Loto du patrimoine 2023 : découvrez les deux lauréats en Alsace

Les lauréats 2023 retenus par la Fondation du patrimoine pour bénéficier d'une aide financière viennent d'être dévoilés. Pour l'Alsace, il s'agit d'un corps de ferme à Gries (Bas-Rhin) et de la maison du peintre Jean-Jacques Henner à Bernwiller (Haut-Rhin).

Comme chaque fin d'été, la Fondation du patrimoine vient de révéler ce lundi 4 septembre à 17 heures la centaine de sites départementaux, un par département de métropole et d'outre-mer, qu'elle a choisi de soutenir.

Pour l'Alsace, le lauréat haut-rhinois est la maison du peintre Jean-Jacques Henner, à Bernwiller, dans le Sundgau, destinée à devenir un lieu éducatif et solidaire. Et le lauréat bas-rhinois est un ancien corps de ferme de Gries, attesté depuis la fin du 17e siècle, que la commune veut transformer en bibliothèque et en accueil périscolaire. Chaque projet retenu pourra bénéficier d'aides allant jusqu'à 300 000 euros. La somme exacte dépendra du nombre de tickets de loto achetés.

Outre ces cent "sites départementaux", la Fondation du patrimoine soutient également dix-huit "sites emblématiques", un par grande région, dont les photos figurent sur les tickets de grattage, pour une visibilité au niveau national. Là, le montant de l'aide peut atteindre les 500 000 euros, mais le calendrier est différent. Le lauréat 2023 pour la région Grand Est avait été révélé dès mars dernier. Il s'agissait également d'un bâtiment alsacien, une maison de potier de Betschdorf.  

Les critères de la Fondation du patrimoine

La présélection des projets se fait dans chaque département, "et après, ça se décide au niveau national, avec Stéphane Bern, un représentant du ministère de la Culture, un autre de la Française des jeux et de la Fondation du patrimoine" détaille Véronique Keiff, déléguée régionale Alsace de la Fondation.

Différents critères entrent en ligne de compte : "l'état de péril. Egalement la valeur patrimoniale du bien en lui-même. Et puis, ce qu'on va en faire. C'est important, si on peut en faire profiter tous les villageois, et préserver l'attractivité des petites communes." Les deux projets alsaciens retenus semblent avoir coché toutes les bonnes cases.

La maison Henner de Bernwiller

Né à Bernwiller en 1829, Grand prix de Rome en 1858, le peintre Jean-Jacques Henner opte pour la France lorsque l'Alsace devient allemande en 1871, à l'issue du conflit franco-prussien. Ceci ne l'empêche pas de retourner régulièrement dans son village natal, et même d'y construire en 1885 cette belle maison de maître. Le parc et son étang servent de toile de fond à certaines de ses toiles, et il y fait de longs séjours, jusqu'à son décès en 1905. Un musée qui lui est dédié ouvre ses portes à Paris dès 1924.

En 1938, la famille du peintre lègue la demeure alsacienne à une congrégation religieuse. La commune la rachète en 1998, et cherche un projet pertinent pour la faire revivre. L'idée d'y installer une école maternelle et primaire est rapidement abandonnée, car trop onéreuse et peu pratique.   

A l'initiative de la mairie, un projet participatif naît en 2019, pour tenter d'imaginer ensemble le devenir du bâtiment qui se détériore fortement. La maison est ouverte aux habitants. "Une fois par mois, des architectes sont venus pour voir quoi faire, raconte le maire, Patrick Baur. Et on a essayé de déterminer les besoins du village."

La réflexion collective débouche sur un ambitieux projet de réhabilitation, que les habitants nomment le projet Henner Hisla ("Petite maison Henner" en alsacien). 

Il doit intégrer à la fois une épicerie de produits locaux, une friperie participative et une bibliothèque, gérées par l'association EPI'QUOI. Mais également un escape game, un four à pain, une résidence d'artistes femmes dans l'ancien atelier du peintre, ainsi que trois appartements locatifs destinés à équilibrer financièrement le fonctionnement du lieu.

Mais de lourds travaux sont nécessaires pour renforcer les fondations. Le chantier prévu comprend la remise en état d'une tour disparue, et une isolation innovante au miscanthus, une plante cultivée dans le village.

Le montant prévu, deux millions d'euros, est énorme pour un village de 1248 habitants. "Un projet comme ça, sans les subventions, on n'y arriverait pas, reconnaît Patrick Baur, qui se réjouit de l'aide annoncée de la Fondation du patrimoine. "On va faire revivre cette maison. On est très contents d'être sélectionnés, ça nous permet d'avoir un soutien de plus. Globalement, ça fera moins d'endettement pour la commune."   

Le curage du bâtiment a déjà commencé, les travaux proprement dits devraient débuter fin septembre. Et le maire estime "qu'il n'y aura pas de temps morts, on a certaines subventions conditionnées à un achèvement fin décembre 2024."

Un ancien corps de ferme à Gries

À Gries, le bâtiment retenu par la Fondation du patrimoine est une ancienne ferme de la fin du 17e siècle. La présence des anciens propriétaires, la famille Schaeffer, est attestée dans la commune depuis 1456.

Après les années 1980, le site est passé entre plusieurs mains, avant d'être racheté par la commune. En collaboration avec le CAUE (Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement), il a été décidé d'en faire un lieu de rencontre et de partage, avec un accueil périscolaire, une bibliothèque, un marché et un espace d'exposition.

Le projet architectural retenu préserve entièrement le bâti, et prévoit une isolation en chanvre. Mais la hausse des coûts de l'énergie a mis un coup de frein à ce chantier initialement estimé à 6 millions d'euros, qui a été abandonné.

"C'est pour cela que nous avons repris ce beau dossier, explique Véronique Keiff. C'est magnifique, quand on peut conserver un beau corps de ferme au centre du village."

Pour le maire, Eric Hoffstetter, apprendre que ce chantier a été plébiscité par la Fondation du patrimoine est une joie à plusieurs titres, "une satisfaction pour la commune, et pour ce travail de sauvegarde d'un patrimoine typique de la région, s'exclame-t-il. Et en dehors de l'apport financer, ça permettra peut-être de faire bras de levier auprès d'autres partenaires, institutionnels ou autres" pour mener à bien cette rénovation.

Il se réjouit aussi car désormais, il a la certitude que ce bâtiment exceptionnel pourra être préservé. "Il fait partie de la mémoire collective, rappelle-t-il. Je ne veux en aucun cas me priver d'un patrimoine de ce type, au bénéfice d'un immeuble collectif sans cachet, sans charme. Il faut à tout prix garder le caractère rural de notre village et le préserver pour les années à venir."

"On est très contents d'apporter la petite bouffée d'oxygène nécessaire aux communes, se réjouit de son côté Véronique Keiff. Quand les maires ont de beaux projets comme ça, de sauvegarde du patrimoine, mais également de participation collective citoyenne, en ajoutant de l'éco-rénovation", la Fondation apporte son soutien autant que possible.

Le montant distribué entre les cent "sites départementaux" sera connu en décembre, "lorsque les jeux du loto seront terminés." Celui des dotations octroyées aux 18 "sites emblématiques" sera connu dès le 16 septembre, lors des prochaines Journées européennes du patrimoine.

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