" Il y avait 37828 pièces de procédure " au procès de Monique Olivier un gendarme explique comment il a remonté la piste Fourniret dans le dossier Estelle Mouzin

Au septième jour du procès de Monique Olivier devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine à Nanterre, le directeur Frédéric Bérardet est venu déposer à la barre. Il fut chargé de reprendre l'enquête en 2019, après les errements du service de police judiciaire de Versailles pendant plus de 15ans.

En arrivant à la barre pour déposer, Frédéric Bérardet retire son képi avant de saluer la Cour. L'homme porte son uniforme de gendarme. Le 29 octobre 2019,  il est chargé par la Justice de reprendre l'enquête de la disparition d'Estelle Mouzin, survenue le 9 janvier 2003 à Guermantes en Seine-et-Marne.

Si la juge d'instruction Sabine Khéris choisit de mettre le dossier entre les mains de cet enquêteur du service régional de police judiciaire de Dijon (SRPJ), c'est parce qu'il a déjà réussi à remonter la piste du couple Fourniret-Olivier dans les dossiers Marie-Angèle Domèce et Joanna Parrish. 

Alibi de pacotille

 

À la barre, l'enquêteur commence par détailler le début de son travail : "il y avait 37828 pièces de procédures (...) Pendant 15 jours j'ai analysé tous les scellés". Très vite, il revient sur les circonstances de la disparition d'Estelle le 9 janvier 2003 " jour de l'anniversaire de l'un des fils de Michel Fourniret à Sedan en 1964". Cet élément sera déterminant, puisque pendant plusieurs années le couple va se cacher derrière un alibi : Michel Fourniret aurait téléphoné à son fils Jean-Christophe, le 9 janvier 2003 à 20h08 pour lui souhaiter un joyeux anniversaire.

Or, l'enquêteur découvre dans le dossier qu'entre 1993 et ce 9 janvier 2003, on ne retrouve aucun appel vers le domicile de Jean-Christophe Fourniret sur les relevés de la ligne de téléphone fixe depuis le domicile du couple Fourniret-Olivier à Sart-Custinne (Belgique). Maître Seban, avocat de la famille Mouzin abonde en ce sens : " Devant les enquêteurs belges Michel Fourniret avait d'ailleurs expliqué qu'il n'appelait jamais pour les anniversaires. Il préférait les lettres". 

En 2019, Monique Olivier finit par avouer et fait sauter l'alibi : c'est elle qui a passé le coup de téléphone de 99 secondes à la demande de son mari absent. "On a du mal à comprendre que cet alibi ait pu être aussi déterminant pour écarter la piste Fourniret..." lâche le président Didier Safar. "Je pense qu'il aurait fallu apporter plus de crédit à Fourniret quand il disait qu'il était pire que Marc Dutroux" répond le gendarme. Didier Seban enfonce le clou : Maître Didier Seban : Est-ce qu'il y a eu beaucoup de travail sur la piste Fourniret-Olivier à Versailles ? Réponse de l'enquêteur : pas assez" 

Puces prépayées 

Toujours sur le plan de la téléphonie, un autre élément semble avoir été mis de côté par les enquêteurs de Versailles initialement en charge du dossier Mouzin : les lignes de téléphones portables prépayées.

Ainsi, Frédéric Bénardet a découvert que le couple utilisait très peu sa ligne fixe, mais bien plusieurs lignes de portables prépayées. Contrairement à ce qu'il pouvait laisser entendre aux premiers enquêteurs,  Michel Fourniret était bien utilisateur d'un téléphone portable. " Dans les affaires Domèce et Parrish (NDLR : qui datent de 1988 et 1990) Fourniret jouait sur les assurances de ces véhicules. Là il a su évoluer avec son temps en utilisant des cartes prépayées."

D'ailleurs, le jour de l'enlèvement d'Estelle, Monique Olivier a utilisé à plusieurs reprises son portable pour appeler son domicile. Des appels de quelques secondes à peine, restés sans réponse. Comme pour vérifier si son mari était rentré chez lui...

Témoignage d'un habitant des Ardennes 

Dans le dossier, l'enquêteur retrouve aussi un témoignage d'un certain Jean-Paul Henrard. Dans un courrier adressé à l'association Estelle, cet habitant des Ardennes qui connaissait Michel Fourniret indique l'avoir croisé sur une aire de l'autoroute A4 le dimanche 05 janvier 2003. Une aire d'autoroute située à seulement quelques kilomètres de Guermantes. Il ajoute que Michel Fourniret était accompagné. Le couple était-il parti en repérage quelques jours avant l'enlèvement d'Estelle ? 

Après avoir témoigné pendant près de trois heures c'est au tour de Maître Richard Delgenes, de poser une seule question. " Si vous n'aviez pas les aveux de ma cliente, disposeriez-vous d'éléments objectifs pour la mettre en cause ?"  lance l'avocat  de Monique Olivier à l'enquêteur. "Non" répond le gendarme. Comme une manière de rappeler l'importance des aveux de sa cliente, même si elle toujours incapable de dire ou est enterré le corps d'Estelle dans les Ardennes. 

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