Le oui a remporté 92% des suffrages de la consultation lancée par la collectivité européenne d’Alsace (CEA) sur la sortie du Grand Est. Un résultat dont le président Frédéric Bierry veut se saisir pour sensibiliser les partis politiques. L'occasion de faire un point sur la position de chacun des principaux candidats (déclarés ou non) à l'élection présidentielle.
Entre la pandémie, la crise à l’est de l’Europe et les inquiétudes liées au pouvoir d’achat, la problématique alsacienne paraît bien loin des préoccupations des candidats à l’élection présidentielle. Mais fort des 92% de voix (142.200 votes) en faveur de la sortie de l'Alsace du Grand Est recueillies dans le cadre de sa consultation citoyenne (voir notre article), le président de la collectivité européenne d'Alsace Frédéric Bierry espère bien interpeller les différents candidats sur la question. Tour d'horizon des différentes positions de chacun.
Emmanuel Macron
On pensait la question alsacienne définitivement refermée à l'Elysée, jusqu'aux révélations du Canard Enchaîné parues le 26 janvier. Dans un article intitulé "les tribulations de Jean Rottner", l'hebdomadaire satirique révèle que si Emmanuel Macron est réélu, il y aurait un "engagement présidentiel" pour le redécoupage de la région Grand Est en vue de redonner son autonomie à l'Alsace (voir notre article). Une façon, selon le journal, de "punir" Jean Rottner après son ralliement à la candidate LR Valérie Pécresse.
La ministre alsacienne du gouvernement, Brigitte Klinkert, par ailleurs élue de la CEA, s'est "réjouie" des 92% exprimés en faveur de la sortie de l'Alsace du Grand Est. L'ancienne présidente du Conseil départemental du Haut-Rhin, qui était initialement opposée à la création des grandes régions, a annoncé qu'elle se ferait "le relais" de ces résultats auprès du président de la République et du Premier ministre. "Chaque fois que je les rencontre, nous parlons de l’Alsace, et ils sont très sensibles à cette question".
Valérie Pécresse
La candidate LR à l'élection présidentielle ne s'est jamais exprimée officiellement sur une possible révision des grandes régions. Mais la réaction de la conseillère régionale (lorraine) Valérie Debord laisse peu de place à l'équivoque. Critique sur les modalités d'organisation de la consultation lancée par la Collectivité européenne d'Alsace, elle dénonce sur le fond "un repli identitaire, une forme de repli sur soi" et défend l'actuelle organisation territoriale.
Anne Hidalgo
Pas de prise de position officielle de l'actuelle maire de Paris qui portera les couleurs socialistes pendant la campagne. Mais on pourrait s'étonner qu'elle redonne son autonomie à l'Alsace, sachant que la loi NOTRe sur la réforme territoriale a été promulguée en 2015, sous le mandat de François Hollande.
Marine Le Pen
La candidate RN est la seule à avoir pris officiellement position dans ce dossier. “Je rendrai l’Alsace aux Alsaciens” avait-elle déclaré le 8 juin 2021 en marge d'un déplacement à Laxou, en Meurthe-et-Moselle. Elle estimait alors "raisonnable" de revenir aux 22 régions d'avant la réforme territoriale, qu'elle qualifiait alors de “technocratique” et manquant “de chair". “Voir disparaître l’Alsace, cela me pose un énorme problème au regard de l’attachement à notre identité, au regard de notre enracinement, de l’histoire, de la spécificité, de la diversité de notre pays”, avait-elle développé.
Eric Zemmour
Pour Eric Zemmour, les grandes régions ne marchent pas et coûtent trop cher. Le coordinateur régional de son mouvement Reconquête dans le Grand Est, Patrick Muller, confie que le candidat s'interrogerait sur une possible suppression des régions pour renforcer le pouvoir des départements. "Et il a conscience de la problématique alsacienne", ajoute-t-il. Mais cette page "régions" du programme serait loin d'être bouclée.
Yannick Jadot
Les écologistes se montrent critiques vis-à-vis de l'organisation de la collectivité européenne d'Alsace, qui n'a pas fait l'objet d'un vote des élus. "A l'instar du projet porté par Yannick Jadot [...], nous souhaitons soumettre à référendum les futures réformes territoriales", annoncent-ils par voie de communiqué, exprimant ainsi leur mécontentement. Une tribune qu'ils saisissent pour réclamer un changement de mode de scrutin : "l'Alsace a vocation à retrouver son assise historique à la condition de pouvoir disposer de moyens propres et de leviers de transformation puissants. A la condition aussi de corriger cette absurdité du scrutin majoritaire qui exclut totalement ou partiellement de l'assemblée l'essentiel des courants politiques, à l'exception de la droite et du centre-droit."
Jean-Luc Mélenchon
"Le candidat insoumis ne fera pas d'exception alsacienne", annonce son référent dans le Grand Est, Léo-Paul Latasse. Pour autant, Jean-Luc Mélenchon s'interrogerait sur le contour des actuelles grandes régions. "Nous sommes très critiques vis-à-vis d'elles", explique son représentant. Le candidat réfléchirait à un autre découpage des régions, calé sur les contours des différentes agences de l'eau françaises.