A Donchery (Ardennes), l'affaire fait grand bruit. Le maire, Christian Welter, voulait réaliser des tests covid avant la rentrée le 11 mai prochain. Il s'est vu opposer une fin de non-recevoir. Il a décidé par arrêté de garder l'école fermée jusqu'à nouvel ordre.
"Avec l’administration, tout est bloqué même pour un permis de construire !" Le premier magistrat de Donchery n’est pas réputé pour avoir sa langue dans sa poche et il ne porte pas en odeur de sainteté l’ARS, l’agence régionale de santé.
Il y a quelques jours, alors que bon nombre de maires se posaient la question de la réouverture des écoles primaires, Christian Welter, ancien médecin, émet son intention : faire passer des tests au covid19 aux populations ayant, de près ou de loin, un rapport avec l’école et ce au nom du principe de précaution. "On aurait testé 50 à 60 personnes grand maximum, le personnel de l’école, les instituteurs, les personnes aux contacts fréquents avec l’établissement", explique le maire de la petite commune de 2.500 habitants, plutôt remonté.
Dans sa démarche, le maire propose de fournir lui-même les tests. "Je me suis tourné vers l’ARS, l'agence régionale d’hospitalisation qui m’a répondu qu’elle n’avait pas de tests." Celui qui fut médecin généraliste sait comment s’en procurer. De même pour les masques. Il explique : "je me suis procuré 700 masques dans les Vosges."
Mais il se trouve très vite retoqué par l'ARS justement, qui met un frein à son idée. "On est dirigé par une administration très directive qui n’a pas les bonnes réponses, c'est ça la rigidité administrative." Et dans la lignée d’autres praticiens proches de Didier Raoult, il reproche au gouvernement de ne pas avoir pu fournir des masques aux collectivités.
"Corée du Nord !"
L’élu se risque même à dire : "En Corée du Nord, on n’a pas confiné la population, les malades ont été soignés à la chloroquine et à l'hydroxychloroquine, chacun pouvait avoir accès aux tests et aux masques. Mais pas en France !"Les tests justement. Interrogée, l’agence régionale de l’hospitalisation et son représentant dans les Ardennes reste droit dans ses bottes. Pas question pour le maire de faire des tests, même s’il les fournit. A l’ARS, le discours se veut, disons plus châtié, mais on sent un certain agacement face à une initiative qui selon Nicolas Villenet, le directeur de l'agence, serait "très isolée."
Il ajoute : "le département a mis en place une stratégie avec le personnel de santé, c’est une déclinaison nationale validée par le Préfet et les services de l’Etat." Nicolas Villenet qui rappelle le dispositif mis en place à compter du 11 mai, à savoir cinq "drive" permettant, sur prescription médicale, de se faire dépister : à Givet, Charleville-Mézières, Sedan, Rethel ou Vouziers. Un partenariat a été passé avec les laboratoires privés pour permettre dans un premier temps, la semaine du 11 mai, d'avoir de 300 à 400 tests par jour. En lien avec la CPAM, les résultats seront ensuite connus sous 24 heures.
Quant à l’attitude du maire de Donchery, l’agacement est bien là : "Si, à partir de cette organisation et au-delà, des personnes veulent faire leur propre organisation, cela ne peut pas fonctionner", résume l'ARS.
Garder son sang-froid
Et de préciser que, par rapport à la gestion du covid19, "il faut garder son sang-froid et que tout le monde respecte cette auto-discipline." Voilà qui est peu du goût du maire qui joue la surenchère. Visiblement, les deux hommes se sont entretenu au téléphone, "un échange qui a été très courtois" note l’ARS mais qui a conforté son représentant dans son idée de refuser les tests pour Donchery.Pour Christian Welter, l’épisode est symptomatique d’une situation grave quant à la gestion de la pandémie. Proche des théories de Didier Raoult, il explique s’être mis en rapport avec ses services pour l’interroger sur les tests viraux. Convaincu du fait que les traitements proposés par ce médecin très médiatisé sont efficaces. Il regrette également l’absence de masques et de tests dès le déclenchement de la pandémie en France. Visant aussi les spécialistes en infectiologie et épidémiologie que, pointe-t-il "on voit sur les plateaux télé et qui sont proches des laboratoires pharmaceutiques."
Alors, le 11 mai, tandis que quelques enfants reprendront le chemin de l’école, à Donchery les portes resteront closes. "J'ai pris un arrêté en ce sens, je suis le maire de la commune et je ne vois pas pourquoi je devrais assurer les responsabilités d’une administration défaillante."