.