530.000 personnes âgées sont en situation de mort sociale en France. Un isolement en hausse constante et la Covid n'a rien arrangé constate les Petits frères des pauvres. 70% des 60 ans et plus du Grand Est associent leur solitude à la crise sanitaire.
Les chiffres sont alarmants et c'est un rapport commandé par l'association des Petits frères des pauvres qui les révèlent. Selon le rapport, 530.000 personnes âgées sont en situation de mort sociale en France, c’est-à-dire quasiment sans contact avec les différents cercles de sociabilité (cercle familial, amical, voisinage et réseaux associatifs). C’est l’équivalent de la ville de Lyon précise l'association. En 2017, elles étaient 300.000, soit une augmentation de 77 %. Et le Grand Est n'échappe pas cette amère réalité. 1.500 personnes de 60 ans et plus ont été questionnées.
"On est seul. On est toujours seul" raconte Abdel M. dans les locaux de l'antenne strasbourgeoise des Petits frères des pauvres. A 74 ans, il vit seul dans son appartement. Sa famille n'est pas là. Alors il cherche le contact auprès de l'association et de ses bénévoles présents pour écouter mais aussi aider les personnes âgées dans leurs démarches administratives ou face à la maladie. Mon bénévole c'est "mon ami, mon frère, mon tout". Et des récits de la sorte il y en a beaucoup. De plus en plus.
Les Petits frères m'ont sauvé
L'éclatement des structures familiales, le manque de moyens et plus récemment la crise sanitaire sont à l'origine de cet isolement grandissant. Si avant la Covid, les Petits frères des pauvres organisaient des goûters, des sorties, des journées jeux ou des vacances, tout s'est arrêté à cause du virus. Ne restait plus que le téléphone pour garder le lien et prendre des nouvelles. Heureusement la vie reprend petit à petit dans les locaux de l'association.
"C'est ma deuxième famille" confesse Sergeï qui vit dans une structure de l'Abrapa. "Les Petits frères m'ont sauvé". Fracture sociale, familiale, fracture numérique aussi, les aînés s'éloignent de tout. Ils sont certes encore en vie mais ne sont plus dans la vie. Et même si le Grand Est est la région de France où les personnes âgées voient le plus régulièrement leurs enfants (80 % les voient au moins plusieurs fois par mois contre 65 % au niveau national), les chiffres de l'isolement sont en constante augmentation.
Barometre-2021 Pfp Embargo by France3Alsace on Scribd
Le Grand Est est la région où les personnes âgées ressentent le plus fortement un sentiment de solitude depuis le début de la crise sanitaire : 70 % des 60 ans et plus de la région qui se sentent seuls associent leur solitude à la crise Covid (contre 53 % en moyenne nationale).
Les solutions pour lutter contre cet isolement
Interrogées sur les moyens de briser l’isolement, les personnes âgées "plébiscitent le maintien des commerces et services de proximité" indique le rapport. Des lieux qui ont un rôle protecteur de "voisins de proximité". Il est donc "essentiel d’adopter un ensemble de mesures qui permettront d’améliorer le quotidien des aînés. Le but étant de la maintenir dans la vie et pas seulement en vie. Par exemple, s’appuyer sur les acteurs de proximité et les soutenir dans la construction des politiques de lutte contre l’isolement des personnes âgées ou encore soutenir les structures associatives et les inciter à mieux intégrer les personnes âgées du grand âge en adaptant leurs missions".
L’association, elle, lance le 1er octobre une campagne de sensibilisation à destination du grand public pour trouver des "chasseurs de solitude".
