Ardennes : "du jamais vu en 30 ans, je peux traverser la Semoy avec des bottes, il n'y a presque plus d'eau"

La sécheresse est bien là. La rivière Semois en Belgique ou La Semoy (côté français) est à l’agonie : les niveaux d’eau relevés sont de plus en plus bas chaque été, et cette année, à certains endroits, c’est devenu un filet d’eau au milieu des cailloux.
 

Jean Marie Nicolas, 68 ans, habite depuis 1958 le petit village des Hautes-Rivières dans les Ardennes et il n’en revient toujours pas : il n’est plus obligé de prendre le pont pour traverser la Semoy, qui coule devant chez lui, sa simple paire de bottes pourrait aujourd’hui lui suffire.

On savait que cette rivière, née à Arlon en Belgique, et qui porte deux noms suivant le pays qu’elle traverse, n’est pas un torrent impétueux depuis sa source, mais, force est de constater en cette fin d’été 2019, qu’elle est devenue un lit de cailloux où l’eau cherche encore sa place. Les fortes chaleurs estivales ont eu raison de sa vivacité, et le constat est alarmant. "C’est de pire en pire et là, ça fait longtemps qu’il n’a pas plu. J’ai un puits et il est pratiquement à sec. D’habitude, même sur la dalle du bord de rivière il y a de l’eau au-dessus, et là, plus rien ! ".

Avant, j’allais à la pêche ici, mais maintenant, on ose plus pêcher dans si peu d’eau. En 1995 (les grandes crues historiques), l’eau arrivait au-dessus de nos têtes, aujourd’hui, je peux traverser en bottes comme ça et je n’aurai pas d’eau.
- Jean Marie Nicolas, habitant de Hautes-Rivières et riverain de la Semoy.


Si la Semois belge peut s’enorgueillir de s’étendre sur près de 200 km en Wallonie avant de perdre son accent aux portes de France à Hautes-Rivière, les 23 derniers kilomètres français parsemés de nombreux méandres lui enlèvent encore au passage un peu de sa vigueur. Et  cette année, c’est le coup de grâce, les caprices d’un fleuve subissent les caprices de la météo.  

 Kayaks en vrac côté belge

Pour les professionnels du tourisme, la Semoy est la belle carte postale qu’ils proposent avec ses descentes en kayaks, ses locations de pédalos et autres balades sur la rivière. Côté belge, ils l’avaient compris depuis le début à Alle-sur-Semois, au départ des parcours de bateaux. Mais depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. Pas assez peut-être car, un mètre d'eau en moins, et toute l'activité nautique se paralyse au pied des canoës.   

"C’est la troisième année consécutive que Les voies hydrauliques de la région wallonne nous interdisent de louer quand le débit de la rivière est au minimum à 2,2 mètres cubes seconde. Depuis le 20 juillet on ne loue plus, on est à 1,47 mètre cube seconde. On a perdu un tiers du chiffre d’affaire donc, on fait d’autres activités comme le Paintball, le tir à l’arc, du bazooka Ball pour les enfants, la plaine de jeux, le restaurant".

Le problème du manque d’eau aussi c’est que les gens qui louaient les kayaks devaient souvent descendre et tirer le canoé. En plus, les kayaks abiment le fond de la Semois à force de frotter. De toutes façons,  en dessous de 2,2 mètres cubes seconde, ce n’est même plus agréable de descendre la rivière.
- Sébastien Wauquaire, gérant de la location de kayaks à Récréalle Belgique

Les parcours proposés sur la Semois belge en direction de Monthermé, lorsque le niveau est satisfaisant.  


Ce gérant de base de loisirs voit dans le réchauffement climatique la cause de ses déboires. Cette année encore, ses 200 kayaks et ses dizaines de pédalos vont s’entasser sur le quai et au bord de la Semois. Il faudra, d’après lui, attendre les pluies de l’hiver pour appréhender l’année prochaine avec plus d’optimisme.     


Silence, ça pousse

A plusieurs endroits, entre les méandres de la Semois, de Bouillon à Monthermé dans les Ardennes, les reflets scintillants de l’eau ont laissé place à une végétation envahissante au développement chaotique. Un mince filet d’eau tente une percée dans le marais aux plantes invasives des rives du cours d’eau. De véritables arbustes s’installent le temps d’un coup de chaud sur le lit de la rivière. La Semoy change de visage.
 
 

Tout s'arrête aussi côté français

Il suffisait de mouiller son embarcation côté français jusqu' au 4 septembre dernier pour s'autoriser néanmoins quelques coups de pagaies au milieu des roseaux, mais, un arrêt préfectoral plus tard: "considérant la situation de crise sur la rivière Semoy, les sports nautiques sont interdits sur ce cours d’eau comme c’est le cas côté belge, la hauteur d’eau ne permettant pas la circulation des embarcations." - Préfecture des Ardennes.
 
 


 
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