Les vendanges ont débuté sous des chaleurs écrasantes à Montgueux dans l'Aube, avec un thermomètre dépassant les trente degrés. Des conditions difficiles pour les vendangeurs, qui doivent s'adapter.
Longtemps attendu, mais désormais redouté par les vendangeurs. Après un été pluvieux, le soleil tape sur les coteaux champenois. Et il tape même très fort. A Montgueux dans l'Aube, les premiers coups de sécateurs ont été donnés les 2 et 3 septembre sous une chaleur étouffante : trente-trois degrés sont même attendus ces prochains jours.
"On va faire une petite pause boisson, on attaque à nouveau après ! Posez vos sceaux là où vous êtes et on reprendra au même endroit", suggère la vigneronne Morgane Therrey aux vingt-deux coupeurs qui s'affairent ce mardi matin sur neuf hectares de chardonnay. "On fait des pauses régulières, explique-t-elle, dès qu'un coupeur réclame de l'eau on lui amène et c'est à disposition toute la journée."
Face à la chaleur : des vendanges tôt le matin
Ce lundi 4 septembre 2023 a été la journée la plus chaude jamais enregistrée pour un mois de septembre en France, faisant tomber le dernier record de 1949. Selon Météo-France, il a fait plus chaud de 7°C par rapport à la moyenne des températures mesurées le 4 septembre entre 1971 et 2000. Les départements champardenais ne sont pas à l'heure actuelle en vigilance canicule, mais les vendangeurs doivent tout de même adapter leur emploi du temps.
Avec les fortes chaleurs, on commence à 7h puis on poursuit pendant trois heures. On fait une grosse pause d'une demi-heure et on finit vers 13h30 max. En général, on essaie de pas dépasser les six heures de coupe par jour, au lieu de sept heures d'habitude.
Morgane Therry, vigneronne à Montgueux dans l'Aube
A ces changements d'horaires s'ajoutent des petits gestes de bon sens. Luis, qui n'en est pas à ses premières vendanges, a tout prévu. "Il faut se couvrir la tête, explique-t-il, et boire de l'eau. Quand j'ai vraiment chaud, je mets de l'eau dans le cou pour me rafraîchir. Quand il fait chaud et que ça te tape sur la tête tu n'avances pas. Mais il y a une bonne ambiance."
Dominique, sourire aux lèvres, préfère elle aussi voir le verre à moitié plein : "En tant que coupeurs, on a la chance de travailler sur les coteaux et d'avoir plus d'air qu'en centre-ville ! En plus, comme le raisin en Champagne est assez bas, nous sommes donc à l'ombre et nous ne sommes pas trop exposés au soleil."
Un soleil bénéfique pour la récolte
La chaleur complique le travail des vendangeurs, mais elle soulage les vignerons. La pluie et le froid du mois d'août ont fait planer l'inquiétude sur les coteaux champenois, car le risque d'un pourrissement des raisins n'était jamais loin.
Désormais, le temps est sec et ensoleillé et un record sur le plan des volumes pourrait être battu, avec un poids des grappes "jamais atteint", autour de "220 grammes" contre "175 grappes" pour le précédent record en 2005, selon David Chatillon, président de l'Union des maisons de champagne et coprésident du Comité champagne, auprès de nos confrères de l'AFP.
Invitée chez nos confrères de France Info mardi matin, Vitalie Taittinger, présidente de la maison de champagne éponyme, confirme : "On a eu une année pluvieuse en Champagne, avec trois mois de pluie intense à partir de mars. On a donc eu une campagne incroyable, avec une végétation pleine d'énergie, très dense, avec un développement des grappes très important. Nous terminons à présent avec un épisode de soleil, qui fait du bien à la vigne."
Après Montgueux ce week-end, les vendanges débuteront dès le 7 septembre pour la majorité des 319 communes de l'appellation. Toujours sous un soleil de plomb.