Cycles Mercier : des Ardennais font le voyage Revin-Paris pour obtenir des réponses de la ministre Jacqueline Gouraud

C'était une bouffée d'espoir pour les Ardennes : les cycles Mercier devaient s'installer sur l'ancienne friche Porcher de la ville de Revin. Mais le gouvernement a fait volte-face et le projet est tombé à l'eau. Une délégation ardennaise se rend à Paris pour demander des comptes à la ministre.

Ce vendredi 1er octobre, deux militants du parti communiste ardennais et trois habitants de Revin prennent la route pour Paris. Objectif : se rendre au cabinet de la ministre de la cohésion des territoires, Jacqueline Gouraud. Ils ont y ont rendez-vous à 16 heures pour évoquer l’avenir de Revin après ce qu’ils appellent la « catastrophe » des cycles Mercier.

En mars dernier, en effet, c’est en grande pompe que la ministre s’était rendue dans cette cité de la pointe des Ardennes pour annoncer l’installation, sur la friche industrielle Porcher, des cycles Mercier, fabricant de vélo installé dans le paysage français depuis des décennies. Pour la population, qui a déjà subi de nombreuses vagues de désindustrialisation, notamment suite à la fermeture du site d’Arthur Martin Electrolux, cette nouvelle était synonyme d’espoir.

Mais à la fin du mois de juillet, l’Etat, qui s’était engagé dans le projet, fait volte-face et refuse finalement de participer au financement de cette installation. Il entraîne avec lui, dans ce manque de confiance affiché, tous les autres financeurs du projet. Les cycles Mercier sont à classer au rang des échecs des pouvoirs publics dans la vallée de la Meuse.

 

A l’origine de ce voyage Revin-Paris, une pétition

Maxime Grulet, militant PCF et responsable de l’organisation des jeunesses communistes des Ardennes, fait partie du voyage à Paris. Il se souvient qu’à peine une semaine après le retrait de l’Etat, une pétition était lancée pour demander des comptes au gouvernement.

Ce n’est pas la première fois que ce genre de chose arrivait. On s’est dit qu’il était temps de faire bouger les choses collectivement.

Maxime Grulet, militant PCF, membre de la délégation

"L’initiative a pris de l’ampleur, raconte-t-il. Ça a très bien marché, on a eu de bons retours". Si la pétition existe en ligne, c’est surtout à l’ancienne que les militants du parti communiste ont pu sensibiliser le plus grand nombre. Porte à porte, dépôt chez les commerçants, démarchage dans la rue… 1.100 signatures plus tard, un rendez-vous est fixé avec Lucille Josse, chargée du développement économique et de la ruralité au sein du cabinet de la ministre.  "On s'est dit que ce serait dommage d'y aller qu'entre militants, donc on a invité trois Revinois qui avaient signé la pétition à venir avec nous: Marie, Nassim et Guillaume".

 

Objectif : obtenir des réponses concrètes sur l’avenir de la pointe des Ardennes

Pendant les presque trois heures que dure le trajet jusqu’à Paris, la délégation aura le temps de discuter de ce qu’elle attend de cet entretien. La première des choses, ce sera d’obtenir des réponses quant au désengagement de l’Etat en juillet dernier, qui n’a pas été justifié publiquement. "Il y a eu un silence qui a été très mal pris par les Revinois, analyse Maxime Grulet, comme un manque de respect. Quand ça a été annulé, il n’y a pas eu de raison donnée, uniquement des bruits de couloir". Et parmi ces bruits, des soupçons de fraude fiscale ou de dumping social, qui viseraient le patron des cycles Mercier. Le gouvernement a officiellement déclaré qu’une enquête était en cours, mais qui ne présume en rien de la culpabilité de quiconque. "L’autre question, relance le militant PCF, ce sera de savoir quels plans, quelles stratégies sont prévus pour l’avenir de la pointe des Ardennes".

Il va y avoir des financements, Revin va être en haut de la pile mais concrètement, qu’est-ce que ça veut dire ? 

Maxime Grulet, militant PCF, membre de la délégation

La délégation compte donc bien faire des propositions, en cohérence avec ce qui existe déjà sur le territoire. Une ligne de train dessert par exemple directement les friches industrielles Porcher et Electrolux. Alors Maxime Grulet s’interroge : "On sait qu’il va falloir développer le transport ferroviaire et le fret à l’avenir. Peut-être y a-t-il là une expérimentation à mener, pour attirer des investisseurs sur le site ?" Autres pistes : le barrage hydroélectrique et la centrale nucléaire proches, qui sont d’ores et déjà deux fleurons de l’industrie de la vallée. "Peut-être pourrait-on travailler avec EDF à la fabrication de pièces sur place ?", suggère encore le militant.

L’idée phare est en tout cas de pouvoir instaurer un dialogue avec la ministre, et de créer un lien qui pourrait permettre d’apporter des réponses concrètes, à court ou moyen terme. La délégation compte même instaurer un suivi étroit de ce dossier : "On vient pour énoncer des besoins, mais si les réponses ne sont pas satisfaisantes, on pourra, pourquoi pas, faire revenir la délégation plus tard".

Les cinq ardennais prennent donc la route ce 1er octobre l’esprit et le cœur gonflé d’un peu d’espoir, et avec la force que donne le collectif : "On veut démontrer que collectivement, quand on décide de se remettre ensemble, on peut relever la tête, et aller loin, conclut Maxime Grulet. On est partis d’une pétition sur une table devant un supermarché pour arriver au cabinet de la ministre. Tout est possible".

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