Discuter avec Arthur Rimbaud, c'est désormais possible. Un jumeau numérique du célèbre poète est installé à la Maison des Ailleurs à Charleville-Mézières. Il pourra répondre aux questions des visiteurs dès ce samedi 18 mai.
"Chers visiteurs, bienvenue dans la maison où j'ai habité adolescent. Je m'appelle Arthur Rimbaud." Voici les premiers mots de l'illustre poète lorsque l'on s'adresse à lui. Lui ou plutôt son jumeau numérique créé grâce à l'intelligence artificielle et visible à travers un écran. Cette innovation prend place à la Maison des Ailleurs
Une autre facette de Rimbaud
Quelques mois après l'exposition des manuscrits du poète au musée Rimbaud, voici donc une initiative originale dans une année 2024 qui marque les 170 ans de la naissance de l'"homme aux semelles de vent". Le public va donc pouvoir poser des questions à ce Rimbaud virtuel qui répond depuis l'Abyssinie (aujourd'hui l'Ethiopie) où il est devenu marchand à la fin du XIXe siècle. Charleville-Mézières et ses années de jeunesse semblent d'ailleurs loin dans son esprit. À la question : "est-ce que vous aimez Charleville ?", il répond : "Charleville, c'est une époque révolue, une ville qui m'a vu naître mais qui ne m'attire plus."
C'est la jeune société Jumbo Mana, créée en 2022 et basée à Schiltigheim (Bas-Rhin), qui a développé ce double numérique. Une entreprise spécialisée dans la création de personnages historiques grâce à l'intelligence artificielle. La start-up avait déjà reçu une commande du musée d'Orsay pour un avatar de Vincent Van Gogh. Cette-fois encore, ce travail laisse une part à l'interprétation car on ne sait pas tout d'Arthur Rimbaud. "Il y a des lacunes, notamment sur sa voix, explique Christophe Renaudineau, président et fondateur de Jumbo Mana. Il n'y avait pas d'enregistrement à l'époque pour avoir le son de sa voix. Il a fallu interpréter, avec l'aide d'experts dans ce domaine, pour savoir s'il avait plutôt une voix grave ou une voie aiguë, pour se rapprocher de que pouvait être sa voix."
Etre le plus fidèle possible à l'original
Mais si l'interprétation est possible, l'objectif est de bien rendre l'avatar le plus fidèle possible à l'original. Pour cela, des documents de l'époque ont été ressortis des réserves du musée Rimbaud. Notamment des photos comme celle, universelle, prise par le photographe Etienne Carjat.
"On va partir de ces photos mais aussi des représentation sculptées de Rimbaud faites par Paterne Berrichon, on va partir des dessins de ses amis, et des autoportraits africains, détaille Carole Marquet-Morelle, directrice des musées de Charleville-Mézières. L'objectif est de réussir à faire une synthèse."
Notre IA s'appuie sur des données scientifiques rigoureuses
Carole Marquet-Morelle, directrice des musées de Charleville-Mézières
Et pour construire ses réponses, l'intelligence artificielle s'appuie sur un corpus de ressouces rigoureusement sélectionnées comme les fonds de la Bibliothèque nationale de France et des biographies. "Notre IA n'est pas branchée sur le web, elle ne va pas aller chercher tout et n'importe quoi comme renseignements, reprend Carole Marquet-Morelle. Elle va aller chercher le corpus de textes que nous avons sélectionnés à partir de données scientifiques rigoureuses, et elle va aller se nourrir de ces sources."
Quatre mois de travail ont été nécessaires pour parvenir à cette interaction qui permet au public d'en apprendre davantage sur le poète, Une version en langue anglaise a aussi été prévue. Les visiteurs étrangers pourront donc aussi profiter de ce Rimbaud "absolument moderne" à partir du samedi 18 mai.