La défenseure des droits a demandé, mardi 28 janvier, une procédure disciplinaire à l'encontre du gendarme qui a tué Jérôme Laronze en mai 2017. Une victoire pour la famille de l'agriculteur.
Un tournant dans un dossier qui piétine. Mardi 28 janvier, la défenseure des droits a demandé au ministère de l'Intérieur d'engager "une procédure disciplinaire à l'encontre du gendarme" auteur des tirs mortels sur Jérôme Laronze. Agriculteur à Trivy (Saône-et-Loire) en conflit avec l'administration, ce dernier avait pris la fuite le 11 mai 2017 avant d'être abattu par les forces de l'ordre neuf jours plus tard.
Sa famille réclame depuis un procès. En février 2020, la justice avait déclaré "irréguliers et nuls" des contrôles réalisés par la Direction départementale de la protection des populations sur la ferme de Jérôme Laronze. Mais depuis, plus rien. Aussi, l'annonce des conclusions de la défenseure des droits fait-elle l'effet d'un "grand soulagement" pour la sœur de l'éleveur et son avocat.
Etes-vous satisfaite des conclusions de la défenseure des droits ?
Marie-Pierre Laronze : Oui, une totale satisfaction. Ça fait sept ans et demi qu'on raconte ce qu'il s'est passé, qu'on ne nous entend pas, que la justice nous ignore et même nous méprise d'une certaine façon. Il y a eu une façon de se comporter qui n'est pas acceptable.
De voir qu'une autorité indépendante a pris une décision conforme à ce qu'on aurait pu écrire, c'est un grand soulagement.
Que dit exactement le rapport de la défenseure des droits ?
Me Julien Chauviré : Ce rapport est très important parce qu'il vient confirmer et conforter notre position depuis l'origine de ce dossier sur deux points. Le premier c'est que les conditions d'ouverture de feu des gendarmes n'étaient pas réunies : le gendarme n'était pas, contrairement à ce qu'il a dit, en danger au moment des tirs. Il n'avait plus la nécessité de faire ces tirs, le principe de proportionnalité n'est pas respecté.
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Le second point, c'est qu'il remet en cause le comportement des gendarmes après les tirs, avant l'arrivée des secours. Ils n'ont pas respecté leur obligation légale de porter secours à Jérôme.
C'est une avancée importante dans cette affaire ?
Me J. C. : Oui, ça l'est pour nous. Il va falloir maintenant communiquer ce document à la justice, et espérer qu'elle en tire rapidement les mêmes conclusions de droit que la défenseure en a tiré. Et dans un délai rapide parce que nous attendons depuis longtemps.
M.-P. Laronze : C'est un tournant pour nous. Cette décision ne lie pas l'autorité judiciaire, le juge d'instruction. Néanmoins, elle examine les mêmes manquements, donc on pourrait penser que les mêmes conclusions pourraient advenir. En tout cas, c'est ce qu'on attend.