Depuis des mois, Virginie Baudry redoute le moindre coup de vent. Sur la maison voisine de la sienne, des étais ont été posés, mais cela ne suffit pas à la rassurer. Trois mètres seulement séparent les deux maisons. Elle attend avec une grande impatience que des travaux soient réalisés.
Virginie Baudry est propriétaire de sa maison au numéro 23 de l’avenue Wilson, à Saint-André-les-Vergers, près de Troyes, dans l’Aube. Vivant seule avec sa fille, elle redoute une catastrophe. Elle craint que la maison acquise par ses voisins ne s’effondre et emporte la sienne. "Nous vivons un enfer. Chacune de mes fenêtres donne sur les poutres qui ont été mises en place. Nous ne pouvons plus jouir de notre jardin".
Elle raconte qu’après l’achat de la maison voisine, le propriétaire avait découvert des problèmes. "Le voisin m’a invitée à venir voir. Cette maison n’avait pas été chauffée pendant deux ans, et suite à une fuite d’eau", pense-t-elle, "l’étage penchait d’au moins 15 centimètres. Depuis, ça s’est encore sûrement aggravé".
Je crains que ça dure des années, que la maison s'effondre.
Virginie Baudry.
"Un expert venu établir un constat m’a demandé de quitter la maison. J’ai demandé la protection de mon domicile, et que les deux maisons soient placées sous péril imminent". Virginie Baudry indique que la mairie de Saint-André-les-Vergers a obligé le voisin à faire poser des poutres de soutien, ce qui a été réalisé pendant le premier confinement.
Des fissures qui s’agrandissent
Virginie Baudry vit dans l’angoisse. "Sur le terrain attenant à la maison du voisin, et vendu à un promoteur", dit-elle, "une quinzaine d’arbres de 15 à 20 ans ont été arrachés. C’était l’enfer". Elle dénonce le fait que cela se passe à côté de chez elle, mais qu’elle ne soit au courant de rien.
Elle indique que les fissures s’élargissent et que des petits débris tombent. "Le montant estimé pour réparer la maison voisine s’élèvent à 100.000 euros. J’ai demandé par envoi d’un courrier recommandé, le planning des travaux et des réparations". Virginie Baudry a pris un avocat, Me Davis Scribe, pour qu'il procède au règlement du problème. Elle souhaite obtenir de l’argent pour les nuisances qu'elle subit. "C’est pour que cela avance, mais ça stagne car il y a plusieurs intervenants. Je crains que ça dure des années, que la maison d’effondre".
Le 17 novembre 2021, l'arrêté de péril imminent a été transformé en arrêté de péril simple par la mairie, avec l'obligation pour le propriétaire d'effectuer des travaux dans l'année.
Catherine Ledouble, maire de Saint-André-les-Vergers.
Elle a par ailleurs porté plainte contre son voisin à qui elle reproche le vol de pots de fleurs. Mais ce qu’elle redoute plus que tout, c’est que sa maison construite dans les années 30, ne soit touchée par l’effondrement de l’habitation voisine de la sienne.
Désormais un arrêté de péril simple
Catherine Ledouble est maire de Saint-André-les-Vergers, depuis juin 2020. Elle n’était pas élue au moment où la maison en cause a été acquise en 2019, mais elle suit désormais le dossier. "A la demande de Mme Baudry, la mairie a pris un arrêté de péril imminent, en mars 2020. Le Tribunal Administratif de Châlons-en-Champagne avait été saisi. La désignation d’un expert, puis la demande de prise d’un arrêté de péril imminent avaient été suivies de pose de contreforts".
Estimant qu’il n’y avait plus de péril imminent, en septembre 2020, l’expert a classé le dossier, indique-t-on à la mairie. "Le 17 novembre 2021, l’arrêté de péril imminent a été transformé en arrêté de péril simple par la mairie, avec l’obligation pour le propriétaire d’effectuer des travaux dans l’année. Mais le propriétaire est injoignable. Le recommandé nous revient", indique la maire de la commune. "Aujourd’hui, c’est un problème entre voisins, un problème de droit privé", conclut-elle.
Il reste donc un peu moins d'une année pour effectuer des travaux, jusqu'au 17 novembre 2O22, afin que Virginie Baudry cesse de vivre dans la peur.