À la recherche du patrimoine oublié des Ardennes. Un territoire marqué par son passé industriel, comme avec cette usine désaffectée du département. Nous la découvrons avec l'urbex : une promenade urbaine, dans des lieux abandonnés et parfois interdits au public.
Les Ardennes regorgent de souvenirs liés à son passé industriel. Il est possible de découvrir par exemple des anciennes forges, sur ce territoire. C'est le cas, non loin de Charleville-Mézières (Ardennes).
Une équipe de France 3 Champagne-Ardenne a accompagné un urbexeur, Marvin Ré. Il pratique ce que l'on appelle l'exploration urbaine. Un loisir qui consiste à découvrir d'anciens lieux, abandonnés. Cachés ou non, ils sont pour la plupart interdits au public.
Un interdit qui ne dissuade pas les adeptes de cette pratique. Nos reporters ont accompagné cet "explorateur" dans un périple à travers cet ancien site où étaient travaillés notamment les métaux.
Une exploration aux premières heures du jour
Avant de partir à l'assaut de ces lieux figés dans le temps, Marvin s'équipe. "Je viens de finir mes réglages pour faire mes photos de journée. On ne va pas dire le lieu où l'on se dirige, car on garde le secret sur nos endroits privés", détaille ce salarié dans l'industrie. Ne pas donner la localisation exacte, c'est une des règles de base de l'urbex. Afin de laisser les lieux tels qu'ils ont été, et d'éviter qu'ils ne soient trop fréquentés, mais surtout qu'ils ne soient dégradés.
Pour cette exploration urbaine, Marvin part de bon matin. Un autre principe adopté il y a 10 ans, depuis qu'il a commencé ce "loisir" : "L’avantage de partir tôt le matin, c’est qu'il n'y a pas grand monde qui peut nous voir. C’est un endroit assez caché, on le voit avec le feuillage sur le côté." Marvin est sûr de lui, mais reste vigilant en permanence. Pour ne pas se blesser ou faire de mauvaises rencontres : "Ça bouge énormément. Il est facile de se tordre une cheville, et de se faire très mal. Je ne sais pas comment le lieu peut-être, s’il est accessible, s’il va y avoir des squatteurs. On ne sait pas s'il a quelqu’un en haut en bas, si on est surveillé."
Sur place, c'est une sorte de grand hangar vitré qui attend Marvin et nos journalistes. Un mur de briques rouges et blanches, et un autre qui lui fait face, recouvert de graffitis. Le tout est surmonté d'une immense verrière. À l'intérieur, les plantes sauvages poussent de part et d'autre. Ces vestiges font le bonheur de notre explorateur urbain : "Quand j’étais venu la première fois, il n'y avait pas autant de végétation. On voyait au travers de la fenêtre. Là, on ne voit plus du tout. La nature a poussé, le lieu est encore plus joli."
Le passé évocateur de cette ancienne forge a un sens particulier pour Marvin, travailleur de l'industrie : "Je vois bien les machines, entre chaque pilier. J'imagine des gens qui travaillaient à deux ou trois dessus. Là, je vois des mécanos qui réparaient des machines." Un décor qui résonne en lui, et qu'il veut immortaliser. "Par rapport à la structure, l’équilibre au niveau du cadrage, je vais toujours chercher à centrer. Je joue vraiment avec la lumière qui vient sur le côté. Pour nous, urbexeurs, que ce soit ici ou ailleurs, on conserve le lieu en prenant des clichés. On le garde en mémoire le lieu", se justifie-t-il.
La visite légèrement improvisée se poursuit quelques mètres plus loin, dans un manoir abandonné. À l'intérieur, plusieurs étages et de nombreuses salles délabrées : "J’imagine vraiment un grand salon, avec peut-être une table de cuisine, un salon de l’autre côté, car il y a encore la cheminée." Malheureusement, ce qu'il redoutait est arrivé : d'autres visiteurs moins soigneux ont saccagé le lieu. "En tant qu’urbexeur-explorateur, notre première règle, c'est ne pas dégrader. Quand je vois ça, ça m’insupporte", se désole le jeune homme.
Il a à cœur de préserver les lieux, souhaite les revoir dans l'état dans lequel ils étaient, à la fin de leur exploitation. Un espoir aléatoire, car certaines friches sont parfois reconverties. C'est le cas de l’ancienne usine de la Macérienne à Charleville-Mézières (Ardennes) : "C’est quelque chose d’éphémère, on sait que ce n'est pas éternel, que ça va disparaitre. Il y a toujours de la nouveauté à faire, et c’est très intéressant."
Dans la région, les lieux d'urbex ne manquent pas. Trouver les lieux exacts reste difficile, à moins de connaître d'autres adeptes de ce loisir ou les quelques sites internet spécialisés.
Lorsqu'ils sont localisés, pouvoir y rentrer n'est pas certain. Il est conseillé de ne pas s'y aventurer seul. Sans compter que la loi considère toujours ce "loisir" comme illégal : cela pourrait parfois s'apparenter à une entrée non-autorisée sur des lieux privés.