Amoureux des vaches, de jeunes vétérinaires ont fondé Rumipassion, un cabinet vétérinaire dédié aux ruminants, à Hochfelden (Bas-Rhin). Ils sillonnent la campagne jour et nuit, sans compter leurs heures. Immersion.
C'est une vie de passion, à cent à l'heure. Et leur truc à eux, ce sont les vaches. Trois jeunes vétérinaires ont ouvert le cabinet Rumipassion en 2022, à Hochfelden (Bas-Rhin). Ils sont désormais cinq à travailler ensemble, 24 heures sur 24.
Avec leur matériel et des médicaments, ils se déplacent d'exploitation en exploitation. Un véritable petit hôpital mobile qu'ils emmènent avec eux. Les agriculteurs les sollicitent régulièrement pour des urgences, à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Un service de garde, avec des astreintes partagées, assure la permanence des soins.
Ces vétérinaires de campagne s'occupent parfois de chèvres et moutons, mais 90% de leurs interventions concernent des vaches. "C'est une bête qui vous donne beaucoup : du lait, de la viande, elle vous nourrit. Mais il faut bien connaître le milieu agricole pour exercer correctement ce métier", confie Catherine Lutz, l'une des associées. Fille d’agriculteurs, elle a grandi auprès de cet animal. "J’ai toujours voulu faire ça et je savais que j’y arriverais", poursuit-elle.
Elle et ses collègues sont investis d’un mandat sanitaire délivré par les pouvoirs publics. Leur mission est essentielle pour lutter contre les grandes maladies contagieuses. Quotidiennement, ils effectuent des tests, des analyses en séries et des prélèvements dans les fermes alsaciennes pour détecter d'éventuels parasites et bactéries.
Aucune journée ne ressemble à une autre. Après plusieurs années de carrière et une césarienne pratiquée en urgence, Sarah Waechter vient de vivre une expérience inédite : pour la première fois, elle a mis au monde trois veaux. C'est exceptionnel pour une vache.
Main dans la main avec les éleveurs pour améliorer le rendement des exploitations
Les pathologies à traiter sont multiples : mammites, affection de la caillette, problèmes respiratoires, diarrhée du veau... Mais le cabinet a également signé des partenariats avec certains paysans pour des suivis réguliers, tous les 15 jours, afin d'améliorer les performances des élevages.
"On ne soigne pas seulement les bêtes quand elles sont malades, on suit aussi l’exploitation pour qu’elle reste rentable pour l’éleveur qui doit pouvoir en vivre, explique Sarah Waechter. Une vache doit rester en bonne santé pour donner du lait, et avoir un veau par an pour être rentable. On veille à cet aspect économique pour que ça fonctionne."
Bernard, agriculteur, semble convaincu : "C’est le jour et la nuit depuis que Rumipassion accompagne régulièrement l'exploitation et supervise les vêlages. L'élevage est devenu beaucoup plus rentable économiquement."
Avec les avancées technologiques, les vétérinaires parviennent à suivre les gestations à l’aide de lunettes pour découvrir le sexe du veau et la bonne qualité du placenta. Ils réalisent jusqu'à 20 échographies par jour chez certains éleveurs.
Un travail souvent très physique, avec des manipulations de bêtes lourdes, mais qui se féminise toujours davantage : 85 % des étudiants de la Ludwig-Maximilians-Universität de Munich, où se sont formées Catherine et Sarah, sont des femmes. Il nécessite rigueur, adresse et patience, mais aussi une bonne sensibilité pour "sentir" l’animal.
Au-delà des soins, les professionnels de Rumipassion prodiguent également des conseils et font de la prévention auprès des paysans. La préservation de l’environnement et le bien-être animal donnent à ces jeunes vétérinaires ruraux un rôle social.