Les actions de sensibilisation à la surmortalité que subissent les abeilles ces dernières années se multiplient. Souvent sous forme de "fête de l'abeille". Ce week-end il y a en quatre en Alsace. Qui les initie, pourquoi et avec quels effets? Pour en savoir plus, petit tour à Schirmeck.
Ce week-end en Alsace, pas moins de quatre fêtes sont dédiées aux abeilles. A Muespach-le-Haut, à Durrenbach, à Gunstett et à Schirmeck. Signe peut-être que le signal d’alarme, donné au premier chef par les apiculteurs, est en cours d’être entendu et que le public se sent concerné.
A Schirmeck, c'est le 6ème salon intitulé "Abeilles et nature". Organisé par l'association des apiculteurs de la Haute-Vallée de la Bruche.
Pour quel public? Les adultes et les enfants. De 10h à 18h à Schirmeck, ce dimanche 17 juin, place du marché. Les visiteurs peuvent assister à l'extraction du miel, la fabrication de cire gaufrée, voir des ruches anciennes, rencontrer des producteurs de gelée royale, de savon au miel etc.
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Atelier initiation à la vie de la ruche: 70000 abeilles vivent dans cette ruche
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En ce moment, d'avril jusqu'à la mi-août, les apiculteurs récoltent le miel de sapin et de tilleul. On dénombre 2300 apiculteurs déclarés en Alsace (professionnels et amateurs). Le salon de Schirmeck a été créé en 2010 par l'association des apiculteurs de la Haute-vallée de la Bruche pour sensibiliser le public de cette vallée, encore relativement bien préservée.
Mais au fait à quoi servent les abeilles?
Elles fabriquent du miel bien sûr, mais aussi d'autres produits bénéfiques pour la santé. Comme la propolys utilisée comme anti-infectieux par les abeilles dans leur ruche, et par nous les humains en cas de maux de gorge par exemple, de la gelée royale pour rebooster les organismes fatigués...mais surtout pourrait-on dire, surtout, elles permettent, par leur incessant travail de butineuses, aux plantes à fleurs de se reproduire: les fruits, les légumes à fleurs leur doivent leur reproduction.
Le rôle des abeilles et autres pollinisateurs comme les papillons
"Toutes ces espèces sont très importantes pour la pollinisation, processus indispensable à la reproduction sexuée des plantes à fleurs" peut-on lire sur le site de l'INRA "80 % des cultures à travers le monde sont dépendantes de l’activité des insectes pour la pollinisation, au premier rang desquels les abeilles. En France, environ 70 % des 6 000 espèces de plantes recensées, sauvages et cultivées, sont pollinisées par les insectes pollinisateurs et certaines plantes en dépendent totalement. En cas de disparition des pollinisateurs, il ne saurait y avoir de production de graines ou de fruits essentiels à notre alimentation."
Les produits dangeureux pour les abeilles: pesticides, herbicides, fongicides et autres mélanges moins connus du grand public.
Et les particuliers ? Pas innocents du tout. Nombre d'entre-nous génère une très forte pollution par l'apport de produits chimiques de synthèse dans nos jardins, sur nos terrasses et balcons. Vouloir de plus grandes laitues, courgettes ou tomates que le voisin et les traiter, a des conséquences insoupçonnées. Pareil pour les massifs d'hortensias et bacs de géraniums. Les booster pour qu'ils soient plus brillants, plus colorés, plus grands...a des conséquences sur les insectes qui volètent de fleurs en fleurs...et consomment ces traitements.
Les conséquences de ces produits toxiques pour les abeilles
Sur son site, l'Inra évoque les dernières recherches. "En 2012, une équipe de recherche française multipartenariale a pour la première fois mis en évidence le rôle d’un insecticide dans le déclin des abeilles, non pas par toxicité directe mais en perturbant leur orientation et leur capacité à retrouver la ruche. Les chercheurs ont collé des micropuces RFID sur plus de 650 abeilles. Ils ont ainsi pu constater l’importance du non-retour à leur ruche des butineuses préalablement nourries en laboratoire avec une solution sucrée contenant de très faibles doses d’un insecticide, le thiaméthoxam. Ce produit est utilisé pour la protection des cultures (maïs, colza…) contre certains ravageurs, notamment par enrobage des semences. Une simulation basée sur ces résultats laissait penser que l’impact de l’insecticide sur les colonies pourrait être significatif. D’autres études de scientifiques britanniques ont confirmé les effets néfastes sur les abeilles."
Actions en faveur de leur protection
Les fêtes consacrées à l'abeille servent à sensibilser le grand public, à leur fragilité, à leur utilité et à la nécessité de les préserver en changeant nos comportements. Mais les organisateurs de ces "journées de l'abeille" le savent, cela ne suffit pas pour autant. Les décisions politiques sont indispensables. Déjà depuis quelques années, certains pesticides sont interdits par l’Union européenne. Le hiaméthoxam par exemple, utilisé dans le traitement du maïs et du colza a été interdit en juin 2012, à la suite d’un avis de l’Agence sanitaire pour l’alimentation et l’environnement (Anses), qui dénonçait son impact néfaste sur les abeilles.
Cette année, les néocotinoïdes (des insecticides jugés dangereux pour les abeilles) ont fait l'objet de débats houleux entre les pays européens. La France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne ont voté en faveur de leur interdiction sur toutes les cultures de plein air, d'ici trois ans. Le Danemark, la Hongrie, la République tchèque et la Roumanie ont voté contre la suppression des néocotinoïdes. Neuf pays se sont abstenus, dont la Belgique et la Pologne.
Lire aussi l'article du Monde sur l'interdiction des néocotinoïdes en avril 2018 par l'Europe
