Bas-Rhin - Bébé secoué : le père d’Axel, 5 ans, handicapé, gravit le Mont Blanc "en hommage" à son fils

Chaque année, environ 200 cas de bébés secoués sont recensés en France. Un syndrome dont a été victime Axel Puviland, 5 ans, originaire de Dambach-la-Ville. Ce mardi 8 septembre, son père lui a rendu hommage au sommet du Mont Blanc.
 

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Au moment où cet article est rédigé, Emmanuel Puviland est en train d’enfoncer ses chaussures dans un épais manteau blanc, plongé dans le silence particulier des hauteurs, accentuant chaque pas, pour être certain de réussir son défi. Accompagné d'un ami et d'un guide, ce père de famille originaire de Dambach-la-Ville (Bas-Rhin), a pris le départ ce mardi 8 septembre pour affronter une montagne. Et pas n’importe laquelle. Le Mont-Blanc, qu’il s’est mis dans la tête de gravir en février dernier. "Il a eu 40 ans en février et il s’est dit : il faut que je fasse quelque chose en hommage à Axel", raconte sa femme, Sophie Puviland.

Axel, c’est leur fils, 5 ans. Il est atteint d’une infirmité motrice cérébrale depuis qu'il a été victime du syndrome du bébé secoué.  Un traumatisme crânien extrêmement grave qui lui a été infligé alors qu'il avait 4 mois et qu’il était en garde chez sa nounou. Cette dernière a été condamnée à 5 années de prison, dont 2 années de sursis, en Mai 2019 par la cour d’assises du Haut-Rhin.

C’est pour lui que "Manu" a décidé de relever le challenge d’atteindre 4.808 mètres. Trois jours d’aventure pour lesquels l’ingénieur, plus habitué aux espaces confinés qu’aux grandes étendues blanches, s’est entraîné quotidiennement en pratiquant le vélo et la course à pied.
 


"Gravir 4808 mètres  n’est rien à côté du parcours que nous traversons avec ma famille. Mon fils, lui, commence tout juste à faire quelques pas, au prix d’efforts indescriptibles",  avance-t-il.

Un pari physique, en essayant de surmonter la fatigue physique et la pression de l’altitude, là où le garçonnet mène un combat au jour le jour pour vivre le plus normalement possible. Pour acquérir "ne serait-ce qu’un peu d’autonomie", Axel enchaîne chaque semaine les prises de médicament, les rendez-vous médicaux et paramédicaux.

"C’est un combat de tous les jours que nous menons mon épouse et moi, pour permettre à notre fils d’être stimulé au maximum et d’avoir accès aux  meilleures thérapies qui peuvent l’aider  à progresser".
 
 

La difficile médiatisation du syndrome du bébé secoué

Lorsqu’il a atteint le sommet, après 6h30 d'ascension, Emmanuel Puviland a déployé une photo de son garçon, grimé en super-héros, sur laquelle figure également le logo de l’association Stop Bébé Secoué, chargée d’accompagner et de soutenir les familles touchées par le syndrome du bébé secoué.

"La dernière heure a été éprouvante. Le mental a pris le dessus, ainsi que l'objectif. C'est une grande fierté. C'est un hommage à mon fils et à ma femme également".  "Nous voulons inciter les gens à faire des dons. Il s’agit aussi de sensibiliser l’opinion publique sur le sujet», reprend Sophie Puviland. Un sujet, encore considéré comme tabou, dont l’évocation reste difficile. "On est encore surpris par le fait que les gens ne connaissent pas le SBS (syndrome du bébé secoué). Les jeunes parents ne sont pas toujours informés que ça peut arriver. La prévention est insuffisante. C’est une bataille que l’on mènera à vie."

Chaque année, on recense environ 200 cas de bébés secoués en France. 20% des nourrissons décèdent des suites de leurs lésions. Quant aux survivants, ils sont 75% à garder des séquelles lourdes. 

Pour continuer à alerter sur le phénomène, Emmanuel Puviland imagine déjà un prochain défi : gravir le Mont Rose, l'un des plus gros sommets de la chaîne des Alpes.
 
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