Près de 10 mois après le début du mouvement, les Gilets jaunes font leur rentrée. Ils étaient plus d’une centaine, ce dimanche 8 septembre, réunis à Dannemarie (Haut-Rhin) pour tenter de repartir du bon pied. Nous avons posé quelques questions à l’un d’entre eux.
Après un été plutôt silencieux, plus d'une centaine de gilets jaunes venus de tout le Grand-Est se sont retrouvés ce dimanche 8 septembre à Dannemarie pour une assemblée générale de rentrée censée sonner la mobilisation générale et la reprise des actions de terrain. L’un d’eux, âgé de 31 ans, haut-rhinois, sur les ronds-points depuis novembre dernier, a accepté de répondre à quelques questions.
Comment avez-vous passé l’été ?
Pour ma part, j’ai pris une semaine de vacances, parce qu’il faut bien souffler un peu. Être gilet jaune, c’est un investissement sur le long terme. L’été a été calme pour le mouvement, mais nous sommes restés mobilisés. Nous avons notamment travaillé à la recherche de propositions pour arrêter de n’être que dans la contestation. Il faut que nous puissions aussi apporter nos idées. Quand on dit qu’il faut supprimer le capitalisme, d’accord, mais on le remplace par quoi ? Nous devons être dans le dialogue, l’explication et la pédagogie pour être plus audibles. On a parfois l’impression que les gens ne comprennent plus qui on est, où on va, ce que l’on fait.
Est-ce que ça veut dire que vous allez vous réinventer ?
En tout cas, il faut peut-être enlever le gilet jaune. Il nous a permis d’être vus, de nous faire connaître, mais aujourd’hui, nous essuyons des commentaires assez durs. Or, nous voulons fédérer davantage, sortir de la logique "d’étiquette", s’ouvrir plus largement avec plus d’assemblées citoyennes. Nous devons aussi revenir à l’essentiel. Arrêter de nous disperser sur un tas de sujets. Le pouvoir d’achat, les retraites, la justice sociale, restent nos cibles principales et c’est ce sur quoi nous devons travailler.
On vous a notamment beaucoup reproché le manque de prises de position concernant les violences en marge des manifestations…
Beaucoup de gilets jaunes sont pacifistes. La casse est dommageable mais il y en a toujours eu. Et on constate que c’est ce qui fait réagir le gouvernement. En tout cas, les débordements et les blessés recensés ces derniers mois ont fait peur. Ça explique en partie les mobilisations de plus en plus faibles.
Comment allez-vous remobiliser ? Croyez-vous vraiment en la reprise du mouvement ?
Oui, la colère est toujours là. Les gens ont envie de s’exprimer. Quand on voit les réformes prévues par le gouvernement, on ne peut pas rester inactifs. Tout a commencé en novembre l’année dernière. Certes, la mobilisation a faibli avec les beaux jours, mais pendant tout l’hiver, les gens ont répondu présents, ils ont essuyé la période la plus dure, ils se sont fatigués. On est dans le creux de la vague, mais demain, c’est peut-être un tsunami qui va arriver. L’idée, c’est aussi de se structurer davantage. Certains créent des associations, d’autres des partis contre-politiques. Il faut avant tout fédérer et mobiliser.
Votre discours a l’air bien rodé. Les municipales sont-elles en ligne de mire ?
Pas à notre niveau. A Dannemarie, nous ne sommes pas prêts. mais ailleurs en France, certains gilets jaunes pensent à se présenter oui. Ça dépend de l'ampleur des mobilisations et de l'attrait pour nos propositions. Ceux qui se sentent lassés de la politique politicienne peuvent s'y retrouver. Les municipales, c'est la base du pouvoir. Ça nous permettrait de gravir les échelons. Il y a des chances pour que des gilets jaunes arrivent à prendre des mairies.Si vous aviez un message à adresser au gouvernement ?
Il doit comprendre qu’on ne peut pas vivre dans une société où l’argent est roi. Remettons l’humain au centre des préoccupations pour un monde plus juste, plus égalitaire.