Coronavirus et déconfinement : dans les Ardennes, les élus protestent contre le classement en rouge du département

La plupart des élus ardennais s'élèvent contre la carte de déconfinement dévoilée la semaine dernière. Redoutant des conséquences sur l'attractivité du département, des dizaines de politiques locaux adressent une lettre au gouvernement, lui demandant de revoir le classement en rouge du territoire.

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"Une grande surprise", "c'est l'incompréhension", "une classification injuste". Dans la bouche de tous les élus ardennais, les mêmes mots reviennent. Députés, sénateurs, conseillers départementaux ou maires, la plupart des personnalités politiques locales s'insurgent contre le classement en rouge des Ardennes dans la carte du déconfinement. Selon eux, aucun critère sanitaire ne justifie cette décision, dont ils redoutent l'impact économique.

Jeudi 7 mai, la carte définitive sera dévoilée. D'ici là, Bérangère Poletti, députée Les Républicains (LR), espère que le ministère des Solidarités et de la Santé modifiera son classement. La parlementaire est à l'origine d'une lettre ouverte adressée ce lundi à Olivier Véran, signée par des dizaines d'autres élus locaux. Dans ce courrier, ces derniers interpellent le ministre et lui demandent "de bien vouloir réexaminer [son] classement initial qui heurte les Ardennaises et les Ardennais". Boris Ravignon, maire LR de Charleville-Mézières, Benoît Huré, sénateur LR, Didier Herbillon, maire socialiste de Sedan, plusieurs conseillers départementaux et plus d'une vingtaine de conseillers municipaux issus de diverses communes figurent parmi les signataires. Bérangère Poletti se réjouit de cette mobilisation : "Le poids d'une démarche collective est plus important. Il n'y a rien de politicien", explique-t-elle.
 

Les Ardennes relativement épargnées par l'épidémie

L'argument principalement avancé concerne la gestion de la crise sanitaire. Les Ardennes demeurent relativement épargnées par l'épidémie de covid-19. Pour l'instant, le département comptabilise 39 décès, soit le plus petit total du Grand Est. "Tout le monde est d'accord pour dire que nous avons bien géré cette affaire. Notre résultat est bon", affirme Bérangère Poletti.

Dans ce cas, qu'est-ce qui justifie le classement des Ardennes en rouge ? D'après Noël Bourgeois, président Les Républicains du conseil départemental et signataire de la lettre ouverte, si le virus ne circule que très peu dans le département, "le taux d'hospitalisations en réanimation a fait pencher la balance". Problème : ce taux "semble avoir été établi à l'échelle régionale, en prenant en compte les statistiques de tout le Grand Est, et non au niveau régional". Selon les chiffres datant du dimanche 3 mai, les Ardennes dénombrent 47 personnes hospitalisées, dont 10 en réanimation. À titre de comparaison, le Bas-Rhin compte 837 patients, dont 142 en réanimation. "La méthode de calcul employée, qui repose sur une moyenne régionale, est mauvaise, juge Noël Bourgeois. J'adhère complètement à l'appel de Bérangère Poletti."

 

Cet étonnement teinté de colère dépasse les clivages politiques. Le maire socialiste de Sedan, Didier Herbillon, fait partie des premiers élus ayant dénoncé la carte du déconfinement. "Je rejoins totalement Bérangère Poletti, assure-t-il. Certes, définir un îlot vert au milieu d'un océan de départements rouges donnerait une image assez bizarre, mais cela correspondrait à la réalité." Si l'édile défend lui aussi cette idée, c'est parce qu'il redoute les conséquences néfastes qu'un classement en rouge pourraient avoir sur le plan économique, notamment d'un point de vue touristique.

Les Ardennes souffrent parfois d'un déficit d'image, d'attractivité... C'était l'occasion de montrer que l'on pouvait venir ici en toute sécurité
- Didier Herbillon, maire (PS) de Sedan
 

Selon lui, alors que plusieurs événements importants ont été annulés, comme le festival du "Cabaret Vert", un classement en vert représenterait une opportunité pour le territoire : "Les Ardennes ont énormément d'atouts. C'est une terre verte, avec beaucoup de sites naturels, de beaux paysages. Ce serait dommage de passer à côté de cela. Les Ardennes souffrent parfois d'un déficit d'image, d'attractivité... C'était l'occasion de montrer que l'on pouvait venir ici en toute sécurité."

Dans la perspective du déconfinement, le gouvernement a publié une liste des activités permises, à partir du 11 mai, en fonction de la couleur des départements. Exemple : si le classement des Ardennes en rouge était confirmé, les parcs et jardins resteraient fermés, au moins jusqu'au 1er juin. "Moi-même, je reconnais que me rendre dans un département classé rouge ne me donnerait pas envie. C'est vraiment un marqueur négatif", assène Didier Herbillon.

 


Une visioconférence réunissant le préfet, le directeur de l'Agence régionale de santé (ARS) et les cinq parlementaires des Ardennes se tient chaque lundi. D'après Bérangère Poletti, les problématiques soulevées par la carte du déconfinement sont à l'ordre du jour : "L'appel a été très suivi. Depuis le début de la crise, la coordination et les échanges avec le préfet et l'ARS se déroulent très bien. Nous allons tout faire pour que le message passe au sein de l'État." La députée se veut plutôt optimiste : "Pourquoi ne pas nous donner cette chance ?"
 
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