Fête des mares : pourquoi il faut préserver et même recréer ces points d'eau riches en biodiversité

Ce samedi 28 mai démarre la 7ème édition de la Fête des mares. Une initiative de la Société nationale de la protection de la nature, pour rappeler combien ces zones humides sont utiles et fragiles à la fois. Un naturaliste alsacien nous explique les trésors qu’elles cachent et les bienfaits qu’elles représentent.

A quoi servent les mares, pourquoi faut-il les préserver et même en recréer ? Partout en France, les Conservatoires d’espaces naturels se donnent neuf jours (du 28 mai au 5 juin 2022 ) pour l’expliquer au public et le sensibiliser à la question de ces espaces, qui font partie des zones humides.

Patrick Foltzer est naturaliste et président d’honneur du Conservatoire d’espaces naturels d’Alsace. "Les mares sont des points d’eau de surface limitée. Qu’elles soient temporaires ou permanentes, elles offrent toutes un espace de vie à la biodiversité." explique le spécialiste qui préserve et recrée des mares depuis quarante ans.

Il existe deux grands types de mares. Les temporaires et les permanentes. Les temporaires n'existent que pendant certaines périodes de l'année et s'assèchent par évaporation ou par tarissement des sources ou abaissement des nappes phréatiques. Elles se forment principalement après des pluies sur des sols imperméables ou par écoulement d'eau dans des cuvettes, mais aussi à partir de résurgences liées au gonflement des sources et des nappes phréatiques. Les mares permanentes, sont alimentées en continu et ne s'assèchent jamais. Les deux types de mares sont source de vie pour une multitude d'espèces. 

Des zones humides indispensables

"Les deux grands types de mares sont très importants, mais ont un fonctionnement écologique très différent" précise Patrick Foltzer. "Celle qui s'assèche une partie de l'année est aussi importante que celle qui reste toujours en eau. Son assèchement ponctuel peut même être une question de survie pour certaines espèces. En effet, une eau permanente va conduire à un moment donné à la présence de poissons. Or les poissons vont se nourrir des espèces présentes. Une mare qui s'assèche de temps en temps évitera cela."

Une mare seule au milieu d'un champ de maïs ne va pas suffire selon le naturaliste,  mais les mettre en réseau peut avoir un intérêt majeur. Ce sont des lieux de vie et de reproduction pour la faune et la flore.

L'avantage des petites mares, est qu'elles deviennent rapidement un écosystème riche. Les premiers à arriver sont les insectes aquatiques (il en existent des milliers qui vivent dans la vase), ils constituent la base de la chaine alimentaire. Ils fournissent la nourriture aux batraciens et aux oiseaux, puis aux mammifères, avec tout particulièrement les chauve-souris qui viennent se nourrir au moment de la métamorphose des larves.

La biodiversité se développe vite dans ces micro-habitats 

"On peut développer ces petits espaces facilement en pleine nature, en forêt ou dans un jardin, avec un temps de réponse quasi immédiat. Avec quelques limites" prévient le naturaliste, "dans les jardins, il arrive que les voisins se plaignent du chant des grenouilles." Les grenouilles sont en effet capables de trouver d'instinct les mares nouvellement créées. Comme les salamandres et les tritons elles ne viennent à l'eau que pour se reproduire, d'où leurs migrations et, par endroit, en l'absence de crapauducs (passages aménagés pour assurer leur survie) une mortalité élevée.

"Les mares se développent rapidement, mais elles sont fragiles." prévient Patrick Foltzer. "Il ne faut pas laisser s'y baigner son chien ou son cheval, ni en faire une fosse septique en y déversant des eaux usées par exemple."

Les plantes des mares sont elle-aussi des espèces spécifiques. De nombreuses lentilles d'eau servent de nourriture aux habitants et visiteurs de la mare. En fonction du type de lentilles, des autres plantes et insectes présents, les spécialistes peuvent déterminer la qualité de l'eau d'une mare. 

Dans les grandes mares, des roseaux servent d'habitat aux oiseaux. Les rousseroles font leur nid dans ces roselières, les tritons enveloppent leurs oeufs dans les feuilles des plantes aquatiques. On y trouve des aulnes et des saules. Lors d'épisodes de canicule, les grandes mares offrent des îlots de fraîcheur, deviennent des zones de refuge et de préservation de la biodiversité. 

90% des mares ont disparu au siècle dernier

Les zones humides, et tout ce qui était point d'eau en général, a été asséché et nivelé dans les dernières décennies, pour en faire des zones agricoles. La disparition de ces petits et grands espaces aquatiques constitue un des problèmes majeurs pour la biodiversité. Aujourd'hui on sait qu'il faut tout faire pour préserver et recréer des mares. "Mais il ne faut pas pour autant faire n'importe quoi." prévient celui qui a oeuvré au Conseil national pour la protection de la nature pendant 25 ans. 

Cette 7e édition “Les mares alliées du Vivant”, est justement l'occasion pour se renseigner sur l'utilité des mares et leur fonctionnement. Vous avez neuf jours, à partir de ce samedi 28 mai et jusqu'au 5 juin, pour poser toutes vos questions aux animateurs et spécialistes qui participent à la fête des mares. Et pourquoi pas de contribuer à leur protection lors d'ateliers et chantiers nature. 

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