Bas-Rhin : les habitants de La Wantzenau prêts à se réunir au sein d'un collectif après les séismes

Michèle Kannengieser, maire de la commune de La Wantzenau, propose de créer un collectif de victimes suite aux séismes après les forages de Fonroche, fin 2020. "L'objectif du collectif est une action en réparation et préservation des intérêts des habitants." Près de 300 dossiers déposés.

Dans la commune de La Wantzenau (Bas-Rhin), particulièrement touchée par une série de tremblements de terre dus aux essais de géothermie profonde de l'entreprise Fonroche, fin 2020, près de 300 déclarations de sinistres ont déjà été déposées par les habitants. Mais les indemnisations semblent encore très incertaines. Pour cette raison, la maire de la commune, Michèle Kannengieser, a organisé une réunion dimanche le 17 janvier, intitulée "Les conséquences de la géothermie : que faire maintenant?" et créé un collectif pour réunir toutes les victimes, afin de les aider à mieux se défendre.

"Ce n'est pas du lobbying contre la géothermie" assure la maire. "L'objectif de ce collectif est une action en réparation et la préservation des intérêts des habitants." En clair : permettre aux habitants de La Wantzenau (voir carte ci-dessous), dont les maisons ont subi des dégâts lors des divers séismes de ces derniers mois, d'être indemnisés.

Car en matière de construction et de procédures d'indemnisation par les assurances, la maire en connaît un rayon. "Je suis issue du bâtiment" explique l'ex-directrice générale de SBE INGENIERIE, un bureau d’études spécialisé en économie de la construction. Au vu de la situation actuelle, elle exprime "des doutes" quant à la réelle "solvabilité de Fonroche", et veut tout faire pour éviter que ses concitoyens se retrouvent avec des indemnisations au rabais.

Les expertises des dégâts par Fonroche se font attendre...

"Fonroche n'a plus le même engouement pour répondre aux gens." nous confie la marie de la Wantzenau. "Au point que les experts qui s'étaient manifestés au début (après les dégâts du premier séisme) ne donnent plus signe de vie. Pour l'instant, il n'y a aucun rapport d'expertise" regrette-t-elle. Plus grave pour elle : "Les fissures reliées au tremblement de terre survenu le 4 décembre n'ont pas vraiment été expertisées."

L'élue affirme n'avoir aucune idée du volume global de sinistres que Fonroche aurait mis en place avec son assureur, d'où sa crainte : "Si Fonroche ferme ses portes, l'assureur va payer tous les sinistres dans la période de validité de son contrat. Mais s'il y a une évolution préjudiciable des dégâts par après, il y a un risque de ne plus y avoir de solvabilité." En outre, elle trouve étrange que "Fonroche n'accepte plus de réclamations après fin janvier. De quel droit un auteur de dommages dicte-t-il ainsi les délais ?" s'interroge-t-elle.  


Michèle Kannengieser se fait l'interlocuteur de ses concitoyens dont précise-t-elle "beaucoup de personnes âgées sont dépassées par la situation." D'autant plus que pour certains, les dégâts sont énormes. Ainsi un habitant lui a présenté un devis de 30.000 euros pour réparer le sous-bassement de sa maison. "Par ailleurs, beaucoup de maisons sont fissurées et quand l'eau et la neige pénètrent dans ces interstices, elles ne sont plus étanches." s'inquiète-t-elle.

...et quand elles ont lieu, les victimes sont circonspectes

Un des habitants qui a découvert des fissures à l'intérieur et à l'extérieur de sa maison, après le séisme du 4 décembre dernier, a eu la visite d'un expert Fonroche ce mardi 19 janvier. "Il est venu en même temps que l'expert de mon assurance. Mais après ses déclarations orales, je ne suis pas très confiant pour la suite des évènements... L'expert de Fonroche m'a demandé si je pouvais apporter la preuve que les fissures n'existaient pas avant le séisme. Evidemment on prend rarement les coins de ses plafonds en photos... Pour la fissure sur la façade de la maison, il m'a dit que cela pouvait être une ancienne fissure qui s'est élargie, à cause de la dilation du toit ou d'autres matériaux..." 

Un collectif, en attendant un compte-rendu précis de tous les dégâts 

Pour ne pas laisser ses concitoyens seuls avec leur dossier, Michèle Kannengieser veut organiser une table-ronde en mars : "Une grand-messe où on fera le tri". Ce sera une rencontre entre des experts et des avocats, où tous les habitants concernés pourront venir avec leurs devis." Le but sera d'examiner tous les documents en détail, pour avoir une vraie vision des dommages, qui sont importants. Et, plus fondamentalement, pour préserver le futur de la commune. En attendant, elle a lancé l'idée de ce collectif, auquel les personnes concernées peuvent s'inscrire par mail. Plus de 70 l'ont déjà fait, et elle est certaine que l'ensemble des victimes s'y joindront rapidement. Ainsi que les autres communes touchées par les séismes, Reichstett, Vendenheim, Kilstett, Gambsheim et Herrlisheim. "Tous ont intérêt à entrer dans le collectif pour diminuer les frais" estime-t-elle. La ville de Kehl en Allemagne, située à une quinzaine de kilomètres de la Wantzenau, incite également ses habitants, dont les maisons ont subi des dégâts lors des différents séismes, à se signaler au plus vite.

Quelles responsabilités pour l'Etat?

Si la maire de La Wantzenau veut que Fonroche assume et dédommage les propriétaires des habitations impactées par les séismes, Michèle Kannengieser considère aussi que l'Etat a des responsabilités. "C'est lui qui a demandé ces travaux de géothermie, puis les tests suite aux premiers séismes (tests responsables des derniers séismes)il doit aussi s'asseoir autour de la table pour indemniser les victimes." D'où sa demande à la préfecture de classer ces tremblements de terre en catastrophe naturelle, même s'ils ne le sont pas en réalité, afin de permettre de modifier le type d'indemnisations et pallier le risque d'insuffisance de capitaux assurés. Pour l'instant, cette demande s'est heurtée à un refus de la préfète Josiane Chevalier. Mais la maire de La Wantzenau compte revenir à la charge, pour "organiser des filières solvables."

Côté séquelles psychologiques, la maire de la ville constate un dommage important chez ses concitoyens : la peur. "Quand on se couche le soir" explique une des victimes "on se demande s'il y aura une nouvelle secousse dans la nuit." Un traumatisme qui s'est installé dès le premier tremblement de terre à la Wantzenau, et qui n'a pas quitté les habitants de la commune depuis. 

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