REPLAY. "Des mots qui restent" où comment les langues de l'enfance, même disparues, résonnent toute la vie

Ce sont des histoires de langage, de langues et de dialectes. Tous ces sons qui sont perçus dans l'enfance, porteurs de sens ou non. A travers des exemples de dialectes judéo-arabes, judéo-persans ou judéo hispaniques, voici les témoignages de personnes marquées par les parlers de leur jeunesse.

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Ils ont en commun d'avoir entendu ou acquis dans leur enfance des dialectes parlés par des communautés juives, répandues dans le bassin méditerranéen et en Europe de l'Est. Des dialectes très différents les uns des autres, sortes d'hybrides des langues des pays d'accueil (espagnol, grec, français, langues arabes...) de yiddish et d'hébreu. Seul point commun, tous ces idiomes sont écrits en lettres hébraïques. Et chacun des témoins a été marqué à sa manière par ces dialectes presque tous disparus aujourd'hui. 

Voici trois bonnes raisons de voir Des mots qui restent, un documentaire de Nurith Aviv, qui avait déjà réalisé Yiddish en 2020. Le replay à retrouver ci-dessous.

1.  Pour tous ceux qui n'ont eu qu'une seule langue maternelle

Et qui ne peuvent pas comprendre la richesse des apports linguistiques. Quand un enfant entend plusieurs langues dans le cercle familial, ou dans son cercle élargi par l'école et les activités religieuses, il structure sa pensée en fonction de toutes ces différences linguistiques.

Ainsi, Line a toujours parlé le "hakétia" à la maison. Un dialecte judéo-espagnol. "C'est la langue qu'ont conservé les Juifs en quittant l'Espagne quand les Espagnols les ont expulsés." Sa famille est déplacée. "En émigrant au Maroc, on a mis de plus en plus d'arabe dans le hakétia." Et de fil en aiguille, de sonorités en ajouts, la langue se met à chanter différemment. Et les pensées avec, suivant coutumes et traditions, gastronomie et mode de vie.

2. Pour comprendre les mélanges des langues

Un des points communs à tous les témoins du documentaire, ce sont les déplacements, les migrations. Aldo Naouri, est né à Benghazi, alors colonie italienne en actuelle Libye. Sa mère parle le judéo-libyen, une variante du judéo-arabe, qui contient des mots ottomans, éthiopiens, maltais et hébreux. Mais en 1942, Mussolini fait expulser sa famille vers le territoire français le plus proche, c'est-à-dire l'Algérie. Là, on parle l'arabe algérien et le français. Mais sa mère ne veut pas s'adapter et continuer d'échanger dans sa langue. Ce qui donne lieu à confusions et quiproquos; le lot de tous les migrants. Ce qu'elle traduira par "une langue, ça peut tuer ou ça peut faire vivre."

Le replay : 

3. Parce qu'une langue, ça inclut ou ça exclut

Jonas Sibony s'est vu transmettre l'amour des langues : la famille de sa mère, qui venait de Pologne, parlait le yiddish. La famille de son père venait du Maroc mais ne parlait pas l'arabe. Le français était la langue commune. Mais le grand-père de Fès parlait l'arabe et la grand-mère de Casablanca s'exprimait en espagnol. Le reste de sa famille Marocaine avait pour langue maternelle le judéo-arabe, l'arabe des Juifs, comme disent alors les Arabes. 

Tout un environnement qui se construit dans des valeurs d'échanges, de partage des mots et de tolérance. On comprend mieux le parcours de Jonas qui devient à son tour transmetteur de langues à l' Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Il contribue ainsi à faire perdurer des langues vouées à disparaitre faute de locuteurs, de gens qui les utilisent dans la vie courante.

Quant à Anna Angelopoulos, née à Salonique, l'usage de a langue maternelle de sa mère sert à l'éloigner du drame familial. Ce qui se transformera en une autre manière de susciter l'intérêt pour les langues : Anna devient traductrice pour le Parlement européen.

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