Qui est Joelle F. ex-compagne de Jean-Marc Reiser : "j'étais l'arbre qui cache la forêt"

Qui est Joëlle F. ,ex-compagne de Jean-Marc Reiser, et mère de sa fille unique ? Omniprésente dans la vie de celui qui a été condamné à perpétuité pour l'assassinat de Sophie le Tan, elle lui a fourni plusieurs alibis notamment dans la disparition, en septembre 1987, de Françoise Hohmann. L'enquête vient d'être relancée, et Joëlle F. a été placée en garde à vue, avant d'être relâchée.

C'est l'histoire d'un couple lié pour le pire, et rien que pour le pire. Dernier rebondissement en date: lundi 24 juillet. Jean-Marc Reiser, déjà incarcéré pour le meurtre de Sophie le Tan, est placé en garde à vue, de même que son ex-compagne, Joëlle F, dans le cadre de la disparition de Francoise Hohmann, en septembre 1987. Finalement, il sera mis en examen pour séquestration ou détention arbitraire criminelle et elle sera libérée, sans aucune charge retenue à son encontre. Maître Thierry Moser, l'avocat de la famille Hohmann, l'affirme "je suis convaincue que cette dame n'a joué aucun rôle dans la réalisation de l'action criminelle (....) Elle a couvert par son silence son compagnon, c'est moralement condamnable, mais je pense que juridiquement les poursuites ne sont pas possibles."

Pourtant, les questions demeurent. Car lors des toutes premières auditions en 1987, lorsque les soupçons se sont portés vers Jean-Marc Reiser, elle avait affirmé aux enquêteurs qu'ils avaient passé la nuit ensemble. Dix ans plus tard, alors que de nouveaux éléments renforçaient cette suspicion, Joëlle F, avouait avoir dissimulé la vérité, expliquant qu'elle était sous son emprise.

Un climat de terreur permanente

Emprise. Le mot était lâché. Une relation tumultueuse, avec un homme violent, imprévisible, manipulateur. "Toutes les femmes peuvent vous le dire, explique-t-elle lors d'un entretien accordé à France 3 Alsace en 2022, en marge du procès aux assises pour l'assassinat de Sophie le Tan. Quand on est face à un homme comme ça, on fait profil bas. Tout d'un coup, il était capable de péter un câble. Pour un repas trop chaud, ou pas assez chaud. Ça pouvait être n'importe quoi". Un climat de terreur permanente, dans l'attente de la prochaine crise "Une fois, j'ai pris une baffe et j'ai vu double pendant plusieurs jours" raconte-t-elle. J'avais dû le contrarier."

C'est pourtant avec cet homme que Joëlle F. a eu un enfant, une petite fille. Le couple est resté ensemble dix ans, une décennie émaillée de nombreuses alertes. Comme en 1995, au cours de vacances dans les Landes. Une jeune ressortissante allemande avait porté plainte pour viol. Suspecté, Jean-Marc Reiser avait nié et Joëlle F. lui avait, cette fois déjà, fourni un alibi. Déni aussi lorsqu'en 1996, Jean-Marc Reiser viole sa maîtresse, rencontrée par l'intermédiaire de Joëlle F. 

La condamnation à quinze ans de réclusion pour ces deux affaires sèmera les premiers doutes dans la tête de sa compagne. "Il a été capable d'être persuasif avec un tas de personnes pourquoi pas avec ses compagnes ? Il sait dire: "mais ça s'est passé comme ça. Tu ne te souviens plus ? Mais si c'était comme ça". Et après vous entrez dans le chemin qu'il vous trace. C'est de la manipulation", affirme-t-elle.

Le résultat de postures de protection, certainement pas de l'amour. "Mais l'amour, c'est un attachement, dit Joëlle F. 

Si on reste avec lui, c'est parce qu'on ne peut pas s'en débarrasser.

Joëlle F. ex-compagne de Jean-Marc Reiser

 Le mot "fini", il ne connaît pas. La solution, c'est d'attendre qu'il foute le camp de lui-même. Ce genre de personnes, on ne peut pas les quitter, il faut que ce soient eux qui vous quittent".

Joëlle F. toutefois, semblait ne jamais vouloir questionner la nature de l'homme qui partageait sa vie. "On peut l'aimer dit-elle. Il peut être très intéressant, il est très intelligent, il peut être sympathique". Un homme normal, allait-elle dire, avant de se reprendre. Silence.

Finalement, c'est l'assassinat de Sophie le Tan qui a tout fait basculer. "C'est comme un voile qui se déchire", a-t-elle déclaré à la barre lors du procès d'assises en appel. Il s'est foutu de moi, parce que je lui faisais confiance." Une confiance aveugle qu'elle ne lui accorde plus. "Tout d'un coup vous voyez que ça (l'assassinat de Sophie le Tan) est vrai. Alors pourquoi est-ce que le reste ne serait pas vrai ?" Tout ce dont la justice l'a accusé, et qu'elle refusait de voir. Mais il a fallu que le temps fasse son œuvre. "C'est bien après que j'ai compris à quel point il m'avait enfermée dans un schéma où vous n'avez plus de libre arbitre", a-t-elle encore déclaré aux jurés lors du procès.

C'était au mois de juin. Mais quelques semaines plus tard, Joëlle F. était à nouveau rattrapée par son passé commun avec Jean-Marc Reiser. Une garde à vue dans l'affaire de la disparition de Françoise Hohmann, dont le corps n'a jamais été retrouvé.

Joëlle F. elle, aura partagé l'intimité de Jean-Marc Reiser pendant dix ans, mais trente ans plus tard, impossible de tourner la page. "On m'a toujours présentée comme la compagne principale de Jean-Marc Reiser a-t-elle confié à France 3 Alsace, mais j'étais surtout l'arbre qui cache la forêt."

Celle qu'il présentait comme la mère de son enfant. Une vitrine de normalité.

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