Aymeric Magne, président de l'ESTAC comparaissait aujourd'hui devant la cour d'appel de Reims. Il est accusé d'actes violent envers sa femme, condamné en mars dernier à 3 mois de prison avec sursis et 1500€ d'amende, il a fait appel. Son avocate a pointé du doigt des raccourcis et incohérences dans le dossier et plaide la "violence involontaire".
A la barre dans sa robe rouge, Roberta Pessoa Magne, épouse d'Aymeric Magne, se décrit comme une femme forte, indépendante et capable de quitter un mari violent : "s'il me frappait, je serai explosive, je me défendrai et je le quitterai tout de suite".
Une grande partie de la plaidoirie de l'avocate du président de l'ESTAC a consisté à revenir sur des points clés du dossier : les soupçons d'étranglement et l'emprise qu'aurait le mari sur sa femme.
Entre "étranglement" et "geste réflexe"
Sur le premier point, l'avocate évoque plutôt un "geste réflexe", certes "brutal et soudain" mais réalisé uniquement pour éviter que sa femme ne saute de la voiture en mouvement, à cause d'une crise de panique. Il faut dire que le contexte de la dispute était explosif : le couple était alcoolisé, Mme Pessoa Magne avait pris des médicaments, souffrait d'un burn-out selon son avocate et s'était disputée suite à une affaire de SMS déplacés envoyé par son mari à une collègue trois ans auparavant.
La conjointe réfute l'utilisation du mot "étranglement" lors de son appel à la police. Elle aurait peut-être répondu "oui" lorsque la police lui demande si elle a été étranglée. Mais elle affirme ne plus s'en souvenir en raison de son état d'ébriété. Aymeric Magne a d'ailleurs démontré à la barre qu'il lui était physiquement impossible d'étrangler sa femme tout en continuant à conduire sa voiture. L'avocate rappelle qu'aucune trace d’étranglement n'a été trouvée sur sa conjointe lors de l'arrivée de la police le soir des faits.
L'audience est ensuite entrée dans les détails les plus intimes de la vie du couple pour prouver que la conjointe n'est pas sous l'emprise de son mari. L'avocate a retracé le "CV très chargé" de la femme d'origine brésilienne, directrice des ressources humaines dans de très grosses entreprises, ayant été mutée en France.
Sa vie sentimentale a également été épluchée : elle a déjà divorcé d'un précédent mariage et a mis dehors son actuel mari lorsqu'elle a eu connaissance des SMS déplacés, qu'elle qualifie "d'infidélité émotionnelle".
"Un dossier vide"
L'avocate de Monsieur Magne pointe une enquête faite "vite et mal", "un dossier vide et incohérent". Elle brandit le dossier de quelques pages devant l'assistance : "le dossier est très peu épais, ce n'est pas fréquent dans ce genre d'affaire". Selon elle, la peine prononcée en première instance est "faible", uniquement pour en faire un exemple. Elle va jusqu'à qualifier le montant de l'amende (1500€) de "blague" à la vue des revenus du mari : 250 000€ annuels. C'est pourquoi elle demande la requalification en "violences involontaires sans incapacité totale de travail".
Même si son client est innocenté, l'avocate estime que "le mal est fait", ce procès fera tache dans la carrière de l'homme d'affaires. Elle s'en prend aux médias qui ont, selon elle, trop médiatisé l'affaire et observe que "sur google rien ne s'efface".
Plus qu'une simple dispute ?
L'avocate générale insiste sur les termes enregistrés lors de l'appel téléphonique à la police : "il m'a frappé, ça fait depuis 2 mois, ce n'est pas la première fois, il m'a vraiment attaqué cette fois, j'ai eu peur, il faut que ça s'arrête".
Elle considère dans son réquisitoire qu'il y a eu un acte de violence, que la situation a dégénéré et qu'il n'est pas là question d'une simple dispute, sinon il n'aurait pas été condamné en première instance. L'avocate générale demande la confirmation du jugement décidé en première instance contre le président du club de football de Troyes.
Le délibéré sera rendu le 9 août.