Martha Myronenko et ses enfants n'auraient jamais imaginé passer Noël en Alsace, à Dorlisheim. Eux qui ont fui les combats en Ukraine vivent depuis mars 2022 dans un logement d'hébergement d'urgence. Ils nous ont accueillis pour ces fêtes difficiles à vivre.
Le cœur n'est pas vraiment à la fête. Quelques sourires se dessinent tout de même lorsque Lev, six ans, joue au piano quelques chansons de Noël qu'il accompagne de sa voix fluette. Un peu d'innocence au milieu de toutes les violences que la famille de Martha Myronenko a connues depuis des mois.
La jeune femme a fui l'Ukraine en mars 2022. Dans son sillage, ses enfants, sa sœur et sa maman qui ont quitté leur pays natal pour Dorlisheim, dans le Bas-Rhin. Son mari et son père, eux, sont restés sur place, à près de 2.000 kilomètres de là, au milieu de l'horreur des combats.
Que le parfum des fêtes et la magie de Noël semblent loin cette année, pour cette famille coupée en deux. "C'est très difficile pour nous, et surtout pour les enfants. Ils grandissent sans voir leur papa", confie celle qui a pu rejoindre l'Alsace par un concours de circonstances favorable.
Réfugiés en Alsace grâce aux réseaux sociaux
Au milieu des années 2000, la petite Martha avait déjà séjourné dans la région. Elle avait été hébergée plusieurs étés chez Catherine et Philippe Deckert, deux bénévoles de l'association Les enfants de Tchernobyl, mobilisée dans l'accueil d'enfants vivant dans la zone contaminée par l'explosion du réacteur nucléaire, le 26 avril 1986.
"Elle est comme ma quatrième fille", relève Catherine Deckert. Cette dernière n'est plus membre de l'association aujourd'hui, mais elle immédiatement répondu à l'appel de détresse lancé par Martha Myronenko lorsque la Russie a attaqué Kiev en février 2022.
"Martha est toujours restée en contact avec mes filles sur les réseaux sociaux. Lorsque nous avons été sollicités, nous n'avons pas hésité à les aider avec mon mari. J'ai appelé la mairie de Dorlisheim, qui a accepté de mettre à disposition son logement d'hébergement d'urgence", ajoute Catherine Deckert.
Sans électricité en Ukraine, difficile de prendre des nouvelles
Tout s'enchaîne alors très vite, de l'inscription sur le registre des réfugiés place de la bourse à Strasbourg à la demande de papiers auprès de la préfecture du Bas-Rhin. L'appartement, lui, bien que sans prétention, s'apparente à du luxe au vu de ce qu'a pu éprouver la famille en Ukraine. Neuf mois plus tard, tandis que le conflit s'enlise, l'angoisse continue d'agiter Martha, qui tente tant bien que mal de suivre l'évolution de la situation.
"J'essaye de prendre des nouvelles de mon mari et de mon père, mais ce n'est pas facile. Là-bas, il y a tout le temps des coupures d'électricité. Ils ne peuvent pas se faire à manger. C'est l'apocalypse", conclut-elle, contente malgré tout que ses enfants soient à l'abri, dans un pays en paix.
L'apocalypse, un terme bien étrange à entendre ou à lire en cette période de fêtes. Un terme qui ne fait pas perdre espoir pour autant à Martha Myronenko. Elle continue de croire et d'espérer que ce premier Noël sans sa famille au complet, sera aussi le dernier.