Pourquoi l'Alsace est plongée dans la grisaille depuis des jours

Depuis fin octobre, sauf à de rares exceptions, l'Alsace est dans la grisaille. Les brouillards sont tenaces, le soleil se laisse désirer. Explications.

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Du gris, du gris, du gris… Des paysages mornes et inexpressifs, et des teintes indifférenciées, car il manque ce petit rien lumineux pour égayer la rétine. Ce rayon de soleil qui change tout.

Sans lui, dans une ambiance plombée, ou cotonneuse – selon les lieux et les moments du jour - les contrastes s'effacent, les contours s'estompent. Et le moral des Alsaciens, comme des touristes, reste en berne. Petit blues sur fond de grisaille.     

"C'est vrai que beaucoup de gens dépriment en cette période de l'année, reconnaît George, en balade à Strasbourg. On manque de soleil, et donc de vitamine D, si importante pour l'être humain." - "C'est tristounet, confirme Didier, un autre promeneur. Le plafond est bas, et c'est vide. Un peu de soleil ferait du bien au moral, c'est clair."

"Le ciel oscille entre gris et noir, avec du brouillard. Et on sent qu'il va pleuvoir, déplore Marie, une jeune touriste. "On attend le soleil, mais on n'a pas énormément d'espoir qu'il arrive" soupire son compagnon. 

Une même grisaille depuis des jours

Et cette météo décolorée dure depuis des jours. Pour convaincre les hyper-optimistes, et tous ceux dotés d'une mémoire courte, il suffit de jeter un œil au site de météorologie régionale ATMO-RISK. Depuis la fin octobre, et à de rares exceptions près, les météorologues de ce bureau d'études spécialisé n'ont pu qu'annoncer et constater jour après jour une brumaille assez généralisée, et plus ou moins persistante.

Comme un refrain, inlassablement répété. Quelques exemples tirés de ce florilège : "Presque pas de jaloux, la grisaille a largement dominé" (31 octobre). "Les jours se suivent et la lutte entre les grisailles et le soleil continue" (2 novembre). "Les nuages bas peuvent persister assez longuement" (3 novembre). "Plaine d'Alsace sous la grisaille" (4 novembre). "Nappes persistantes dans le nord de l'Alsace" (5 novembre).

"Les grisailles sont de retour pratiquement partout" (6 novembre). "Le soleil ne perce pratiquement nulle part" (7 novembre). "Nouvelle journée de grisailles, encore une autre demain" (8 novembre). "Demain, tout le monde sera sous le gris, sauf les crêtes vosgiennes" (9 novembre). Et pour ce lundi 11 novembre : "Grisaille partout pour la matinée, avec les brouillards. Seules les crêtes vosgiennes en émergent (surtout au-dessus de 800 mètres)." 

C'est la faute de l'anticyclone

Des relevés quasi mono thématiques qui n'étonnent pourtant pas Christophe Mertz, prévisionniste d'ATMO-RISK. En cause, "une humidité de basses couches associée à un anticyclone", lequel s'est installé en Alsace depuis des jours, même si personne ne l'a chaleureusement invité.

"L'anticyclone a tendance à plaquer la masse d'air près du sol, et du coup, l'humidité est piégée au niveau du sol, et provoque la formation de ces nuages bas et de ces brouillards, détaille le météorologue. Comme l'anticyclone stationne sur la région depuis plusieurs jours et qu'il n'y a pas beaucoup de vent, cette humidité reste sur place, constante. Ce qui produit plusieurs jours de suite avec des brouillards et des grisailles."

Un air dégradé

Et comme un désagrément ne vient jamais seul, celui-ci s'accompagne, principalement en zones urbaines, d'une dégradation de la qualité de l'air. "Quand il y a très peu de flux, très peu de vent, et que la masse d'air reste plaquée au sol, la dispersion des polluants est beaucoup plus difficile, explique Christophe Mertz. Donc les polluants ont plutôt tendance à stagner et à s'accumuler dans les premières couches de l'atmosphère."  

Un phénomène bien perçu par Olivia, jeune touriste suisse de passage à Strasbourg : "On sent la différence, assure-t-elle. Il fait un peu plus étouffant, un peu moins respirable et un peu moins frais."

Alors, comment pouvoir, à la fois, respirer un air plus sain et profiter de quelques rayons automnaux ? Seule solution : monter à environ 800 mètres d'altitude. En effet, "au-dessus de cette couche de grisaille, vous avez de l'air plus sec, ce qui explique que sur les crêtes vosgiennes, on a beaucoup plus de soleil", précise le prévisionniste d'ATMO-RISK. En ce 11 novembre, les adeptes de la montagne l'auront bien compris. Mais pour les autres, pas de plan B, sauf une séance de luminothérapie ou, plus modestement, une journée de cocooning. 

Peu d'amélioration en vue

Et la semaine à venir annonce son nouveau cortège de réjouissances : un temps toujours gris, mais plus humide. "On aura un peu de pluie, qui aura tendance à disperser les polluants" promet Christophe Mertz. Cependant, inutile de se réjouir trop vite. Car l'astre du jour tant convoité va continuer à se faire désirer.

"Les nuages resteront largement dominants jusqu'à la mi-novembre. Pour la seconde partie de semaine, on pourrait à nouveau avoir plus de grisaille. Avec quelques éclaircies, mais c'est assez flou, pas très franc. Pas de journée de grand soleil, ça c'est sûr." Et, cerise sur le baba au rhum, "une baisse des températures, qui se feront plus hivernales, avec peut-être des gelées en plaine entre mercredi et vendredi."

Ne reste donc qu'à se résigner, momentanément du moins. Et surtout, de même que ce touriste de passage, à ne pas oublier que "le soleil doit être quelque part là-haut, peut-être juste en face de nous, caché par des nuages." Et que tôt ou tard, il refera son apparition, pour éclabousser villes et campagnes de bleu, et réchauffer les corps et les cœurs.      

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