Environnement : des broyeuses de bouteilles en plastique arrivent dans huit supermarchés français, dont un à Obernai.

Un système de consigne et de recyclage à la fois, c'est l'idée développée par une start-up française. Leur "b:bot", conçue et fabriquée en Normandie arrive dans les supermarchés français. L'une de ces machines qui transforment les bouteilles en plastique en paillettes, est installée dans une grande-surface à Obernai, dans le Bas-Rhin.

En France, où chaque habitant produit près de 600 kg de déchets ménagers et assimilés par an, 20% sont des papiers-cartons, 12% des plastiques, 12% du verre, selon l'Ademe, l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie. Parmi les plastiques, les bouteilles y sont pour une grande part. 

Interpelée par la quantité de bouteilles en plastiques sur le marché et la demande croissante des industriels, en recherche de plastique recyclé, une start-up française a eu l'idée de créer une machine, broyeuse de bouteilles en plastique.

Benoit Paget, est l'un des trois co-fondateurs et président de GreenBig. "On a eu l'idée de cette machine-broyeuse de bouteilles en plastique en 2017. On a compris que 17 milliards de bouteilles PET dans le monde c'est énorme, que nos poubelles débordent, et que les industriels manquent de plastique recyclé."

Conception et production en Normandie

La star-t up a ses bureaux de recherches et développement à Caen, ses ateliers de production à Dieppe, dans l'usine Toshiba et, depuis peu, un bureau à Paris. Début janvier, huit machines à recycler les bouteilles en plastique, ont été installées en Bretagne, Centre-Val de Loire, Grand Est, Hauts-de-France, Normandie et Pays de la Loire. 

"Les installer directement dans les supermarchés était pour nous indispensable, afin de sensibiliser le grand public au fait que chacun peut faire un geste pour la planète tout en allant faire ses courses."

Le principe est simple: le client dépose ses bouteilles dans la machine, qui les broie (jusqu'à 3000 bouteilles broyées, sur une surface de 1 mètre carré au sol) et lui délivre un bon d'achat de quelques centimes. Le client peut, soit l'utiliser dans le magasin ou laisser la somme pour l'association de défense de l'environnement, l'association Océans sans plastiques.

Transformer un déchet en ressource

Pour les directeurs de grandes surfaces, qui vendent la majorité des bouteilles en plastiques, c'est un geste pour l'environnement qui permet en même temps de fidéliser les clients. Le coût de location de la b:bot revient à 600 euros par mois, et la revente des paillettes paie une partie de cette location. "Pour nous ce n'est pas un moyen de gagner de l'argent " explique le dirigeant du centre Leclerc d'Obernai, "il y a la location à payer, il faut vider la machine une à deux fois par jour, stocker les paillettes et les acheminer vers la centrale, à Colmar, mais cela fait partie de notre politique générale de recyclage et c'est un service au client." 

Désormais les camions qui viennent livrer la marchandise en provenance de la centrale d'approvisionnement de l'enseigne repartent, non plus à vide, mais chargés de paillettes de plastique. De là, c'est l'entreprise GreenBig qui prend le relai pour livrer les paillettes au recycleur, basé à Verdun. Les paillettes récoltées serviront à fabriquer de nouvelles bouteilles.

Les huit machines installées pour l'heure sur tout le territoire ne solutionneront pas le problème des 17 milliards de bouteilles en PET produites chaque année, mais la démarche permet déjà d'utiliser un peu moins de pétrole et de plastique fabriqué spécialement à neuf, pour les bouteilles de nos eaux et sodas.

Le meilleur déchet est celui qui n'existe pas

Aux yeux de Carole Bridault, membre et chargée de missions de l'association Zéro déchet Strasbourg, "Le meilleur déchet est celui qui n'existe pas. Le tri n'est pas encore bien maîtrisé par tout le monde, et une telle machine risque de brouiller le message des bouteilles à déposer dans les poubelles jaunes."

Selon elle, la consigne du plastique peut être un encouragement pour continuer à utiliser du plastique et dissuader le consommateur de se tourner plutôt vers le verre et sa consigne. 

"Evidemment, recycler le plastique, c'est mieux que de le jeter dans la nature, mais malheureusement, actuellement il faut encore de la matière vierge pour faire une bouteille en plastique recyclé" souligne Carole Bridault. Selon elle, il faut donc recycler, mais pas continuer à créer du "nouveau" plastique.  

La chargée de mission du groupe local de zerowaste France a conscience de la difficulté pour les consommateurs : les bouteilles en verre sont plus lourdes à transporter, les points de lavages manquent encore et "la loi climat ne met pas assez en avant la consigne du verre." Et de préciser que "oui, il faut encore beaucoup insister sur la question du recyclage, car à peine une bouteille sur deux est recyclée."

Pour le patron de Greenbig, le meilleur déchet est aussi celui qui n'existe pas, mais il faut tout de même s'occuper de ceux qui existent. L'idée est de transformer le déchet en matière première, en ressource. L'essentiel restant bien sûr toujours de réduire les déchets à la source.

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