Les salariés du site Heineken de Schiltigheim organiseront mardi 14 février une marche jusqu'au siège du Parlement européen à Strasbourg. Objectif : faire valoir leurs revendications après l'annonce de la fermeture de l'usine dans trois ans.
Les salariés du site Heineken de Schiltigheim continuent leur mobilisation. Après neuf jours de grève en janvier, ils préparent une marche mardi 14 février jusqu'au Parlement européen. Ils veulent obtenir de meilleures conditions de reclassement et de départ, suite à la décision prise par la direction de la brasserie de fermer le site dans trois ans, mettant sur le carreau 220 personnes.
Contactée par France 3 Alsace, la direction réaffirme de son côté être pour le dialogue social. Elle indique que les négociations se dérouleront jusqu'au 2 mars, en espérant qu'un accord collectif soit signé. Cet accord répondrait, selon elle, aux attentes. Il propose notamment une prime de continuité de l'activité de 400 euros pas mois jusqu'à la fermeture, qui serait prise en compte pour calculer les indemnités de licenciement. Des mesures de reclassement externes et internes sont aussi prévues ainsi que des congés de transition professionnelle. La direction précise toutefois qu'en l'absence d'accord, le plan de sauvegarde de l'emploi sera moins nettement moins intéressant.
Laurent Erbs, délégué syndical CGT, explique les raisons de la manifestation prévue mardi à partir de 11h.
Où en est la mobilisation ?
"Elle est montée en puissance. Avant, c'était un petit groupe, à la fabrication dont je fais partie, qui était mobilisé. Là maintenant, c'est tout le site qui s'est mis à l'arrêt. À un moment donné, je pense qu'on ira au choc frontal avec la direction pour qu'elle comprenne qu'on ne fera pas un plan social low cost. Nous ne sommes pas des salariés de deuxième zone. À un moment donné, il faut que les gens puissent partir dignement, avec des reclassements et un futur. Là, on est dans le brouillard. Si la direction ne veut pas nous entendre, et bien, nous durcirons le ton."
Quelles sont vos revendications ?
"C'est partir dignement. Heineken veut nous garder trois ans en otage pour faire leur volume, pour faire leur bénéfice et ça, c'est inacceptable. Aujourd'hui, en 2023, il y a du travail, il n'y a pas de souci, mais est-ce qu'en 2026 il y en aura encore ?".
Donc qu'est-ce qu'elle représente la manifestation de demain ?
"C'est juste pour leur montrer que nous, on ne lâchera pas le morceau et on ira jusqu'au bout avec la direction. On est déterminé, on est là, solidaire. Nous sommes unis comme on ne l'a jamais été et il y a une osmose qui est en train de se créer entre l'ancienne et la nouvelle génération, ça, c'est quelque chose. C'est une vague, un tsunami."
Vous pensez que vous pouvez faire reculer la direction ?
"Non, mais la question n'est pas là. Le problème est que vous allez travailler pendant trois et que dans trois ans, vous serez à la rue. Les jeunes n'ont pas d'avenir ! Avec le covid, on a volé deux ans à la jeunesse. Là, on va encore leur voler trois ans. Ils ne pourront pas dire 'on va se marier ou acheter un appartement', ils n'ont aucune perspective. Et ce que Heineken veut, c'est qu'on reste trois ans. Si vous partez avant, vous partez avec rien. Nous demandons à la direction de nous donner ce que nous demandons, de l'argent et des reclassements."
"On ne peut pas traiter les gens comme ça, parce que Monsieur Heineken, il décide que voilà un moment donné... Non non, c'est le 49-3 sur le plan social. Je pense que par notre lutte, par notre bataille, la jeune génération doit voir qu'on peut encore se battre pour quelque chose."