A l'initiative de la ville, le château et le parc de la commune bas-rhinoise devraient avoir droit à une rénovation d'ampleur pour une inauguration en 2024. L'association Vélobernai milite toutefois contre le projet de construction d'un parking de 120 places dans ce lieu bien connu des habitants.
Le projet ne semble pas être au goût de tous. La mairie d'Obernai a décidé de rénover le château de la Léonardsau, propriété de la ville depuis plus de 30 ans. Une extension au style architectural contemporain sera bâti sur l'angle nord-ouest de l'édifice historique construit dès 1899. Alors que les travaux commencent tout juste, le débat se concentre sur l'aire de stationnement comprenant 120 places qui sera créée dans le parc du Domaine.
"C'est une aberration écologique de construire un parking aussi grand. C'était déjà scandaleux de laisser un si beau bâtiment à l'abandon", confie un membre de l'association Velobernai dont le but est de promouvoir le vélo, la marche et les transports en commun dans la commune.
Pour défendre ce "magnifique parc", l'association monte au créneau et demande, dans un communiqué publié sur son site internet, l'abandon de tout projet de parking à l'intérieur du parc au profit de mobilités douces comme les navettes de bus, les vélos ou encore le covoiturage. "Il faut arrêter d'infuser l'idée qu'on doit absolument se déplacer en voiture", insiste un membre de l'association.
Ils déplorent que cet aménagement "permette à un concessionnaire BMW d'y faire des démonstrations de véhicules au frais du contribuable". Une affirmation démentie par Bernard Fischer, maire d'Obernai, qui assure que "la famille Hentz ne rachètera finalement pas les dépendances du domaine".
Un parking "végétalisé" et sans béton
L'association s'étonne de la construction d'un parking "gigantesque" à l'heure où la réduction des émissions de CO₂ est de rigueur. Malgré la mise en place de 5 à 8 bornes de recharges pour véhicules électriques, d'abris et arceaux permettant d'accueillir 50 vélos et d'un arrêt pour minibus pouvant conduire 15 à 25 personnes sur place, Vélobernai qualifie le projet de "greenwashing".
Seules 60 places de stationnements seront permanentes et sous couvert végétal
Bernard Fischer, maire d'Obernai
La mairie se défend et estime qu'ils essayent "de tout faire pour que tout le monde soit heureux". Le parking ne contiendra d'ailleurs pas 120 places toute l'année. "Seules 60 places de stationnements seront permanentes et sous couvert végétal", annonce Bernard Fischer, "les 60 autres seront aménagées sur une plateforme de terre et de pierre. Aucun béton ne sera utilisé et elles ne seront accessibles que lors de grands évènements comme les concerts ou festivals".
L'implantation de cette aire n'impliquera pas non plus l'abattage d'arbres situés dans le parc car il s'agit d'un terrain vague "dépourvu de plantations", selon la municipalité. Un argument qui ne convainc pas l'association obernoise : "C’est une destruction inadmissible de notre cadre de vie, en plus d'une atteinte importante à l'environnement", écrit-elle dans son communiqué.
Un projet à 8 millions d'euros
Le projet, dans son ensemble, devrait coûter 8 millions d'euros selon la municipalité. 3,5 millions seront pris en charge par la Ville, 2,15 millions par un contrat de territoire voté au conseil départemental et 1 million par la région Grand Est. Le reste viendra de l'État et de la Fondation du Patrimoine. Un financement qui ne satisfait pas tout le monde : "La somme est considérable pour une ville de 11 000 habitants. C'est de l'argent jeté par les fenêtres pour une aberration écologique", estime l'association.
Le reste du domaine connaîtra aussi des rénovations majeures. Le château est, en effet, touché par la mérule, un champignon qui s'attaque aux bois présentant un excès d'humidité. Un traitement thermique par mise en chauffe à 60°C sera effectué selon la municipalité.
Une extension au style très contemporain viendra s'ajouter à l'édifice. Elle deviendra une nouvelle colonne d'escalier qui desservira tout l'édifice et "contribuera à faciliter l'évacuation du public pour répondre aux exigences de la réglementation incendie", informe la mairie.
Les dépendances qui devaient être transformées en restaurant et lieux de démonstration de véhicules par la famille Hentz, vont être détruites. Un appartement de service y sera construit à la place et pourra "accueillir un gardien pour le domaine", explique le maire. Un jardinet comprenant un espace de restauration sera aussi accessible au public.
La Ville d'Obernai, qui prévoit une livraison du projet à l'automne 2024, veut pouvoir faire de ce lieu un "centre de ressources, d'expositions, de conférence et de séminaires sur les thèmes de l'écologie, l'écomobilité et l'environnement". Une ambition décriée par Vélobernai qui estime que "la seule solution d'écomobilité est de ne pas faire de parking".