Témoignage. "Que la peur change de camp" : victime d'une tentative d'homicide, Rachel redoute une libération anticipée de son ex-compagnon

Publié le Écrit par Philippe Dezempte et Marie Coulon
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Rachel a été victime en 2013 d'une tentative d'assassinat commanditée par le père de son enfant qu'elle était sur le point d'épouser. Condamné à 27 ans de réclusion criminelle en 2017, ce dernier pourrait retrouver la liberté dans les mois qui viennent. Une situation inacceptable pour Rachel qui a décidé de médiatiser son histoire

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Son histoire fait froid dans le dos. Le 6 avril 2013, alors qu'elle réside dans le département du Gard à Alès, Rachel est en train de dormir aux côtés de son compagnon lorsqu'un individu surgit, au milieu de la nuit, dans leur chambre à coucher. L'homme est menaçant et surtout, il est armé. Il ne va pas hésiter à faire feu immédiatement sur Rachel. Elle s'est confiée à notre équipe de reportage.

L'agresseur lui tire dessus à trois reprises

"Je vois un homme tout vêtu de noir au pied de mon lit qui se précipite sur moi, raconte Rachel, encore hantée par l'horreur de cette nuit de printemps, il m'ordonne de ne pas bouger. Je prends une première balle dans la poitrine. Je prends une deuxième balle dans la cuisse. Je prends une troisième balle dans le mollet, lequel a littéralement explosé". Rachel ne comprend pas ce qu'il lui arrive à ce moment-là. Elle propose à son agresseur de prendre de l'argent et des bijoux. "Partez, on a un bébé", dit la jeune femme à l'homme en noir. Alors que son arme s'est subitement enrayée, celui-ci finit par quitter les lieux. Rachel s'en sortira miraculeusement.

Une incroyable machination

À l’époque, la piste du cambriolage qui a mal tourné est rapidement écartée. Les enquêteurs s'intéressent en effet à un scénario beaucoup plus machiavélique. Après huit mois de travail, ils établissent que cette tentative d'assassinat a été commanditée par Fabrice Autrand, un ingénieur âgé de 45 ans au moment des faits. L'homme n'est autre que le fiancé de la victime, le père de son petit garçon de dix mois. Une incroyable machination que Rachel découvre avec effarement. 

"Il a dupé tout le monde, tout notre entourage, se souvient Rachel, le ciel m'est tombé sur la tête". Aux enquêteurs, l'homme a expliqué qu'il voulait mettre fin à un conflit ouvert entre sa propre mère et Rachel. Pour éliminer son épouse, il avait même échafaudé plusieurs plans dont un accident de voiture ou une pendaison. C'est finalement le faux cambriolage et l'assassinat par arme à feu qu'il avait retenu. Devant les assises du Gard, Fabrice Autrand sera reconnu coupable de complicité de tentative d'assassinat le 8 mars 2017. Il écope de vingt-sept ans de réclusion criminelle. Le tireur, un agent de sécurité, sera condamné à vingt de prison.

Une libération anticipée en 2025

Au moment du verdict, Rachel se rappelle avoir été "vraiment soulagée", le jury ayant suivi les réquisitions. Problème : ce sentiment a depuis laissé place à l'incompréhension, car, comme le permet la loi pénale, Fabrice Autrand pourrait obtenir dès l'année prochaine une libération anticipée. Avant même d'avoir purgé la moitié de sa peine. L'homme se serait bien conduit en prison depuis le début de sa détention. Il aurait profité de plusieurs permissions de sortie et a obtenu une promesse d’embauche.  
Alors que son ex-compagnon pourrait sortir de prison en janvier prochain, Rachel est très inquiète : "je crains pour mon fils, pour moi, confie la jeune femme, cela envoie un message dangereux à tout le monde, car si les assassins ne font pas l'intégralité de leur peine, personne n'est en sécurité". 

Une lettre à Emmanuel Macron

Rachel est aujourd'hui bien décidée à empêcher la libération anticipée de Fabrice Autrand. Elle a écrit au président de la République pour que "ça change au niveau des lois, explique-t-elle, qu'il n'y ait plus de possibilités de libération anticipée dans les cas de crimes graves. Il est temps que la peur change de camp". 

La décision sera rendue en janvier et d'ici là, Rachel entend continuer son combat. Pour cela, elle rencontre les médias pour raconter son histoire et propose au public de signer sa pétition en ligne.

 

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