Après les pluies diluviennes qui ont touché le nord de l'Alsace, le retour à la réalité est difficile pour le monde agricole. Toujours sous les eaux, certains exploitants déplorent des pertes inédites et s'inquiètent pour la suite.
D'ordinaire couvertes d'un épais manteau vert, les terres de Christian Wollenschlaeger se sont transformées depuis un mois en un champ de ruine. Cet agriculteur de Seltz (Bas-Rhin) a fait les frais, comme beaucoup de ses confrères, des fortes inondations survenues en Alsace.
Des mauvaises herbes et un sol boueux remplacent aujourd'hui une partie de son champ de céréales bio. "Environs 40 % de mes luzernes ont été détruites et 60 % de mon maïs. J'ai aussi perdu deux hectares de tournesol", déplore-t-il.
L'agriculteur n'avait jamais connu de telles pertes en 32 ans de métier. Il travaille pourtant sur des terres inondables. "Mon père cultivait déjà ici avant moi. On a toujours eu des petites inondations, mais de cette ampleur, c’est du jamais vu. On peut faire 4 à 5 récoltes par an. Cette année, on en a fait qu’une seule. À ce jour, on devrait déjà être à la troisième".
Des conséquences financières importantes
En plus de la pluie, Christian Wollenschlaeger a dû faire face aux problèmes d'écoulement de la Sauer et du Seltzbach, les rivières voisines. L'Alsacien ne peut plus produire de luzerne dans l'immédiat et devra patienter quatre ans avant une prochaine récolte. "Par solidarité, j'ai donné le peu de luzerne qui me reste à un agriculteur pour qu'il puisse clôturer et mettre ses bêtes dessus", soupire-t-il. Une étude devrait être réalisée prochainement pour estimer les causes de ces débordements.
Un peu plus au sud, à Lingolsheim, Laurent Fischer connaît les mêmes déboires sur ses productions. Disposant d'un champ d'une centaine d'hectares, il a dû revoir ses méthodes de récolte à cause des inondations. "Aujourd’hui, on est obligé de moissonner nos blés avec une machine équipée de chenilles. Avec des pneus classiques, on ne peut plus, car sinon on reste embourbé."
Si ses rendements sont en baisse, l'agriculteur a surtout constaté une perte de qualité de son blé. "Il y a deux types de blé : les meuniers pour faire le pain et les fourragers. Lorsque le blé est de mauvaise qualité, il devient fourrager et avec les inondations qu’on a connues, on en a de plus en plus", explique-t-il. Les répercussions financières sont implacables : 20 à 30 euros de moins sur la tonne avec un blé de moins bonne qualité.
Accompagné d'autres agriculteurs du Grand Est, Laurent Fischer a fait une demande d'aide auprès de la Région. Il espère également un geste du gouvernement même s'il reconnaît des difficultés pour trouver un interlocuteur.