Trois hommes originaires de Wissembourg comparaissent devant le TGI de Paris pour association de malfaiteurs en liaison avec une entreprise terroriste. Ils avaient tenté de rejoindre la Syrie quelques mois après l'attentat du Bataclan, dont ils connaissaient l'un des kamikazes.
Ils avaient été arrêtés en janvier 2017 à leur domicile respectif dans le Bas-Rhin. Mustafa Savas, Alperone Can et Said Ighli comparaitront devant le TGI de Paris ce lundi 11 et mardi 12 juin 2018 pour association de malfaiteurs en liaison avec entreprise terroriste. Tous fichés S, sous surveillance pour la "sûreté de l'Etat" et originaires de Wissembourg, ils avaient tenté de rejoindre la Syrie.
Le 6 mai 2016, les trois hommes partent de Wissembourg direction la zone irako-syrienne. Ils seront bloqués à la frontière entre l'Autriche et la Slovénie, pour un problème de papiers. Alperen Can n'a, en effet, sur lui qu'un permis de conduire. Les Bas-Rhinois doivent faire marche arrière. Retour en Alsace.
Interrogés à leur retour par les services de renseignement, ils sont laissés libres mais placés sur écoute. Les trois hommes ne seront interpellés que début 2017, notamment après des écoutes téléphoniques qui confirment leur radicalisation aux yeux des enquêteurs. L'avocat d'Alperone Can, joint ce dimanche explique que "la défense a peu de marge de manoeuvre dans un contexte de sévérité accrue" de la justice qui tend à considérer que tout départ en Syrie postérieur aux attentats de 2015 nourrit une vocation terroriste.
Il plaidera lors du procès "l'absence de passage à l'acte"
Un ancien policier dans le groupe
Saïd Ighli, âgé de 30 ans au moment des faits, a travaillé pour la police municipale de Wissembourg - "en tant qu'emploi-jeune". Il a par la suite intégré les rangs de la Direction départementale de la sécurité publique du Bas-Rhin. Fait un passage par la police nationale à Haguenau puis Strasbourg en tant qu'adjoint de sécurité. Il en aurait été finalement renvoyé pour vol. Mais le Wissembourgeois, né en 1986, s’était jusque-là surtout fait connaître dans le milieu du football amateur. Passé par le centre de formation du Racing Club de Strasbourg, il avait pris part à l’épopée du FCE Schirrhein en Coupe de France en 2009..
Dans le sillage de Mohammed Aggad
Deux d'entre eux avaient déjà tenté de rejoindre la Syrie. Notamment Mustafa Savas arrêté à Wissembourg. Il faisait partie du groupe des 11 Bas-Rhinois parti en décembre 2013 pour combattre le régime de Bachar-el-Assad. Mais à l'époque son père l'avait empêché de monter dans l'avion à Francfort. Dans ce groupe figurait, Foued Mohamed Aggad, le kamikaze wissembourgeois du Bataclan.
Mais aussi son frère, Karim, condamné avec 6 autres Alsaciens en appel en mai 2017 à des peines de 7 à 9 ans de prison pour association de malfaiteurs en vue de commettre des actes de terrorisme.
"Ce n'est pas un acte isolé et précipité mais bien l'aboutissement d'un processus d'adhésion aux thèses de l'Etat islamique", ont considéré les deux juges d'instruction en charge de l'affaire, indiquent ce dimanche matin les Dernières nouvelles d'Alsace . Les trois hommes sont appelés à comparaitre devant la 16e chambre correctionnelle du TGI de Paris le lundi 11 et le mardi 12 juin 2018.