Vendredi 7 janvier 2022, trois Ardennais comparaissaient devant le tribunal correctionnel de Charleville-Mézières. Ils sont accusés d’avoir développé un commerce illicite d’animaux sauvages. Après deux heures d’audience, l’affaire a finalement été renvoyée au 20 mai prochain.
Ils avaient déjà été convoqués en comparution immédiate en décembre 2021. Vendredi 7 janvier 2021, trois Ardennais dont un vétérinaire, installé à Charleville-Mézières, comparaissait une nouvelle fois devant le tribunal. Ils sont soupçonnés de trafic d’animaux sauvages. Les chefs d’accusation sont les suivants: infractions relatives à la détention et cession et transport d’animaux sauvages, en l’espèce des caracals et des servals.
L’affaire avait été révélée en mai 2020 par nos confrères du Parisien. A l’époque, un serval, félin habitué aux savanes humides d’Afrique, est retrouvé dans un petit appartement à Vrigne-aux-Bois dans les Ardennes après le signalement des voisins.
Un trafic bien organisé
Le parquet de Charleville-Mézières décide d’ouvrir une enquête pour essayer de remonter la filière. Quelques semaines plus tard, le réseau est repéré puis démantelé. Le trafiquant achetait des espèces protégées (singes, tortues exotiques, caracal et serval) aux Pays-Bas et les revendait entre 4.500 euros et 8.000 euros en France avec l’aide d’un complice.
En plus des deux trafiquants, un vétérinaire comparaissait aussi devant le tribunal. La justice lui reproche d’avoir implanté aux espèces protégées une puce électronique ICAD, destinée aux chiens, chats et furets. Une technique pour ne pas attirer l’attention des différents services de l’Etat et “pour faire croire que ces espèces étaient des animaux domestiques”, précise Maitre Patrice Grillon, avocat de l'Association Stéphane Lamart qui œuvre dans la défense et la protection des animaux.
Après plus de deux heures d’audience, l’état d’esprit pour l’avocat et l’association reste le même. “Nous prenons notre mal en patience”. Avec ce renvoi, d’autres protagonistes de la clinique vétérinaire vont être entendus. Ce supplément d’informations a d’ailleurs été demandé par le conseil national de l’ordre vétérinaire.
“Si cela permet de mettre la lumière sur d’autres vétérinaires, c’est une bonne chose”, réagit le président de l'Association Stéphane Lamart. “C’est toute la profession vétérinaire qu’il faudrait sensibiliser de nouveau aux droits des animaux et faire prendre conscience qu’avant tout ils font ce métier pour l’amour des animaux.”
Le vétérinaire conteste les faits
Le vétérinaire, sous contrôle judiciaire, pourra reprendre son travail à la clinique, mais a l’interdiction, pour le moment, de procéder à des identifications d’animaux (puce électronique). Lui, nie toute implication dans ce trafic.
Les deux autres protagonistes ne contestent pas les faits. Un des deux est déjà en récidive (sur un trafic de singes). Ils restent sous contrôle judiciaire également et doivent se présenter une fois toutes les deux semaines à la gendarmerie de secteur (contre une fois par semaine jusqu’à maintenant).
Les trois Ardennais, s’ils sont reconnus coupables par le tribunal, risquent trois ans de prison ferme et 150.000 euros d’amende.