Rund Um. Des propriétaires de toute la France se déplacent à Wittisheim, dans le Bas-Rhin, pour confier leurs véhicules anciens en mauvais état à Rémy Maldonado. Le garagiste possède aussi sa propre collection de modèles exceptionnels qu'il retape. Une passion à laquelle il consacre tout son temps.
Rémy Maldonado est un homme heureux. De toute sa vie, il n'a jamais eu l'impression de travailler. Avoir les mains dans le cambouis, c'était sa vocation. Enfant déjà, il avait l'étiquette collée sur son front. Un vélo à réparer dans son village ? C'est chez Rémy qu'on l'envoyait. Puis le garçon a grandi, ses véhicules favoris également, il s'est pris d'amour pour les voitures.
Avec très vite, une attirance particulière pour les modèles anciens qu'affectionnait son premier patron. Ses années d'apprentissage ont tracé sa voie. Ainsi, lorsqu'il a monté sa propre affaire, il n'a pas tardé à se spécialiser. Au garage Maldonado, à Wittisheim, la restauration de voitures anciennes représente un tiers de l'activité.
Car en 30 ans d'expérience, Rémy Maldonado s'est fait une réputation. Ses clients se déplacent de toute la France pour qu'il remette leur véhicule en état de marche. Au prix de centaines d'heures de travail. "Ma femme râle parce que je suis plus à l’atelier qu’à la maison, mais c'est mon plaisir, sourit-il. Celui qui aime pêcher ne compte pas ses heures avant d’attraper un poisson. C’est pareil pour moi. J’adore poncer, restaurer, débosseler…"
Il récupère des pièces sur des voitures tout juste bonnes pour la casse afin de redonner aux autos leur lustre de sortie d'usine, des dizaines d'années plus tôt. Une démarche vitale, presque sentimentale : "Des humains font don de leur cœur à d'autres, nous on récupère des pièces pour d'autres voiture."
Il possède des modèles uniques
Le garagiste s'affaire en ce moment à retaper une 403 cabriolet très abîmée. L'un de ses nombreux modèles. Sa dernière acquisition, une Peugeot 402 cabriolet de 1936, aurait même appartenu au chanteur Tino Rossi.
Des véhicules exceptionnels d'histoire et de rareté. Sa Rosengart LR 538 cabriolet est unique. "Lucien Rosengart l'a présentée au salon de l'auto en 1938. Les autres constructeurs lui ont reproché de les avoir copiés. Il l'a donc retirée du marché. Mais un client avait donné un acompte et a insisté pour l'avoir. Il s'agit d'un prototype immatriculé. Il n'y a qu'un seul exemplaire et il se trouve chez nous, à Wittisheim", se réjouit-il, ému, avant de présenter une autre Rosengart. Une Supertraction, fabriquée cette fois en trois exemplaires.
Celle que Rémy Maldonado a achetée était même "celle du constructeur lui-même. Cela n’arrive qu’une fois dans sa vie d’avoir une telle chance, je suis tombé dessus par hasard. Cette voiture est restée en France et elle doit le rester car elle fait partie de notre patrimoine. Il ne faut pas qu’elle parte à l’étranger. Lucien Rosengart était quand même le 4e ou 5e constructeur en France."
Un constructeur, aujourd'hui peu connu, que Rémy Maldonado veut remettre en lumière. Il vient de créer une grande halle pour exposer ses voitures de la marque et toutes les autres. Le public ne pourra pour l'instant les admirer que lors d'occasions spéciales, comme la journée portes ouvertes du garage, mais à l'avenir, le lieu pourrait devenir un musée.