Le canal des Ardennes menacé de fermeture : pour les riverains inquiets c'est "un bien national"

La dernière annonce de Voie navigable de France sur l’éventuelle fermeture de la navigation sur le canal des Ardennes fait frémir les riverains et les pêcheurs. De plus, une écluse effondrée sur le tracé depuis le 12 juin 2018 barre tous passages de bateaux.
 

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L’heure n’est pas à la fête pour Marie-Joe, une habitante de Semuy le long du canal des Ardennes, et ses amis pêcheurs tout aussi découragés. C’était le 27 et 28 juillet prochain que l’on allait danser et se réjouir le long des rives de la voie navigable pour célébrer le canal, mais celui-ci semble avoir perdu son âme. Depuis le 12 juin 2018, de gros orages et de fortes pluies ont précipité les flancs de l’écluse numéro 21 de Neuville-Day par trois mètres de fond et la navigation y est bloquée

Voies navigables de France a indiqué à l'époque que suite à cet incident : "le site a été sécurisé, les accès ont été condamnés et la navigation arrêtée. La durée de l’indisponibilité de l’ouvrage est en cours d’étude. VNF va réaliser un diagnostic complet du site, afin de déterminer les travaux à réaliser VNF communiquera dès que possible sur la date de reprise de navigation". En attendant, on ne passe plus. Le bruit des bateaux laisse place au silence. 

"Le canal, c’est un bien national, ce sont nos grands-parents qui ont creusé ce canal et c’est dommage de l’abandonner. Dans le village voisin, au Chesne, il y avait une halte fluviale, les touristes hollandais, allemands, français, s’arrêtaient pour boire un coup, acheter une baguette de pain, et aujourd’hui, c’est un manque à gagner pour tout le monde", raconte Marie-Joe Malcorps, habitante de Semuy, le long du canal. Un ouvrage désormais sans bateaux, un chemin d’eau bien trop silencieux depuis des mois sur les 88 km de cette curiosité touristique entre Pont-à-Bar et Vieux-lès-Asfeld, un lieu de passage fermé pour les plaisanciers et les bateliers professionnels.

 

"Le tourisme peut nous sauver"

Si, parmi les bonnes nouvelles, Voie navigable de France prévoit toutefois de remettre en fonction l’écluse et libérer le passage pour 2020, l’avenir du canal dans son entier reste encore une inconnue et ce malgré tous les projets de développement qui attendent, en quelques sortes, le long des berges. "Je vois que les pouvoirs publics abandonnent nos Ardennes, notre canal, qui est quand même un lieu de vie, car cette décision engendre des fermetures de cafés, de commerces, de lieux touristiques, d’échanges avec les mariniers, les bateliers, avec les gens du cru. Le tourisme, c’est la seule chose qui peut nous sauver", poursuit  Marie-Joe.


Pour le département des Ardennes, la fermeture du canal serait un non-sens car celui-ci constitue l’élément principal de développement de la voie verte Sud-Ardenne comme prévu dans le Pacte Ardennes. Cet axe navigable est en effet la colonne vertébrale qui traverse des dizaines de villages, apportant au passage, de la part des plaisanciers et autres usagers, des retombées économiques non négligeables.

 

Un canal historique

Creusé par des centaines d’hommes de 1823 à 1831, le canal des Ardennes est à lui seul un attrait touristique incontournable. Il comporte 44 écluses réparties sur ses 88 km, avec, en prime, une traversée des plus beaux paysages du département entre Pont-à-Bar et Vieux-lès-Asfeld, au milieu de la campagne ardennaise. Une sorte de trait d’union entre les vallées de la Meuse et de l’Aisne. C’est aussi un axe important pour les centaines de plaisanciers et mariniers qui partent d’Europe du nord pour rejoindre la région de Reims par les voies navigables.
 

Gilets verts


Au fil de l’eau et des années, le manque d’entretien du fond du canal et, à ce jour, l’absence de bateaux pour brasser de nouvelles eaux,  ont permis l’invasion de milliers d’algues stagnantes sur la surface. Tout comme Marie-Joe, des dizaines de pêcheurs se sont regroupés dans un  mouvement : « Les gilets verts » pour faire connaître leur colère et envoyer leurs doléances aux plus hautes instances de l’état et aux élus du département.



La prolifération de ces algues est également un problème. "Comme l’écluse au-dessus de Semuy s’est effondrée il y a un an, il n’y a plus de trafic de péniches qui passent par-là, il n’y a plus de trafic plaisanciers, donc, en fin de comptes, tout ce dépose dans le fond du canal. L’algue c’est une herbe que l’on trouve en aquariophilie et on pense que des gens l’on jeté dans l’eau et elle se développe à vitesse grand V.
Chez nous, entre Château-Porcien et Asfeld, cette algue s’est tellement développée qu’elle touche la surface alors que le fond est à deux mètres cinquante"
, précise Jean-Yves, un habitué. 


Moi, en tant que trésorier de la Gaule Ardennaise à Saint-Germainmont, j’ai des pêcheurs qui sont venus me voir en s’excusant de ne plus prendre la carte car on ne peut plus pêcher dans le canal, ce n’est plus la peine.
-Jean-Yves Maujean, trésorier de la Gaule Ardennaise à Saint-Germainmont

  

 

Une lettre au Président de la République

Le 14 juin 2019, le collectif de sauvegarde du canal des Ardennes a envoyé une lettre au président de la république et à ses ministres pour tirer la sonnette d’alarme sur la fermeture de la navigation sur le canal des Ardennes. Ils dénoncent en quatre pages une future crise écologique, sanitaire, économique et sociale si Voie navigable de France ne revient pas sur sa décision. Le texte termine par une invitation à la grande fête du canal des Ardennes à Semuy le 27 et 28 juillet prochain.
 



 
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