Des citoyens et des amis des victimes préparent une journée d'hommage citoyen après l'attentat de Strasbourg qui a coûté la vie à cinq personnes et en a blessé dix autres le 11 décembre. Elle se déroulera le samedi 9 février place Saint-Thomas à Strasbourg.
Ce sont des amis des victimes, des "Strasbourgeois de coeur, d'adoption ou de toujours, des citoyens du monde", comme l'explique Claire Audhuy, co-organisatrice de l'événement. Tous ont été marqués de près ou de loin par l'attentat de Strasbourg le 11 décembre et se mobilisent afin d'organiser un nouvel hommage aux 15 victimes : cinq morts et dix blessés.
L'étincelle, c'est Bartek
Beaucoup n'ont pas pu participer à l'hommage citoyen qui a réuni près de 2.000 personnes le 17 décembre place Kléber. "Ce dimanche-là, on était à l'hôpital, raconte Claire Audhuy, directrice artistique de Rodéo d'âme et proche d'une des victimes de l'attentat. On était auprès de notre ami Bartek, il était en état de mort cérébrale depuis l'attentat. Le vendredi, c'était fou, on était au moins soixante-dix dans les couloirs de l'hôpital, on était tellement nombreux qu'ils nous ont mis une salle à disposition."Originaire de Pologne, Bartosz Piotr Orent-Niedzielski, dit Bartek était très actif dans le monde culturel et associatif strasbourgeois, et tous ses amis se sont succédé à son chevet pendant cinq jours. Atteint d'une balle dans la tête rue des Orfèvres le 11 décembre, il est mort le soir-même de la cérémonie d'hommage - cinquième décès dû à l'attentat. "Et nous on s'est dit c'est terminé, c'était trop tôt cet hommage, on n'a même pas pu participer."
Dix jours après l'attentat, une réunion est organisée au FEC de Strasbourg (foyer de l'étudiant catholique). "On pensait qu'on serait cinq copains, finalement on était quarante !" Autant peut-être que le nombre de causes qui étaient chères à Bartek : association yiddish, Palestine, Croix Rouge, danse traditionnelle hongroise, capoeira, Strasbulles, LGBT... "Chaque association a perdu un membre et un ami, poursuit Claire Audhuy. Alors on a eu envie de passer le relais. On s'est dit que Bartek avait posé des graines, avait commencé à les aider à grandir, et que d'autres jardiniers pouvaient prendre le relais."
Un hommage à toutes les victimes
Ces associations seront au coeur de la journée du 9 février. Elles seront rassemblées place Saint-Thomas, sous des tonnelles. L'après-midi sera ponctuée de flashs-mob, de gestes symboliques comme des bougies distribuées aux participants qui pourront les allumer. Pierre, le crieur public a été sollicité. Il recueillera les messages du public et les lira à haute voix de manière théâtralisée. Pour l'instant, tout en cours de préparation.
Pour autant, l'hommage, selon les organisateurs, s'adresse aux proches de toutes les victimes, blessées, décédées ou simplement touchées dans leur âme.
Jam session
Le point d'orgue sera le concert, donné à l'intérieur de l'église, à partir de 20 heures. Poète, chants yiddishs sont prévus. Les choristes de la chorale L'arrache-coeur sont mobilisés. Les anciens, qui ont bien connu Bartek, ont été sollicités. "Il y a 700 places dans l'église, on n'arrivera pas à faire entrer tout le monde", s'inquiète Claire Audhuy. Mais la suite de la soirée, avec la scène ouverte à partir de 23 heures, devrait permettre au plus grand nombre de participer."On a laissé passer les fêtes pour souffler, explique encore Claire Audhuy, mais on a besoin de se retrouver, d'être tous ensemble. D'autant que les obsèques de Bartek n'ont toujours pas eu lieu."
Programme de l'hommage du samedi 9 février
L'hommage a été fixé au samedi 9 février, place Saint-Thomas à StrasbourgDe 16 heures à 21 heures, un village des associations sera installé sur la place en extérieur sous des tonnelles. Des flash mobs, un crieur public, des commandos poétiques sont annoncés ainsi qu'une scène ouverte, un coin lecture sans oublier buvette et restauration.
La soirée débutera à 20 heures à l'intérieur de l'église St Thomas. Elle prendra la forme d'un grand concert festif suivi d'une scène ouverte "jam session" prévue à partir de 23 heures.
Ce sera le second hommage aux victimes, après celui du dimanche 17 décembre.