Un appel à la manifestation des Gilets Jaunes avait circulé sur les réseaux sociaux et dans le journal local. Ce 13 février, ils étaient une centaine regroupés devant la préfecture de Charleville-Mézières, entre amertume et volonté de continuer la lutte. Quel sens a leur combat aujourd'hui ? 

Un appel à la manifestation de Gilets Jaunes avait circulé sur les réseaux sociaux et un entrefilet était paru dans le journal local. Le bouche-à-oreille a fonctionné, un peu. Une centaine de Gilets Jaunes se sont retrouvés face samedi 13 février à la préfecture de Charleville-Mézières, comme aux heures les plus chaudes de leur combat. Aujourd'hui le soleil brille mais l'air est froid. 

 

Peu de monde mobilisé

Massés devant la préfecture, ils ont attendu pendant une heure que d'autres arrivent, sans beaucoup d'espoir toutefois. Alors, frigorifiés, ils ont décidé de battre le pavé pour se réchauffer. Direction le centre-ville. En marchant, on commente. "J'étais sûr qu'il n'y aurait pas grand monde. Il n'y a pas eu d'information sur cette manif. Je l'ai appris par un collègue". D'autres confirment. Christine est amère : "Les gens n'ont pas le courage de se mobiliser. Ils critiquent, ils sont d'accord avec nous, mais ils refusent de sortir de chez eux". Karim s'était mobilisé dès le début du mouvement. Il explique pourquoi il est venu."C'est essentiel de continuer à se voir, de se faire entendre. Il ne faut pas se laisser diviser. Le risque avec la crise sociale qui se profile, c'est la guerre civile".

Hervé Cambraye, artisan menuisier, ancien candidat Gilets Jaunes aux élections municipales de Rethel, justifie le peu de participation à cette manifestation par la crise sanitaire : "Elle empêche les gens d'aller manifester. Mais ce n'est pas fini car il va y avoir de la casse sociale, du chômage de masse, une dette qu'il va falloir rembourser. Qui va payer?"

 

Contre l'injustice et pour la liberté

 

Les revendications n'ont guère changé. "Nous avons toujours les mêmes revendications. Tous les prix augmentent, le fuel,le gasoil,l'électricité, l'alimentation et les salaires baissent.Nous voulons du pouvoir d'achat,et surtout plus de justice", dit cette manifestante.   

Dominique est retraité. Il confirme. "Je continue à me battre car rien n'a changé finalement.Les Gilets Jaunes n'ont rien obtenu.C'est même pire qu'avant car avec la loi sécurité globale,nous n'avons plus de liberté". C'est l'un des slogans qui est venu s'ajouter aux revendications.Les Gilets Jaunes se méfient de la liberté qui est menacée par la loi.

Karim est au chômage. Il veut que le pouvoir soit donné au peuple : "Ce sont des banquiers et des libéraux qui nous dirigent. Ils agissent pour l'élite et non pour le peuple". Il est là, passe d'un groupe à l'autre, discute avec tous. "Les Gilets Jaunes, c'est peut-être fini, mais il y aura un autre mouvement".

 

Ceux qui n'ont pas pu venir à la manif

Il y a ceux qui travaillent, qui auraient bien aimé venir mais qui n'ont pas pu se libérer. Comme Amouar de Nouzonville, celui que l'on avait baptisé "Omar mégaphone". Ajusteur-outilleur de métier. Sans emploi. Aujourd'hui il a choisi une autre forme de lutte. Avec trois collègues, il a créé une association au mois d'octobre pour aider les gens en difficulté. "J'ai pris exemple sur mon père qui a toujours aidé les autres. Cette association s'appelle "Collectif de lutte contre l'isolement et la précarité dans les Ardennes". Sept bénévoles travaillent avec eux pour aider les gens en précarité, des femmes battues, des familles, des jeunes couples, des retraités. Grâce à des dons,ils ont pu leur fournir des meubles,des vêtements ou de la nourriture. "Pour le moment nous n'avons aucune aide.Nous payons tout avec notre propore argent."

Anne-Sophie n'a pas manisfesté. Elle travaille dans une grande surface de Rethel. 30 heures de travail par semaine pour 1000 euros : "On ne peut pas vivre avec 1000 euros. Beaucoup de mes collègues n'y arrivent pas. Pour les retraités c'est pareil. J'en connais qui ne peuvent plus se payer une carte de pêche de 80 euros. Les étudiants n'ont plus de petit boulot donc plus d'argent. Je reste fidèle aux idées des Gilets Jaunes".

Pour ces Gilets Jaunes de la première heure, le combat continue. Chacun agit à sa mesure. En manifestant, en oeuvrant dans son quotidien. Ils restent plus que jamais mobilisés pour "défendre les petits, les sans-dents" ajoute Karim.

 

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