Le coup de colère d'un maraîcher contraint de jeter une partie de sa production d'asperges faute de clients

Près de Troyes, dans l'Aube, un maraîcher a jeté une partie de sa production d'asperges. Un coup de colère selon lui, alors que les clients se rabattent à nouveau sur la grande distribution, après avoir prêché pour le "consommer local" pendant la pandémie.

C'est un geste qu'il sait choquant, mais qu'il assume sans sourciller. Damien Vuibert, maraîcher à Grange-l'Evêque, près de Troyes, a jeté une partie de sa production d'asperges.

"Il y a eu de la colère à un moment, explique-t-il, et je m'excuse si cela choque que je jette ainsi de la nourriture alors qu'il y a des gens dans le besoin. Mon but, c'était d'interpeller".

Mais interpeller sur quoi au juste ? Dans une publication Facebook, Damien Vuibert détaille les raisons qui l'ont poussé à jeter des légumes pourtant parfaitement consommables. "Je voudrais savoir où sont passés les clients qui faisaient la queue devant chez nous il y a deux ans pendant le premier confinement ! Tous ces nouveaux clients qui n'avaient qu'un seul discours "merci d'être là ! Et dorénavant nous allons changer notre façon de consommer, et acheter local...." Nous nous avons été assez naïf pour les croire !"

"Pendant toute cette période nous avons fait le maximum pour contenter tout le monde, et sans augmenter nos prix (contrairement à tous ce qui se passe aujourd'hui). Aujourd'hui, après avoir augmenté notre production, embauché plus de monde, nous sommes obligés de jeter une partie de notre production, car une grosse partie de ces nouveaux clients ont disparus..."

Des clients de moins en moins nombreux

Où sont donc passés les clients ? Damien Vuibert ne cesse de se poser cette question depuis la fin des confinements. Avec les vagues successives de la pandémie, les consommateurs ont surfé sur la tendance du "consommer local". Mais ça, c'était avant.

La réalité, c'est qu'on a désormais moins de clients. Nous en avons même moins qu'avant le Covid. Nous allons devoir nous adapter.

Damien Vuibert, maraîcher dans l'Aube

Damien Vuibert devra réduire ses surfaces cultivées et réduire le nombre de saisonniers. Une nécessité qui le laisse amer, après tant d'efforts déployés pour satisfaire les nouvelles exigences des clients. "Pendant la pandémie, alors que la demande était très forte, nous avons fait beaucoup d'investissements, dans de nouvelles serres notamment. A présent, il faut les rentabiliser, et avec la clientèle qui fonctionne comme un yoyo, ça devient compliqué."

L'importance du consommer local

Réduire le prix de vente est inenvisageable, alors que les coûts de production augmentent. Damien Vuibert en appelle à la responsabilité des clients et leur rappelle que le "consommer local" devrait rester une priorité, pandémie ou pas. "Les priorités ont changé, déplore-t-il, maintenant les clients mettent leur argent dans les loisirs plutôt que dans la nourriture. Manger, ça a un coût, mais acheter des légumes locaux et de saison, c'est éviter les intermédiaires et limiter les transports, et donc la pollution."

Un cercle vertueux qu'il souhaiterait voir renaître de ses cendres pour avoir à nouveau les yeux rivés sur les sourires de ses clients plutôt que sur sa calculatrice ou ses carnets de compte. Comme il aime à le rappeler, "nous ne sommes pas commerçants, nous sommes paysans."

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