Une publication Facebook de l'office du tourisme de Troyes (Aube) n'est pas passé inaperçue, le lundi 25 septembre. Et pour cause : elle raconte la brève histoire d'un vitrail de l'église Saint-Nizier, où le larron à la droite du Christ... semble porter un slip kangourou.
Jésus-Christ a été crucifié en l'an 33. Le slip kangourou, lui, daterait de 1923 (il aurait été inventé à la Bonneterie de Troyes (Aube) sous l'égide de l'industriel André Gillier).
Entre ces deux évènements distants de 1890 années (excusez du peu), on a du mal à trouver un point commun. Et pourtant, il en existe bien un, lequel est particulièrement cocasse.
Pour le découvrir, il faut se rendre au fond de l'église Saint-Nizier de Troyes. Et regarder la rangée centrale de vitraux derrière l'autel (on parle de baie zéro, dans le jargon).
Un maître verrier facétieux ?
En observant particulièrement attentivement le larron situé à la droite du Christ, il ne semble pas porter un pagne qu'on distingue par ses plis, comme celui de gauche... mais ce qui ressemble bel et bien à un slip kangourou. On n'y fait pas attention si l'on ne sait pas, et on ne voit plus que ça une fois qu'on le sait... L'anecdote a été partagée par la page Facebook de l'office du tourisme troyen (voir publication ci-dessous).
France 3 Champagne-Ardenne a appelé l'office du tourisme pour en savoir plus. Au bout du fil, c'est Sylvie Coulonval-Lamotte, conseillère en séjour et guide conférencière qui connaît bien l'anecdote. "C'est un petit clin d'œil à la Bonneterie troyenne. Lors de la restauration de cette baie, l'un des maîtres verriers a représenté un slip kangourou en clin d'œil au passé bonnetier de la ville."
Les vitraux, édifiés vers 1505 ou 1510, datent donc du XVIe siècle (et peuvent être observés en détail sur cette page Internet richement illustrée). Leur restauration (il y en a eu plusieurs) pourrait dater d'avant 1986, mais l'identité de l'artisan n'est pas connue avec certitude de l'office du tourisme. "J'avais appris cette anecdote via une guide, il y a quinze ou seize ans." (voir le lieu sur la carte ci-dessous)
Pour un maître-verrier bien renseigné, dont la famille est intervenue sur ces vitraux, il serait malvenu de voir un slip, et ceux-ci seraient "d'époque. Les vitraux classés Monuments historiques ont tous été démontés lors de la Dernière Guerre mondiale. Après, trois ou quatre entreprises ont été chargées de les remettre en place dans l'église. On les a repris, ils étaient plus ou moins en bon état, et ils ont été restaurés selon les techniques traditionnelles, comme savaient le faire les maîtres verriers à l'époque, dans les années 50. Car depuis, beaucoup de choses ont évolué dans notre métier. Mais il n'y a pas eu de changement de dessin. Seuls les réseaux de plomb ont été restaurés, et quelques pièces cassées remplacées. Le dessin d'origine est resté. On a juste restauré, pas refait ou recréé."
Slip ou pas (ça y ressemble toutefois grandement), pour admirer le vitrail susmentionné, mieux vaut se lever tôt. Suite à divers travaux de restauration et un manque de bénévoles, l'église est fermée en dehors des offices religieux.
Autres facéties, d'époque cette fois
On trouve des curiosités dans d'autres églises du territoire troyen. Ainsi, dans l'église de La Madeleine, on voit représenté sur un vitrail... "un homme en train de cracher", s'amuse Sylvie Coulonval-Lamotte.
Quant à la basilique Saint-Urbain, on trouve "un homme en train de tirer la langue sur l'une de ses verrières". Ici, il s'agirait de détails d'origine. "Peut-être s'agissait-il de libertés que s'accordaient les maîtres verriers l'époque", avance la guide conférencière. Qui invite à venir à Troyes pour découvrir bien d'autres "fantaisies architecturales pas forcément à hauteur des yeux". On n'attend que ça.
