Procès en appel de Jean-Marc Reiser : la perpétuité requise pour le meurtre de Sophie Le Tan, la préméditation retenue

Ce 28 juin 2023, le parquet a requis la réclusion criminelle à perpétuité, assortie de 22 ans de sûreté, à l'encontre de Jean-Marc Reiser lors de son procès en appel et retient donc la préméditation dans le meurtre de Sophie Le Tan. Le verdict est attendu le lendemain.

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À la veille du verdict, le parquet a requis ce mercredi 28 juin 2023 la réclusion criminelle à perpétuité, assortie de 22 ans de sûreté, à l'encontre de Jean-Marc Reiser, soit la peine maximale. L'homme, jugé en appel devant la cour d'assises du Haut-Rhin de Colmar pour le meurtre de Sophie Le Tan en 2018, avait été condamné à la même peine lors de son procès en première instance.

"Sophie Le Tan n'est pas morte dans les conditions décrites par Jean-Marc Reiser. Il essaie de nous faire croire que ce sont des coups mortels, des violences volontaires qui ont entraîné la mort sans intention de la donner", explique l'avocat général Jean-Luc Jaeg aux jurés. "Mon intime conviction est qu'il y a intention d'homicide et préméditation."

Il décrit ensuite "le stratagème" mis en place par l'accusé à l'été 2018 : l'ouverture de lignes téléphoniques occultes, sous des faux noms et de fausses adresses, puis la publication de trois annonces sur le site Leboncoin pour louer son appartement du 1 rue Perle, à Schiltigheim. "Tout est fait pour brouiller les pistes en changeant les informations entre les annonces. Elles étaient bidon !

"Le seul objectif de ces annonces, c'était pour Jean-Marc Reiser d'attirer une jeune fille dans son appartement, tout en prenant un luxe de précautions pour ne pas être identifié. Ce luxe de précautions signe l'intention criminelle", continue Jean-Luc Jaeg.

Jean-Luc Jaeg a comparé au début de son réquisitoire la rencontre entre Sophie Le Tan et Jean-Marc Reiser à la fable Le Loup et l'Agneau de Jean de La Fontaine avant de lister les nombreuses condamnations du natif d'Ingwiller. "Quand il sort de prison en 2010, Jean-Marc Reiser a 50 ans. S'est-il assagi ? Pas du tout. C'est un délinquant récidiviste, un criminel même."

"Monsieur Reiser est quelqu'un qui n'a aucun respect, aucune considération pour les femmes. Elles doivent se soumettre à sa volonté tyrannique", énonce Jean-Luc Jaeg après avoir rappelé les différents témoignages des anciennes compagnes de l'accusé.

Quel crédit peut-on accorder à quelqu'un qui a changé plusieurs fois de versions ? À mon sens, aucun.

Jean-Luc Jaeg

Avocat général

"Quel crédit peut-on accorder à quelqu'un qui a changé plusieurs fois de versions ? À mon sens, aucun", lance l'avocat général à la cour. "Il adapte son récit en fonction des éléments à charge apportés dans l'enquête. M. Reiser a toujours fonctionné comme ça, dans toute sa vie."

Jean-Luc Jaeg fait part de ses "questionnements" au sujet de la première partie du récit de Jean-Marc Reiser, quand il explique qu'il a "perdu les pédales" au moment de tuer Sophie au point de lui donner la mort. Il rappelle une nouvelle fois que toutes les anciennes compagnes de l'accusé ont indiqué que lorsqu'il les frappait, il gardait une part de contrôle.

Sophie Le Tan n'est pas morte dans les conditions décrites par Jean-Marc Reiser.

Jean-Luc Jaeg

Avocat général

Jean-Marc Reiser assure que ses coups de poing à l'encontre de Sophie n'ont pas donné la mort. Il assure que la jeune femme est décédée après avoir heurté la cuvette des toilettes lors de sa chute. "Cette thèse ne tient absolument pas la route. Au vu de la différence de gabarit, Sophie serait tombée par terre après un coup de poing", affirme Jean-Luc Jaeg.

Après l'annonce des réquisitions du parquet, la présidente Christine Schlumberger a recadré Jean-Marc Reiser qui s'est fendu d'un pouce levé pendant que Jean-Luc Jaeg avait la parole. La semaine précédente, l'accusé avait ironiquement applaudi un enquêteur.

Cette avant-dernière journée du procès en appel a débuté par la diffusion de photographies de Sophie, bébé, enfant, adolescente puis jeune adulte. Pendant que les clichés défilent sur les écrans de la cour d'assises du Haut-Rhin, tout le monde regarde dans la même direction, dans un calme plat. À l'exception de Jean-Marc Reiser, qui reste tête baissée dans son box.

Les plaidoiries de Rémi Stéphan et Gérard Welzer, avocats de la famille de Sophie Le Tan, ont suivi. Le premier a mis en avant "les mensonges de l'accusé". "Son but est de sélectionner une proie. Il pose des lapins et les fausses excuses pour celles qui ne sont pas à son goût ou qui ont la bonne idée de venir accompagnées" à la visite de son appartement de Schiltigheim.

Demain, vous restituerez à Sophie l'humanité que Jean-Marc Reiser lui a ôtée.

Rémi Stéphan, avocat de Jean-Marc Reiser

À la cour

Pour Rémi Stéphan, "la préméditation ne fait aucun doute". "La famille a assisté à ce procès sans plus rien attendre de Jean-Marc Reiser. Elle attend juste que la justice soit rendue, comme ils vous l'ont demandé vendredi. Demain, vous restituerez à Sophie l'humanité que Jean-Marc Reiser lui a ôtée", conclut l'avocat.

Son collègue Gérard Welzer se livre ensuite à une plaidoirie presque théâtrale. "Un homme qui perd sa femme, c'est un veuf. Une femme qui perd son mari, c'est une veuve. Un enfant qui perd ses parents, c'est un orphelin. Mais, pour des parents qui perdent un joyau de 20 ans, il n'y a pas de mot dans le vocabulaire. Parce que ce n'est pas dans l'ordre des choses !"

Et de poursuivre. "Reiser, c'est un sadique. Il sait tromper, il sait manipuler : la fausse annonce, le faux nom...". Quand l'avocat indique qu'il est convaincu que Sophie a été violée, Reiser fait non de la tête dans son box, les sourcils froncés.

"Il ne nous dira jamais la vérité. Non seulement, il s'essuie les pieds sur les faits, mais aussi sur la mémoire de Sophie", lance le conseil des parties civiles. Dans l'après-midi, les avocats de la défense, Thomas Steinmetz et Emmanuel Spano, ont plaidé.

Le premier a entamé sa plaidoirie en revenant sur la comparaison qu'a faite Jean-Luc Jaeg entre la rencontre entre Sophie Le Tan et Jean-Marc Reiser avec la fable "Le Loup et l'Agneau". Il dit préférer la fable de Jacques Fabre, "La Grenouille et le Scorpion" et en cite les derniers vers :

"Quelque soin que l'on prenne à brider ses instincts, 
À dissimuler sa nature,
On ne saurait celer longtemps son imposture : 
Le passé, toujours, nous rejoint."

L'avocat revient ensuite en longueur sur l'enfance chaotique de son client avant de répéter ce que lui et son confrère maintiennent depuis le début de ce procès. "Jean-Marc Reiser n'est pas calculateur, il est imprévisible. Et ce qui est imprévisible, on ne peut pas le maîtriser. Certes, il a toujours su se maîtriser. Mais une fois, il n'a pas su, et nous en connaissons les conséquences."

La thèse de la préparation de quoi que ce soit est aberrante.

Emmanuel Spano

Avocat de Jean-Marc Reiser

Aux jurés, il lance : "J'espère que vous avez le courage du doute." Emmanuel Spano revient lui sur les faits, arguant que les différents examens scientifiques réalisés corroborent la version de son client. "Monsieur l'avocat général, pourquoi dites-vous qu'il ment si vous n'en avez pas la preuve ?"

"La thèse de la préparation de quoi que ce soit est aberrante. Elle n'a ni queue ni tête et elle fait partie de la construction du mythe autour de Jean-Marc Reiser." Le 29 juin au matin, l'accusé aura l'occasion de s'exprimer une dernière fois. Le jury délibèrera dans la foulée.

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