Depuis 2009, la maison de champagne Gremillet organise une fois par an des vendanges de nuit. Ce samedi 14 septembre, ils étaient une vingtaine à donner des coups de sécateurs à la frontale à Balnot-sur-Laignes, dans le secteur des Riceys (Aube).
Une odeur d'alcool enivre les entrepôts de la maison de champagne Gremillet. Une odeur propre au vin, à la fois et légèrement âpre pour les palais peu habitués et sucrée. Mais sur les hauteurs de Balnot-sur-Laignes ce samedi 14 septembre, personne ne semble dérangé. La nuit tombe progressivement, le ciel rosit et les employés s'affairent, comme si de rien n'était.
A l'entrée du domaine, une petite foule patiente. Ce sont des vendangeurs. Pas n'importe lesquels : amis de la famille ou partenaires commerciaux, ils viennent profiter d'un événement annuel. Les vendanges de nuit. "C'est une fierté de venir ici à 72 ans, se réjouit Robert, un ami de la famille Gremillet. Cet homme (le père Gremillet) est un monsieur 100 000 volts comme Louis de Funès." Le patriarche a offert l'entrée à toute sa famille pour la récolte nocturne : "En tant qu'ami c'est une grande reconnaissance de venir ici."
Un moyen original de découvrir le domaine
En principe, l'événement est ouvert au public et a vocation à accueillir tous les curieux à partir de 17h30 pour une visite intégrale du domaine, des cuves, et explication du processus de vinification inclus. Les dégustations des cuvées phares de la maison également, le tout depuis 2009. En 2014, l'initiative a donné la "cuvée noire", une bouteille entièrement opaque dédié au millésime. "Les vendanges de nuit sont plus un moment convivial pour se retrouver et montrer la maison à nos clients, explique Anne Gremillet. Nous n'avons pas les températures du sud qui les rendent nécessaires." Cette année, les curieux qui ont droit à la visite sont les deux journalistes présents pour couvrir l'événement. "Les participants sont des habitués, je les ai conviés plus tard", explique Anne Gremillet, responsable marketing de la maison et petite-fille du fondateur.
Après un repas (très complet) et arrosé comme les vendanges savent en procurer, les travailleurs du soir se dirigent vers la parcelle du Clos, baignée d'une lumière jaunâtre. Quelques vendangeurs de jour, des Polonais, participent également à l'événement. Ce soir, les coup de sécateurs s'éparpillent et il arrive que quelques grappes de raisin volent, victime d'une bataille improvisée. Dans la pénombre, quelques rictus se font entendre. Les amis de la famille eux, sont plus sérieux. En particulier les enfants. Anaïs et Camille ont les yeux rivés sur les grappes. Les parents de la première se sont déplacés spécialement de la banlieue lyonnaise pour l'occasion :
On est venus pour le moment de partage. La vigne est un sujet qui nous interesse, on aime la procédure et le champagne. Cela permet de se rendre compte du travail. On se rend mieux compte de ce qu'on a dans la coupe.
- La maman d'Anaïs, ingénieure en neurosciences.
C'est d'ailleurs le moment de partager une dernière coupe. Après une heure de travail, la famille Gremillet au complet remplit une fontaine de champagne. De quoi enivrer les vendangeurs éphémères pour le reste de la nuit.