Le bruit, un fléau dont on parle peu mais qui est pourtant bien réel. L'Eurométropole de Strasbourg n'y échappe pas. 11 000 personnes seraient particulièrement impactées. Sans surprise, c'est le trafic routier qui en est le premier vecteur.
La source sonore principale sur le territoire de Strasbourg, c'est le trafic routier. Et de loin. Les zones les plus touchées sont celles qui bordent les axes où le trafic automobile est très soutenu : les secteurs traversés par l'autoroute A35 et la M351, l'avenue du Rhin, la place de Haguenau et l'avenue des Vosges.
"Au sein de l'Eurométropole de Strasbourg, près de 12 000 personnes seraient exposées au bruit routier au-delà des seuils réglementaires français, dont 9 000 pour la capitale européenne intra-muros", explique Mohamed Meziane, ingénieur acousticien. En France, le seuil de danger au-delà duquel des dommages peuvent survenir est estimé à 68 dB (A).
D'ailleurs, il y a les seuils réglementaires français... et les seuils recommandés, notamment par l'Organisation mondiale de la Santé. Ces derniers sont beaucoup plus stricts. L'OMS recommande de réduire les niveaux sonores produits en moyenne par le trafic routier à moins de 53 dB (A). "Si on appliquait ces critères, explique Pascale Rouillard-Neau, chef de service hygiène et santé environnementale à la Ville et à l'Eurométropole de Strasbourg, "ce seraient non plus 12 000 personnes qui seraient exposées au bruit de manière excessive mais 300 000 personnes au sein de l'Eurométropole de Strasbourg."
On peut noter que la mise en place progressive de la ZFE, la zone à faibles émissions, qui pousse au renouvellement d'une partie du parc automobile, permet d’aller vers des véhicules moins polluants mais aussi... moins bruyants, avec l'augmentation du nombre de voitures électriques. "Mais nous n'avons pas encore mesuré ses effets sur les nuisances sonores, indique Mohamed Meziane. Il va falloir encore un peu de temps."
Des conséquences importantes sur la santé
L'exposition excessive au bruit est la source d'un certain nombre de problèmes de santé. Il y a d'abord évidemment les effets sur l'audition: les acouphènes, l'hyperacousie (sensibilité extrême aux sons), et bien sûr une surdité progressive.
D'autres conséquences importantes sont à noter, qui dépassent largement les problématiques auditives: perturbation du sommeil, et donc fatigue accrue, troubles digestifs, amplification des états dépressifs. À long terme, le bruit peut également jouer un rôle aggravant sur les pathologies cardiovasculaires.
"Au niveau de l'Eurométropole, précise Mahamed Meziane, 11 personnes sont susceptibles de souffrir de cardiopathie ischémique due au bruit. " D'après l'Agence européenne pour l'environnement, le bruit serait à l'origine de plus de 10 000 cas de mortalité prématurée et 43 000 hospitalisations. Selon l'OMS, parmi les facteurs environnementaux, le bruit est la deuxième cause de morbidité en Europe, derrière la pollution atmosphérique.
Réglementation française sur les nuisances sonores
Ces données ne doivent pas faire oublier que les nuisances sonores sont aussi celles de nos voisins. L'État a ainsi mis en place une réglementation très claire qui, si elle était parfaitement respectée, ferait descendre d'un cran un certain nombre de cas chez les particuliers. Ainsi, tout appareil entraînant des nuisances sonores (par exemple une tronçonneuse ou une tondeuse) ne peut être utilisé qu’aux horaires suivants :
- Du lundi au vendredi de 8h30 à 12h et de 14h à 19h30
- Le samedi de 9h à 12h et de 15h à 19h
- Le dimanche et les jours fériés de 10h à 12h
Concernant le tapage nocturne, la plage horaire retenue par la loi, c’est entre 22h et 7h du matin. Moins de nuisances sonores, c’est - aussi - le respect de ses voisins.