Les chiffres rendus publics par la fédération Charité Caritas Alsace témoignent d'une augmentation de la pauvreté en 2023 sur l'ensemble du territoire alsacien. En un an, l'activité de l'association a bondi de 20%. La hausse du coût de la vie et notamment des prix de l'énergie fragilise la population.
Arnaud Fritsch, le directeur général de la fédération Caritas Alsace n'avaient pas de bonnes nouvelles à annoncer ce jeudi 14 novembre à Strasbourg. L'association a établi comme chaque année avant l'hiver un bilan de son activité. Les chiffres pour 2023 ne sont pas encourageants et la situation continue de se détériorer. Caritas enregistre en effet une hausse de son activité de 20%, tous indicateurs confondus. "Un constat alarmant", regrette Arnaud Fritsch.
Deux fois plus de petits-déjeuners
Les exemples pour illustrer cet état des lieux sont nombreux : à Colmar, Caritas a doublé sa distribution de petits-déjeuners. À Sarre-Union, ce sont les dépenses d'aides financières qui s'envolent avec un doublement de l'enveloppe. Même constat à Marlenheim, Obernai, Kembs ou Altkirch. Ces chiffres racontent "une mutation de la pauvreté qui touche tous les bassins de vie, qu'ils soient ruraux ou urbains, de Wissembourg à Ferrette, selon Arnaud Fritsch.
Moins de 400 euros par mois
Autre indicateur : le profil des bénéficiaires aidés par Caritas en 2023. En 2018, les personnes touchant moins de 400 euros par mois représentaient 31% des bénéficiaires. C'est 50% aujourd'hui. "Nous avons effectivement ces personnes très précaires, déjà fragilisées qui le sont davantage et à l'inverse, nous avons des travailleurs pauvres qui, aujourd'hui, (...) n'arrivent plus à faire face", explique le directeur général de Caritas Alsace. Sans parler des femmes seules, plus nombreuses, ou de certaines personnes âgées en grande difficulté qui apparaissent dans le bilan 2023 de Caritas Alsace.
Un constat partagé au quotidien sur le terrain par Lucie Scherrer qui gère l'une des treize épiceries solidaires ouvertes par Caritas et située dans le quartier du Neuhof à Strasbourg. Le lieu existe depuis peu et quarante-cinq familles du quartier y sont déjà inscrites. "On constate que nous avons de plus en plus de personnes qui travaillent et pour lesquelles la fin du mois est difficile, note Lucie Scherrer, quant aux personnes au RSA, pour le budget, c'est compliqué".
L'allocation adulte handicapée pour vivre
Moufida Hallaci, mère célibataire avec deux enfants, fréquente cette épicerie solidaire depuis un an. Ici, les prix des denrées sont réduits et les familles ne paient que 10% du prix affiché. "J’ai des dettes et plein de factures à payer, raconte Moufida, c'est pour ça que je suis venue, pour qu'ils m'aident". La jeune femme ne touche que son allocation adulte handicapée, soit 1016 euros par mois. "C'est difficile de tout payer, on ne peut pas vivre avec ça", se justifie Moufida.
En Alsace, Caritas peut compter sur le soutien d'un réseau de 2000 bénévoles. En 2023, l'association est venue en aide à plus de 13 000 familles en Alsace.