Marché de Noël : le maire de Colmar invite les commerçants à porter bonnets et bottes dans les cabanons pour économiser du chauffage

Tous les moyens sont à l'étude pour économiser l'énergie : éclairer moins, chauffer moins, gaspiller moins. A Colmar, le maire invite artisans et commerçants à enfiler bottes et pulls dans leurs cabanons de Noël, pour réduire les convecteurs électriques.

Des municipalités comme Strasbourg, ont déjà annoncé que l'hiver prochain, elles réduiraient l'éclairage dans l'espace public et le chauffage dans les bâtiments administratifs. A Colmar, le maire Eric Straumann veut lui aussi participer à l'économie d'énergie : il invite les artisans et commerçants, qui tiendront un cabanon au marché de Noël, à enfiler bottes et pulls sur leurs stands, pour éviter l'usage de convecteurs électriques.

Invitation en clin d'oeil ou demande sérieuse? Les deux à la fois, selon le président de l'Umih 68, qui y tient lui-même deux stands depuis une dizaine d'années et un chapiteau alimentaire au marché gourmand, place de la cathédrale. "Je prends ça comme une boutade, mais le problème est sérieux, il faut trouver des solutions pour économiser de l'énergie. Il nous faut trouver des idées collectivement et individuellement." 

Depuis trois ans, en plus de ses deux stands alimentaires, Jean-Jacques Better tient, avec une dizaine d'autres restaurateurs, un chapiteau sur la place de la cathédrale, à Colmar. "On y propose des plats pour les employés qui sortent des bureaux : bouchées à la reine, choucroutes, huitres.. Ils consomment sur des mange-debout et c'est ouvert jusqu'à 22 heures. Cette année on ne pourra plus chauffer cet espace comme les années précédentes, mais ce n'est pas une décision du maire, c'est une nouvelle loi de qui interdit de chauffer les terrasses, pour notre chapiteau ce sera pareil." Cette loi, issue d'une proposition de la Convention citoyenne pour le climat, vise à réduire la consommation d'énergie, dans le cadre de la loi Climat et résilience du 22 août 2021. 

Faudra-t-il vendre ou manger sa tarte flambée avec des moufles? 

Noël célébré avec moins de guirlandes et plus de bougies, moins de chauffage dans les cabanons et plus de chaussures fourrées aux pieds, les commerçants et artisans ne semblent pas s'en offusquer, mais tous ne seront pas à la même enseigne. "Nous on fait du vin chaud et on chauffe de la choucroute au bain-marie toute la journée, alors on n'a pas besoin de chauffer nos chalets, mais pour d'autres, ça peut être différent." 

Thibault Picard fait partie des autres. Ce vendeur de confiserie des Hautes-Vosges vient tous les ans au marché de Noël de Colmar. Il a entendu parler du souhait du maire de ne pas chauffer les cabanons à l'électricité, mais il n'est pas inquiet. "De toute façon, on ne sait pas quel temps il fera en décembre. Ça fait des années qu'il n'a plus vraiment fait froid. Ça n'a plus rien à voir avec les hivers d'il y a quinze ans." Pas inquiet donc mais surtout prêt à s'adapter : "On mettra un blouson et un pantalon de ski, ça ne me choque pas." Et vous savez, nous on est des montagnards, on n'est pas des frileux, s'il le faut on mettra une couche de plus." 

Thibault estime d'ailleurs qu'il faut trouver des solutions alternatives : "un radiateur de 1000 watts ça n'a l'air de rien, mais 1000 watts + 1000 watts + 1000 watts ça commence à compter." Pour lui, c'est simplement une manière de participer à l'effort collectif.

Claude Kraetz tient un stand de boulangerie au marché de Noël place Jeanne d'Arc, depuis une vingtaine d'années. Il embauche spécialement une équipe de vendeuses pour les cinq semaines, de fin novembre à fin décembre. "Notre cabanon est placé sur un angle à l'intersection entre deux rues, alors s'il souffle un vent glacial, c'est sûr qu'il fait froid. Dans ce cas, les vendeuses viennent se réchauffer pendant leur pause, à la boulangerie en face du cabanon."  

Un autre souci pour lui serait une baisse de fourniture d'énergie. Il paie comme tous les commerces alimentaires un supplément parce qu'ils utilisent beaucoup de machines électriques. Pas de chauffage du tout, mais des toasteurs, des percolateurs, des fours.  "J'espère qu'on ne nous réduira pas la puissance, car le week-end, quand on a beaucoup de monde, vingt ou trente personnes à servir, on ne peut pas se permettre de travailler en sous-régime. Par contre quand on a peu de clients, on peut éteindre l'une ou l'autre machine."

"Rien n'est décidé, mais il faut faire un effort collectif"

Tous les moyens sont à l'étude pour économiser l'énergie : éclairer moins, chauffer moins, gaspiller moins. A l'office du tourisme de Colmar, (organisatrice du marché de Noël), on n'a pas attendu les consignes nationales. " Ça tombe sous le sens pour des raisons écologiques" reconnait Johny Royer, chargé de communication à l'OT, "Il existe différents leviers pour faire des économies, le chauffage en est un, mais pour l'heure nous sommes en phase de concertation avec les commerçants. Rien n'est décidé, mais on est tous conscients d'être à une époque où il faut faire un effort collectif et individuel. Les solutions que nous mettrons en place ne sont pas décidées à ce jour, on verra vers quoi on tend, en fonction de nos échanges."

Y a-t-il un risque que certains exposants renoncent à venir faire le marché ? "Tout le monde viendra, car ce sont des entreprises, ce marché fait partie de leur gagne-pain. Celui qui ne viendra pas n’en n’a pas besoin." conclut le président de l'Umih. 

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