Prix du carburant : les stations-service d'Alsace dopées voire débordées par les Allemands, "c'est vraiment inédit"

La guerre en Ukraine a entraîné une hausse des prix du carburant partout en Europe. L'envolée est particulièrement forte en Allemagne. Depuis début mars, les frontaliers se précipitent en Alsace pour faire le plein.

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C'est un peu le monde à l'envers, le basculement d'un équilibre. Alors que les Allemands avaient l'habitude de voir débarquer les Français dans leurs stations-services, c'est tout l'inverse qui se passe depuis début mars : désormais, ce sont eux qui traversent massivement la frontière pour faire le plein. 

La faute à une hausse des prix du carburant engendrée par la guerre en Ukraine, encore plus marquée en Allemagne qu'en France. À Roeschwoog (Bas-Rhin) - moins de dix kilomètres du premier village situé Outre-Rhin - les deux employées de la station TotalEnergies ont clairement remarqué la hausse de l'activité. 

"On n'est pas encore à moitié-moitié avec nos clients français, mais pas loin. Alors qu'avant, les Allemands ne venaient pas chez nous, affirme l'une d'elle. C'est assez exceptionnel, on débite beaucoup plus que d'habitude."

Pénuries de carburant, vols... les stations se réorganisent

Au point d'avoir subi une pénurie de carburant pendant quelques jours, autour du week-end des 19 et 20 mars. Alors désormais, les bidons doivent rester dans les coffres. Interdit de les utiliser, pour satisfaire plus de clients. Une réorganisation nécessaire, dont ne se plaint évidemment pas la station : "Le litre de gazole est à 2,10 euros ce samedi (26 mars). On est parmi les moins chers dans le coin grâce à la remise de Total. La différence avec l'Allemagne n'est plus aussi grande qu'il y a une ou deux semaines où elle était de 20 centimes, mais les Allemands continuent de venir", explique encore l'employée.

Cette "bonne nouvelle" est constatée un peu partout le long de la frontière. Comme dans cette station du même groupe installée à Strasbourg, au pied du pont de l'Europe, tout près de Kehl. Les voitures immatriculées en Allemagne se succèdent, avec toujours le même motif.


"C'est beaucoup moins cher
, insiste un client. Chez moi, j'aurais dû payer 15 centimes de plus le litre. Je me rends à Strasbourg pour un événement professionnel, j'ai regardé avant de partir où le plein me coûterait le moins sur le trajet et c'est ici."

Un couple originaire de Stuttgart est à une pompe un peu plus loin. Il est sur le départ après quelques jours de vacances dans le vignoble alsacien. "On a décidé de remplir notre réservoir au dernier moment car c'est bien plus avantageux qu'en Allemagne."


Mais la majorité des clients allemands viennent de Kehl. Ils ont déjà fréquenté la station-service plusieurs fois ces dernières semaines. "J'ai besoin de ma voiture pour le travail, je n'ai pas le choix. On paye 2,14 euros le litre de diesel ici, à Kehl c'est 2,22 euros aujourd'hui", soupirent la plupart d'entre eux.

Une affluence record, et des voitures qui patientent sur plusieurs centaines de mètres certains jours. Du jamais-vu pour l'employé : "On a été obligés de changer notre façon de faire. Maintenant, les clients doivent payer avant de se servir car il y a eu des vols. Deux, trois, même quatre par jour, contre un par semaine avant. Cela représente 400 euros de pertes", indique-t-il, sans communiquer sur la hausse du chiffre d'affaires enregistré depuis début mars.

Les Français aussi sont de retour

À Seltz, le patron du SuperU parle d'une augmentation de 15 % environ des volumes de carburant vendu depuis début mars. Elle atteint même 30 % les samedis. Les Allemands, qui se déplaçaient déjà pour faire leurs courses au supermarché, font maintenant également le plein d'essence ou de diesel.

"C'est vraiment inédit, il y a un peu de queue à la pompe, confie Daniel Nonnenmacher. On est à un carrefour routier, le flux de véhicules est là et les conducteurs prennent la décision de s'arrêter en fonction de l'affichage tarifaire."

On ne peut pas parler de ruée sur les pompes mais une augmentation sensible, ça, c'est évident.

Yvan Spor, propriétaire du SuperU de Marckolsheim

Pareil à l'Intermarché de Volgelsheim, dans le Haut-Rhin, et au SuperU de Marckolsheim, en Alsace centrale. Non seulement les Allemands sont présents mais, en plus, les Français qui faisaient le plein de carburant de l'autre côté de la frontière sont de retour. "On commandait en général deux camions par semaine, là on est passés à trois, dévoile Yvan Spor, le propriétaire du supermarché de Marckolsheim. On ne peut pas parler de ruée sur les pompes mais une augmentation sensible, ça, c'est évident". 

La situation est partie pour durer

Comme plusieurs de ses collègues patrons, il s'attend à ce que la situation dure, voire s'accentue. Car face à la flambée des prix des carburants, le gouvernement français a décidé qu'une remise de 15 centimes d'euros par litre sera appliquée dès le 1er avril (voir tweet ci-dessous). Elle s'élèvera finalement même à 18 centimes en métropole. Cela représente plus de 9 euros de réduction pour un plein de 60 litres.


Mais les Allemands croisés à la pompe, ce samedi 26 mars, misent d'abord sur les promesses de la coalition au pouvoir dans leur pays : elle vient d'annoncer que la taxe énergétique sur les carburants sera réduite pendant trois mois et ramenée "au niveau minimum européen", soit une réduction de 30 centimes par litre pour l'essence et de 14 centimes par litre pour le diesel.

La différence entre la France et l'Allemagne depuis début mars s'explique par plusieurs facteurs. Des taxes plus élevées Outre-Rhin (le prix du baril est le même partout en Europe), mais aussi la hausse de la taxe carbone instaurée par le gouvernement d'Angela Merkel depuis le 1er janvier : elle est passée de 25 à 30 euros la tonne. Une augmentation qui doit se poursuivre dans les années à venir (5 à 10 % de plus par an). 

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