Les présidents français Emmanuel Macron et allemand Franck-Walter Steinmeier, sont présents ce 10 juin aux cérémonies des 80 ans de la commémoration du massacre d'Oradour-sur-Glane. Une délégation alsacienne est également sur place.
Ce lundi 10 juin 2024 marque le 80ème anniversaire du massacre d’Oradour-Sur-Glane, en Haute-Vienne. Une journée mémorielle qui réunit les descendants du village supplicié, mais aussi de nombreuses personnalités. On compte ainsi les présidents français et allemands, mais aussi une délégation alsacienne.
Parmi ceux qui ont fait le déplacement, Roland Ries, Frédéric Bierry, Jeanne Barséghian et Danielle Dambach. L'ancien maire de Strasbourg avait été le premier à faire le voyage il y a 26 ans, pour rapprocher Limousins et Alsaciens.
Très difficile après le massacre commis par deux cents Waffen SS de la division Das Reich. Parmi eux 13 Alsaciens, 1 engagé volontaire et 12 Malgré-nous, jugés au procès de Bordeaux en 1953. Mais ce procès n'a rendu justice à personne, ni à Oradour, ni aux incorporés de force (les Malgré-Nous.) Une rupture d'un demi-siècle a suivi.
Un pas important vers une possible réconciliation ?
Roland Ries est sur place ce lundi 10 juin 2024, pour les 80 ans de la commémoration. C’est lui qui avait fait le premier pas en 1998 avec son homologue de l'époque Raymond Frugier. Il a été le premier officiel alsacien à participer aux commémorations du massacre. "Le courant est passé entre nous" raconte Roland Ries, "on s'est dit qu'il fallait dépasser cette méfiance, ces accusations réciproques."
Présent également aux commémorations des 80 ans, Frédéric Bierry, au nom de la Collectivité Européenne d'Alsace. Il a déposé une gerbe en hommage aux victimes.
L'actuel président de la CEA était déjà venu à plusieurs reprises, quand il était maire de Schirmeck. "Nos échanges avaient été facilités grâce aux échanges préalables entre Raymond Frugier et Roland Ries", indique Frédéric Bierry. Il avait également invité le maire de la commune martyr au moment de l'inauguration du Mémorial de Schirmeck en 2017.
"Bien évidemment c'est un moment d'histoire, de recueillement, d'hommage aux victimes et parmi les victimes, il y avait des Alsaciens. Je crois que symboliquement, il était important d'être là aujourd'hui."
Le procès de Bordeaux avait laissé des souffrances dans les deux régions, aujourd'hui les liens ont évolué et paraissent plus apaisés. Mais pour le président de la CEA, il faut continuer le rapprochement.
"Le devoir de mémoire et le droit à la mémoire des victimes est quelque chose d'important"
Frédéric Bierry, président de la Collectivité européenne d'Alsace
⚫️Oradour-sur-Glane, 80 ans après. #10juin1944 pic.twitter.com/DAVgcaE1Mp
— Frédéric BIERRY (@F_Bierry) June 10, 2024
Ce lundi 10 juin, la maire de Strasbourg, Jeanne Barséghian, a également fait le déplacement. "C'est une histoire dramatique, tragique qui unit nos villes et nos régions. Aujourd'hui, la présence des deux présidents francais et allemand est une symbolique forte, c'est un message pour l'Europe et pour la paix."
Elle se réjouit de la présence de nombreux jeunes et enfants à ces commémorations. "On a la responsabilité aujourd'hui de transmettrre cette histoire, de rappeler l'horreur des crimes de la seconde guerre mondiale et de rappeler aussi la réconcialisation qui a pu suivre difficilement."
La présence essentielle des Alsaciens aux 80 ans d'Oradour
"On est aussi là pour rappeler la douleur en Alsace des incorporés de force", souligne Jeanne Barséghian. "Pour les liens d'amitié qui se sont tissés entre nos régions au fil des décennies. Et je n'oublie pas non plus que dans le sud-ouest de la France, nombreux ont été les territoires qui ont su accueillir les Alsaciens et notamment des Strasbourgeois évacués. C'est une histoire douloureuse, mais aussi une histoire d'accueil et d'hospitalité qui unit nos territoires aujourd'hui."
Pour Raymond Frugier, maire pendant trois mandats à Oradour-sur-Glane, "cette réconcilialtion n'allait pas de soi à une certaine époque, surtout après un long silence de plus d'un demi-siècle, consécutif au procès de Bordeaux et à la loi d'amnistie."
Pour cette figure emblématique, les étapes ont été progressives."C'est le 10 juin 1998 que j'ai invité Roland Ries, ce n'était pas facile. Mais quand je vois 26 ans après, combien cela semble naturel, je me félicite un peu d'avoir entrepris cette démarche. Je me suis dit qu'il fallait mutualiser cette souffrance et que c'était le meilleur moyen d'avancer. Aujourd'hui, ce sont des relations de confiance, apaisées et amicales."
Présente aussi la maire de Schiltigheim, Danielle Dambach, car on l'ignore encore souvent, mais parmi les victimes d'Oradour, il y avait également des familles de Schiltigheim, qui avaient été évacuées d'Alsace en 1939. "A Schiltigheim, il y a eu à la fois des victimes qui ont péri dans l’église et dans la grange et de l’autre côté des Schilikois dans la division Das Reich. Je ne sais pas si cela se savait à l’époque, mais c’est un vrai drame." A quoi Danielle Dambach ajoute : "Il ne faut pas oublier, mais rester en contact pour dialoguer, de manière à ce que la paix soit préservée."
Ces cérémonies ont eu comme point d'orgue, en milieu de journée, l'hommage national rendu par les deux présidents Macron et Steinmeier.
"Imagine", l'hymne pacifiste écrit par John Lennon en 1971, entonné en ouverture de la cérémonie d'hommage aux victimes #Oradour pic.twitter.com/o2hc3I7yE9
— France 3 Limousin (@F3Limousin) June 10, 2024
Environs trois mille personnes ont participé à cet hommage national, dont 200 lycéens.