Agriculteurs en colère : des centaines de tracteurs bloquent l'autoroute M35, le trafic fortement perturbé pendant 24 heures autour de Strasbourg

Insatisfaits des annonces du gouvernement, les agriculteurs bloquent à nouveau l'autoroute M35 à Strasbourg à partir de ce mardi 30 janvier 15h. De fortes perturbations de circulation sont à prévoir pendant plus de 24 heures. La préfecture appelle à éviter le secteur.

La colère ne faiblit pas. Malgré les annonces de Gabriel Attal vendredi, le mouvement de protestation des agriculteurs continue en Alsace. Des centaines de tracteurs, entre 500 et 600, bloquent à nouveau l'autoroute M35, au niveau de la nécropole Cronenbourg à Strasbourg, depuis la fin d'après-midi du mardi 30 janvier. Et ce, pour au moins 24 heures. En fin de journée, environ un millier d'agriculteurs sont présents, plus nombreux et mieux préparés que la semaine dernière. Plus de 400 tracteurs avaient pris leur quartier sur l'autoroute de Strasbourg pendant 24 heures mercredi 24 janvier

Ils sont venus de l'ensemble du département, à l'appel de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs. Ils sont plus nombreux que lors de leur première mobilisation. Et camperont toute la nuit, au moins. 

"On veut montrer qu'on est là. On a des salaires misérables, donc aujourd'hui, il faut qu'on y arrive", assure Guillaume Kelhetter, membre du syndicat des Jeunes Agriculteurs avant d'arriver. "On en a marre. L'agriculture, elle coule. Les charges explosent, les prix chutent, les normes sont de plus en plus contraignantes", martèle un autre.

Le discours de politique générale prononcé par Gabriel Attal, un peu plus tôt dans la journée, n'a, semble-t-il, pas trouvé d'écho favorable. "Bien évidemment, on n'a pas eu le temps d'écouter, avec la manifestation et le dispositif à mettre en place. Mais les retours que j'ai ne sont pas très positifs, a expliqué au micro de France 3 Alsace Dominique Daul, éleveur et membre du bureau de la FDSEA 67. Il faut toujours débriefer, regarder ce qu'il y a derrière. On verra. Mais j'ai de fortes craintes que nous ne soyons pas très contents ce soir. J'espère qu'il y aura d'autres annonces dans la semaine".

Les premiers convois de tracteurs ont été signalés en début d'après-midi. Des bouchons ont été constatés du côté de Roppenheim vers 13h20. Une trentaine d'engins a aussi manifesté devant le supermarché Leclerc de Marmoutier. Vers 15h30, les perturbations se sont concentrées sur les secteurs de Furdenheim, Hœrdt, le péage de Schwindratzheim et la Vigie, avec la convergence des différents convois vers la M35. Vers 17h, de nouveaux bouchons se sont formés depuis Reichstett, Illkirch-Graffenstaden et Hautepierre. Une heure plus tard, d'autres bouchons ont été constatés à Schiltigheim et au niveau de la prison de l'Elsau. 

Ces importantes difficultés de circulation engendrées par ce blocage pourraient se poursuivre jusqu'à jeudi matin sur les axes qui rejoignent Strasbourg et autour de l'Eurométropole.

La préfecture avait annoncé que la M35 serait fermée à partir de 14 heures et que des déviations seront mises en place. Elle recommande d'éviter le secteur et de suivre les déviations. Comme la semaine dernière, la dernière sortie en provenance du nord sera celle du marché-gare. Pour ceux qui arrivent du sud, il faudra sortir direction M351 au niveau de la sortie Porte Blanche. 

Les agriculteurs ont donc décidé donc de remettre le couvert ce mardi, insatisfaits des annonces faites par Gabriel Attal vendredi

En raison de la manifestation, la CTS indique que des perturbations du fonctionnement de certaines lignes de bus et du service Flex'hop sont possibles jusqu'à mercredi.

Une autre mobilisation a eu lieu à Sélestat, organisée cette fois par la Confédération rurale. Une cinquantaine d'agriculteurs ont manifesté devant le parvis de la gare, sans blocage. "On partage le même constat, cette colère, on la ressent aussi, mais on ne porte pas les mêmes solutions", a expliqué Pierre-Luc Laemmel, porte-parole du syndicat. 

"Il n'y a rien de concret"

"On est très, très mécontents", s'exclamai Franck Sander, le président de la FDSEA 67, lundi 29 janvier au micro de France 3 Alsace. "On nous a fait de beaux discours, mais il n'y a rien de concret. Rien sur les prix, rien sur les perspectives pour les éleveurs, rien sur les normes, rien sur notre compétitivité, c'est du vent (…) Notre syndicat national, la FNSEA a fait 120 propositions concrètes, et Gabriel Attal ne les a pas reprises."

Le président du syndicat majoritaire en Alsace est extrêmement remonté depuis les annonces du Premier ministre. Il assure que dans le Bas-Rhin, les membres de son syndicat sont déterminés à poursuivre la lutte. Aussi longtemps qu'il le faudra, jusqu'à ce que le gouvernement les écoute vraiment.

"Ils veulent jouer, nous, on ne joue pas", martèle-t-il. "Gabriel Attal n'a pas pris la mesure de notre détresse. Quand des milliers d'agriculteurs sont dans la rue, il faut se poser les bonnes questions. On attend des actes, et les actes ne sont pas au rendez-vous. " 

"Ce n'est pas le moment de céder"

La FDSEA entend donc maintenir une pression maximum sur le gouvernement. Frank Sander s'attend même à plus de manifestants que leur de leur dernière action. "Il y aura autant de tracteurs, ou un peu moins, mais le double du monde sur place. Maintenant, on connaît les lieux, donc les agriculteurs vont pouvoir se relayer, le père, le fils, le voisin… Il y aura de la relève."

Les tracteurs convergeront vers Strasbourg mardi en fin de matinée et se retrouveront à 15 heures sur la M35. Le syndicat des Jeunes Agriculteurs du Bas-Rhin est partie prenante de cette action. Et confirme que son "réseau est assez remonté, même plus que la semaine dernière." 

Comme précédemment, l'idée est de pouvoir tenir un peu plus de 24 heures sur place. Mais surtout, à plus long terme, de répéter l'opération aussi longtemps que nécessaire pour se faire entendre.

"Pour ne pas nous faire avoir, on s'organisera pour revenir régulièrement, assure Franck Sander. "On sera en capacité de maintenir la pression, ce n'est pas le moment de céder. Et on fera différemment, s'il le faut."  

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