Fermeture de Fessenheim : le décret paru au Journal officiel

Chose promise, chose due : le décret autorisant la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, promesse phare de François Hollande, a été publié dimanche, au grand dam tant des anti-nucléaires que des syndicats d'EDF, qui dénoncent un "enfumage" et promettent des recours.

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Moins d'un mois avant la fin du quinquennat, le gouvernement pourra donc se targuer d'avoir honoré in extremis un engagement majeur du président en actant le principe de la fermeture de la doyenne du parc nucléaire français.

C'est la ministre de l'envionnement, de l'énergie et de la mer, chargée des relations internationales sur le climat,
qui a annoncé elle-même l'information sur Twitter, ajoutant dans un communiqué que cette fermeture n'entraînerait "aucune suppression d'emplois par EDF car un vaste chantier industriel de démantèlement va pouvoir démarrer".

La ministre de l'Ecologie et de l'Energie Ségolène Royal avait assuré vendredi que ce décret serait pris d'ici la fin du mandat de François Hollande et qualifié le processus d'"irréversible".

"L'autorisation d'exploiter la centrale nucléaire de Fessenheim (...) est abrogée", prévoit l'article 1 du texte, mais le décret stipule que cette autorisation sera abrogée "à compter de la date de mise en service de l'EPR de Flamanville", censée intervenir au plus tôt en 2019.

Cette publication au JO, qui intervient trois jours après la réunion du Conseil d’administration d’EDF qui a repoussé la fermeture de la centrale, a aussitôt déclenché un flot de réactions.


Les réactions des politiques


"Le chant du cygne de François Hollande sur le dos de l'Alsace", réagit Eric Straumann, président du Conseil départemental du Haut-Rhin.

"La publication de ce décret ne repose sur aucun fondement juridique... Le Conseil départemental du Haut-Rhin se joindra aux côtés de la commune de Fessenheim pour engager tous les recours possibles et faire que le devenir de Fessenheim s’inscrive dans une démarche concertée et respectueuse de la Loi".


"La Ministre de l'Ecologie tente un passage en force qui s'apparente à un fait du prince "royal" sans valeur sauf celle du dogmatisme", dénonce Jean Rottner, maire (LR) de Mulhouse.

"C'est une décision responsable, je la confirmerai si je suis élu" président de la République, a salué Emmanuel Macron, le candidat d'En Marche!, sur France 3.

Marine Le Pen, la candidate du Front national, a au contraire indiqué au "Grand Jury" LCI-RTL-Le Figaro que si elle devenait présidente, elle annulerait le décret, qui relève selon elle d'une "décision idéologique" et "prise sous la pression des Verts".


Réaction de l'association Fessenheim, notre énergie


"Les administrateurs n'ont pas demandé l'arrêt, ils ont dit qu'ils enverraient cette demande d'abrogation 6 mois avant la mise en route de Flamanville", abonde Annick Waller, porte-parole de l'association pro-centrale "Fessenheim notre Energie".


Les réactions syndicales


Des syndicats d'EDF ont dénoncé pour leur part une opération de communication, préjudiciable aux 2.000 emplois directs et indirects liés à la centrale alsacienne.

"C'est un enfumage complet de la part de Ségolène Royal", a réagi auprès de l'AFP Marie-Claire Cailletaud, porte-parole de la Fédération Mines Energie de la CGT, y voyant une simple "opération de com'".


La CGT de Fessenheim fustige en outre une "ultime provocation" sous la forme d'un "décret inutile" qui ne fait qu'entériner les décisions prises par le conseil d'administration d'EDF le 6 avril et ne contient "aucune réelle
décision".

Même son de cloche du côté du secrétaire général du syndicat CFE Energies d'EDF, William Viry-Allermoz, qui dénonce "de la précipitation purement électoraliste" et juge que "la ministre a touché le fond de la cuve".

Le décret stipule que la fermeture effective de la centrale de Fessenheim, située dans le Haut-Rhin, n'interviendra qu'à compter de la mise en service de l'EPR de Flamanville, en cours de construction dans la Manche. Il lie en outre la fermeture à la nécessité de respecter le plafonnement de la capacité du parc de réacteurs nucléaires d'EDF à son niveau actuel de 63,2 gigawatts, fixé par la loi sur la transition énergétique.


Les réactions des anti-nucléaires


Jean-Marie Brom, de l'association Halte au Nucléaire se dit "ni scandalisé, ni surpris, mais dégoûté... au bal des faux-culs, EDF joue la même partition", ajoute le scientifique strasbourgeois.

"L'enfumage continue", a commenté à son tour Martial Château, du réseau d'opposants à l'atome Sortir du nucléaire, considérant que le fait de lier la fermeture de Fessenheim non seulement au démarrage de l'EPR, mais aussi au plafonnement du parc nucléaire, permettra à EDF de remettre en cause "sans difficulté" cette fermeture. 

Par ailleurs, certains syndicats et associations remettent en cause le fondement juridique même du décret, arguant que le gouvernement n'a pas attendu la demande officielle d'abrogation, qui doit normalement lui être transmise par EDF dans les six mois précédant la mise en service de l'EPR de Flamanville, en vertu du délai obtenu jeudi par l'énergéticien.

Le décret n'est "absolument pas légitime" en l'absence de "demande formelle d'abrogation" émanant d'EDF, juge M. Viry-Allermoz.
Après la parution du décret de fermeture de la centrale au JO ©France 3 Alsace



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