Nouveau-né abandonné dans une « boîte à bébé » en Suisse : on vous explique pourquoi ce dispositif n'existe pas en France

Jeudi 21 septembre 2023, un bébé a été déposé dans la « fenêtre bébé » de l’hôpital Bethesda de la ville de Bâle (Suisse). Un abandon anonyme, en toute sécurité pour l’enfant, grâce à un dispositif qui n’existe pas en France.

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Jeudi 21 septembre 2023, il était un peu plus de 11h lorsque l’alarme de la "fenêtre à bébé" installée au sein de la clinique privée Bethesda Spital de Bâle (Suisse) a retenti. Un nouveau-né y a été recueilli par les équipes soignantes.

Dans un communiqué de presse, la protection de l’enfance et de l’adulte de Bâle-Ville, précise qu’il s’agit d’un petit garçon qui "se porte bien dans ces circonstances". Ce dernier a fait l’objet d’évaluations médicales approfondies pour s’assurer de sa bonne santé.

Quant à sa mère, elle est invitée à s’adresser à l’organisme afin que "la meilleure solution puisse être trouvée pour l’enfant, en collaboration avec des spécialistes".

Un abandon anonyme, sécurisé, rendu possible grâce à un dispositif aussi appelé « boîte à bébé », qui tendrait à se développer partout dans le monde, sauf en France.

Un concept ancien

Le concept n’est pas nouveau. Au Moyen Âge, les parents ne souhaitant pas garder leurs enfants pouvaient trouver des "tours d’abandon". Nombreuses en France, elles ont fini par disparaître au début du XXe siècle. Ces dernières années, le principe est réapparu sous forme de boîtes chauffées et surveillées. On en trouve des centaines à travers différents États dont le Japon, l’Afrique du Sud, la Pologne, l’Allemagne ou encore la Suisse.

Selon l’aide suisse pour la mère et l’enfant, en 2021, 26 bébés avaient déjà été placés dans une fenêtre à bébé depuis leur déploiement il y a plus de 20 ans. Six d’entre eux ont pu retourner auprès de leur maman après que celle-ci a fait marche arrière.

"Il s’agit d’une fenêtre sur la vie. C’est quelque chose de très spécial, un poste de secours pour nourrissons", affirme le gynécologue-obstétricien Werner Foerster, dans une vidéo réalisée par l’Aide suisse pour la mère et l’enfant (ASME).

L’Allemagne, l’un des premiers pays européens à avoir réintroduit les boîtes à bébé dans les années 2000 après une vague d’infanticides, dénombre plus de 300 enfants abandonnés via ce dispositif depuis plus de 20 ans.

En France, l’accouchement sous X "mieux qu’une boite à bébé"

Régulièrement critiquée, car vues comme un encouragement à l’abandon, les boîtes à bébé ne font pas consensus. En 2012, l’Organisation des nations unies (ONU), alertait sur leur expansion, estimant que cette pratique "va à l'encontre du droit de l'enfant à ce que son ou ses parents le connaissent et s'occupent de lui".

"En France, on a une loi qui est l’accouchement sous X qui remplace ce dispositif de manière un peu plus cadrée et plus organisée. C’est mieux qu’une boite à bébé", avance pour sa part Israël Nisand, professeur de gynécologie obstétrique à l'université de Strasbourg.

L’accouchement sous X permet effectivement de donner naissance anonymement, que ce soit dans un établissement public ou privé. L'enfant sera alors confié à l'aide sociale à l'enfance (Ase) pour une éventuelle adoption. Toutefois, la mère peut revenir sur son choix et récupérer son enfant dans un délai de deux mois. La France est l’un des rares pays à disposer d’une législation encadrant l’accouchement sous le secret.

"Une femme qui n’a pas cette solution, n’aura pas d’autres choix que la boîte à bébé. Je préfère l’accouchement sous X, car c’est une femme qui accouche dans de bonnes conditions", poursuit Israël Nisand.

"En France, avec notre système, les femmes ne sont pas laissées seules" face à leur choix d’abandon, défend Sandrine Jahnke, responsable du service adoption-prévention à la Collectivité européenne d’Alsace.  L’accompagnement dont elles bénéficient lors d’accouchement sous X, permet de mieux les informer et d’obtenir des informations précieuses dont pourraient avoir besoin l’enfant à l’avenir. "Ça permet par exemple d’en savoir plus sur l’histoire de la mère, sur ses antécédents médicaux, d’éventuelles maladies génétiques. Des informations qui nous permettent de voir comment le bébé va pouvoir évoluer. Avec la boite à bébé, si la mère ne veut rien laisser, elle ne laissera rien".

En 2023, 10 accouchements sous X ont été dénombrés depuis le début de l’année en Alsace. Il y en avait eu 12 en 2022.

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