Pourquoi les nids de guêpes et de frelons sont-ils si nombreux cet automne ?

Les destructions de nids de guêpes se multiplient en Alsace. Un phénomène rare pour un mois d’octobre qui est causé par des températures nettement au-dessus des normales depuis le début de l’année.

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Vous avez certainement été confronté à une guêpe ou un frelon venant vous déranger pendant que vous sirotiez votre limonade en terrasse. Les entreprises alsaciennes de destruction de nids d’hyménoptères attestent d’une hausse inédite du nombre d’interventions en ce mois d’octobre 2022. Ce phénomène exceptionnel tend à devenir la norme à cause du dérèglement climatique.

"Nous recevons une centaine d’appels par jour depuis le début de l’été", s’étonne David Kato, gérant de l’entreprise DKM Experts, "Et ça se poursuit ce mois-ci alors que normalement les interventions diminuent". La société, qui compte une vingtaine d’employés, effectue actuellement près de 50 interventions par jour en Alsace. "Nous avons du mal à suivre la cadence, car l’été a été tout aussi exceptionnel". Par rapport aux années précédentes, David confirme n’avoir "jamais vu un tel nombre de nids en automne".

Au niveau du Bas-Rhin, le constat est le même pour Faruk Eryilmaz, gérant de Dard des villes, fondée en 2019 par deux anciens pompiers. "Par rapport aux quatre dernières années, le nombre de rendez-vous, notamment cet été, a doublé voire triplé". Cet expert constate aussi que la taille des nids est "bien supérieure" à ce qu’ils ont eu l’habitude de traiter auparavant.

Du côté de SOS Guêpes 67, les interventions ont diminué depuis cet été, mais le gérant, Maxime Humbert, reste surpris d’envoyer encore des équipes détruire des nids à cette période : "Début octobre, elles sont censées mourir. Il y a 6-7 ans, nous avions des températures qui avoisinaient parfois les 5°C. Ça permettait de limiter leur prolifération".

Les pompiers, eux, ne constatent pas de hausse des interventions. Un constat qui s’explique notamment par le fait que les prestations sont désormais facturées de 51 à 81 euros. Débordés par les appels de particuliers ces dernières années, leurs interventions ne se limitent plus qu'aux crèches, EHPAD ou autres lieux recevant un public vulnérable.

L'hiver doux et les canicules en cause

Chez les professionnels de la destruction des nids, le constat est le même : la douceur de l’hiver dernier et la chaleur précoce de cet été est la cause première de la prolifération des guêpes et frelons. "Il faudrait qu’il gèle pendant plusieurs jours pour réguler ces nuisibles, mais cela devient de plus en plus rare", déplore David Kato. En effet, pour que "le nid disparaisse, il faut que la reine des guêpes meure", confirme Faruk. Or, si les températures restent positives cet hiver, elle survivra et pondra d’autres œufs dès le printemps prochain. L'hiver dernier qui a été assez doux est aussi la cause de cette prolifération, selon Christophe Brua, président de la Société Alsacienne d'Entomologie (SAE). 

En plus de leur nombre croissant, l’effet invasif est davantage perceptible cette année. Avec les canicules successives de cet été, les hyménoptères ont eu tendance à s’approcher des habitations pour chercher à s’hydrater et à manger. "Nous avons eu des interventions dans des piscines remplies de guêpes au mois d’août", explique le co-fondateur de Dard des villes.

Leur nid ne doit pas être bouché, car elles vont tenter d’entrer directement dans l’habitation

David Kato, gérant de l'entreprise DKM Experts

Les chaleurs de ces dernières semaines viennent donc offrir aux guêpes, un cocktail idéal pour se blottir contre nos toitures, caissons de volets roulants, et même notre mobilier. "Un monsieur nous a appelés, car un nid de guêpes s’était formé dans l’accoudoir de son canapé", explique Faruk. Dans ces situations, les entreprises recommandent de ne surtout pas intervenir soi-même : "Leur nid ne doit pas être bouché, car elles vont tenter d’entrer directement dans l’habitation en mangeant le placo", avertit le directeur de DKM Experts. 

La guêpe essentielle à la biodiversité

Tous les nids n'ont toutefois pas la nécessité d'être détruits, selon le président de la SAE. "On a souvent peur de ce que l'on ne connaît pas. Il y a plusieurs espèces qui peuvent cohabiter avec l'homme", explique-t-il, "La Poliste, par exemple, ne pique pas. Elle est facilement reconnaissable car elle vole lentement et ses pattes arrières sont allongées et pendent dans le vide". 

La guêpe a, malgré elle, un rôle important à jouer dans la biodiversité. "Elle est omnivore et permet de réguler certaines espèces d'insectes, comme les araignées ou les chenilles", indique-t-il, "Au même titre que l'abeille, elle a un rôle de pollinisateur qui n'est pas négligeable". 

Alors avant de vouloir asperger d'insecticide, qui en plus "peut tuer les papillons venant hiberner dans nos toitures", il convient peut-être de demander l'expertise d'un entomologiste sur la nécessité de tuer ces petites bêtes jaune et noire. 

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