Avec une caméra pour 800 habitants, Strasbourg figure parmi les villes les plus surveillées de France. Mais les 450 caméras installées dans l'Eurométropole font parfois l'objet de conflit entre élus et habitants, lorsqu'un système de vidéosurveillance est installé trop près de leur demeure, faisant craindre une atteinte à leur vie privée. On fait le point.

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Dans la rue, elles passent inaperçues. Mais en se concentrant un peu, les caméras de vidéosurveillance sont loin d'être invisibles. Omniprésentes dans certaines villes, absentes au sein de grandes métropoles... La vidéosurveillance fait débat partout en France. Et Strasbourg n'échappe pas à la règle.

Il y a 20 ans, l'Eurométropole gérait une quarantaine de caméras. Aujourd'hui, le SIRAC (service de l’information et de la régulation automatique de la circulation) et le centre de surveillance de la Ville doivent scruter les 450 caméras installées sur la voie publique 24h sur 24. Au grand dam de certains habitants, mécontents ou inquiets de voir apparaître cet outil de surveillance devant chez eux. Parfois juste sous leurs fenêtres.

Lorsque l'on ignore la portée des caméras, parfois orientées vers son intérieur, il est plutôt légitime de se poser la question d'une atteinte à la vie privée. Mais les caméras de surveillance installées dans la rue peuvent-elles filmer chez des particuliers ? Maxime Dupin, responsable du SIRAC, répond.

Les caméras de vidéosurveillance installées sur la voie publique peuvent-elles filmer l'intérieur des habitations ?

Maxime Dupin : En fonction des caméras, ça peut effectivement arriver qu'elles soient orientées vers des parties privatives. Mais à Strasbourg, chaque système de vidéosurveillance possède des restrictions. En gros, les caméras ont des masques qui empêchent aux zones privées d'être observées : les images montrant des parties privatives sont automatiquement floutées, il n'y a donc aucun risque que des particuliers soient filmés à leur insu... Les opérateurs du SIRAC, ou de la police municipale, qui ont accès à ces images pour mener des opérations de vidéoverbalisation notamment, ne peuvent donc pas voir l'intérieur de votre maison.

Les particuliers inquiets par la situation peuvent-ils demander à voir ces images ?

M.D : Les personnes peuvent demander à voir les images de caméras de surveillance uniquement si elles se trouvent dessus. À partir de là, on engage les mêmes procédures que lorsque l'on se trouve sur la voie publique. Les particuliers peuvent formuler une demande à la métropole, ensuite, on vérifie si les personnes figurent sur la vidéo et, si c'est le cas, on leur met à disposition. Mais il faut savoir qu'à Strasbourg, nos images de vidéosurveillance sont automatiquement supprimées au bout de 4 jours.

Recevez-vous régulièrement des plaintes ?

M.D : Les plaintes et les messages restent assez rares, mais c'est vrai qu'avec la loi Jeux-olympiques (qui autorise la mise en œuvre de solutions d'intelligence artificielle dans la vidéoprotection, NDLR) les habitants de la métropole nous ont envoyé plus de questions qu'à l'accoutumée, pour savoir ce qu'on mettrait en place.

Comment choisit-on les sites où installer une caméra ?

M.D : Les équipes du SIRAC et la police municipale font remonter les besoins en caméras sur l'espace public. On compile tout et trois fois dans l'année on organise une "commission vidéoverbalisation" composée d'élus de la métropole, qui permet de voir l'ensemble des demandes et de dire si oui ou non c'est pertinent d'en implanter à tel endroit. Mais ce ne sont que quelques caméras qui sont installées à chaque fois.

Quelles caméras peuvent éventuellement être retirées ?

M.D : Généralement s'il y a une contestation, on invite les habitants à prendre contact avec les services de la Ville, pour échanger et savoir ce qui cause problème. On essaie de répondre aux craintes que peuvent formuler les habitants, mais au-delà de ça, on peut toujours contester les choses au tribunal administratif.

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